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SECTION l : LA VALIDITE EMPIRIQUE DE LA RELATION DE PARITE DES TAUX D'INTERETS (P.T.I.).

La relation de parité des taux d'intérêts est, de toutes les relations d'équilibre, celle dont la vérification a fait le plus de progrès. Les premières études ont été effectuées dans le souci de montrer que cette relation n'était pas valide, con- formément à la théorie qui prévalait alors selon laquelle le cours

à terme se situait entre le cours qui aurait vérifié la PTI et le cours futur anticipé •

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L'étude la plus significative est celle de STOLL (1968). Celui-ci régresse la prime de change à terme du ~ canadien contre

1us

à un, trois et six mois pour les périodes de change flexible juin 1959-août 62, et de change fixe mai 1962-décembre

1964, sur la variation de change anticipée et le différentiel d'in- térêt. Il procède de même avec la livre Sterling pour la période de change fixe juin 1959-décembre 1964. Le cours anticipé est cal- culé comme étant égal à une moyenne géométrique des cours passés, avec des poids déclinants. Le différentiel d'intérêt est calculé

à partir des taux d'intérêts sur bons du Trésor dans chaque pays, pour les maturités considérées.

Les résultats ne permettent pas de rejeter l'hypothèse que le cours à terme peut être décrit par une moyenne pondérée du cours anticipé et du cours de la PTI.

Le pourcentage de variance expliquée (R2) est proche de 0,90 pour le Canada dans les deux périodes. On peut cependant remarquer que le coefficient du cours de la PTI est très proche de un (0,96 en moyenne). Le R2 est plus faible pour le Royaume Uni : 0,47 ; le coefficient du cours de la PTI est égal à 0,60.

Si l'on remarque que les développements théoriques récents ont montré que la PTI devait être valable lorsque le différentiel d'intérêt est calculé sur des instruments financiers de même ris- que, les résultats de Stoll semblent cohérents avec ces résultats théoriques. En effet il est concevable que pour un investisseur américain, les bons du Trésor canadiens présentent un risque semblable à ceux du Trésor américain, dans la mesure où le marché Nord américain est largement intégré, alors que ce n'est pas le cas pour les bons du Trésor britanniques.

Un test plus direct de la validité de la PTI lorsque les instruments financiers sont comparables en risque a été effectué par ALIBER (1973). Celui-ci a calculé l'erreur "prédictive"

moyenne et la variance du différentiel d'intérêt en dollar et en livre sur des eurodépôts et sur des bons du Trésor de Janvier

1968 à Juin 1970 (la durée des contrats n'est pas précisée). Dans les deux cas, l'erreur prédictive moyenne n'est pas signi- ficativement différente de zéro. Elle est cependant plus faible, ainsi que la variance, pour les eurodépôts. ALIBER en conclut que la prime de change à terme calculée sur eurodépôts reflète bien le coût de la couverture du risque de change, alors que la prime calculée sur dépôts domestiques reflète en outre le coût de la couverture du risque politique que représente la détention d'actifs à l'étranger (par Oppos1t1on avec des actifs simplement

libellés en devises étrangères).

Enfin dans une étude présentée à Relsinki en Août 1975, FRENKEL et LEVICR (1975) affinent les conclusions précédentes en considérant les coûts de transactions inhérents aux opéra- tions d'arbitrage. En effet, alors qu'ALIBER expliquait les différences entre prime à terme et différentiel d'intérêt par de (vraisemblables) erreurs sur les variables, FRENKEL et LEVICR remarquent que la PTl ne peut être vérifiée en pratique, du fait que l'arbitrage a un coût. A partir de cette remarque, les auteurs procèdent en deux étapes :

- les coûts de transaction sur les marchés des changes sont évalués par les déviations de l'arbitrage triangulaire au comptant et à terme pendant les périodes considérées. La procédure utilisée aboutit pratiquement à calculer l'écart moyen entre le cours offert et le cours demandé (avec plus de risques d'erreur que si cet écart était appréhendé directement). Les coûts de transactions sur titres financiers sont évalués à 1,25 fois la marge entre taux offert et taux demandé pendant les périodes considérées.

- dans un deuxième temps, les auteurs s'efforcent de déter- miner le nombre d'erreurs "prédictives" dont l'ampleur est infé- rieure au total des coûts de transaction impliqués par une opération d'arbitrage •

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Les périodes choisies sont: (1) Janvier 1962 - Novembre 1967, période de change fixe et stable (2) Janvier 1962 - Décembre 1969, période de change fixe et instable ; enfin

(3) Janvier 1973 - Avril 1974, période de change flexible. Les sources de données sont variables, mais concernent, pour les cours de change, soit des cours offerts, soit des cours milieu. Les coûts de transaction sur titres financiers sont faibles, mais différents selon que l'on considère l'arbitrage sur eurodépôts ou sur bons du Trésor.

Les coûts de transaction liés aux opérations de change passent de 1/8 % pendant la première période à 1.1/8 - 1.1/4

pendant la dernière période.

Le pourcentage d'erreurs prédictives dont l'ampleur est inférieure aux coûts de transaction est calculé pour les cours

~ 3

mois de la livre et du dollar canadien en dollar

us.

Ce pour- centage est proche de 100 pour l'arbitrage sur eurodépôts et varie entre 33 % et 100 % selon les périodes pour l'arbitrage sur bons du Trésor. Ainsi les auteurs semblent-ils confirmer que, lorsque le différentiel d'intérêt est calculé à partir

d'eurodépôts et en incluant les coûts de transaction, il est égal

à la prime de change. La validité de l'étude statistique effectuée peut cependant être mise en cause : il semble que les auteurs surestiment les coûts de transaction sur les opérations de change. En effet, l'arbitrage triangulaire a pour objet d'évaluer les coûts représentés par l'écart entre cours offert et demandé. Or, le coût d'un" swap" ne comprend même pas cet écart puisque les deux opérations, au comptant et à terme, se font sur la base d'un cours arbitraire, auquel est rajouté la prime à terme (pour

l'opération à terme). Si l'on retient cette objection (qui revient presque à contester l'existence d'un coût de l'arbitrage) le pourcentage d'erreurs inexpliquées doit s'accroître. Un tel ré- sultat ne saurait cependant correspondre qu'à des erreurs sur les variables, puisque la véritable vérification empirique de la PTl réside dans le fait que les cambistes l'utilisent pour calculer