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L’analyse de la photo aérienne (photographie 2.13) du secteur de Gourgouch laisse apparaître des linéaments majoritairement orientés N170°E à N030°E. Cette direction, N-S en moyenne et d’extension hectométrique voire kilométrique, est la seule à être systématiquement visible à cette échelle d’observation sur l’ensemble de la zone d’étude. La fracturation des dolomies du Bathonien-Oxfordien (figure 2.6) a été mesurée le long du chemin bordant le ruisseau de l’Isou (Cf. photographie 2.13) et les plans les plus fréquemment rencontrés sont les suivants : F1 : N050°E-40°NW ; F2 : N100°E-30°NE ; F3 : N170°E-50°SW et S0 : N095°E-70°SW.

Photographie 2.13 – Photographie aérienne [I.G.N., n° 23, 1994] du secteur de Gourgouch montrant les principales directions de linéament.

A l’affleurement, les dolomies sont découpées en bancs métriques par la première famille de

Source Gourgouch N Sommet de Moncaut Massif du Jaout 300 m Pisciculture Source Gourgouch N Sommet de Moncaut Massif du Jaout 300 m Pisciculture

sources de faible débit émergent des dolomies, recouvertes d’épaisses formations travertineuses et s’écoulent en surface le long des discontinuités orientées N040°E à N050°E.

Figure 2.6 - Projection stéréographique (canevas de Wulff, hémisphère inférieur) de la stratification et des principales familles de fractures dans les dolomies du Bathonien-Oxfordien du secteur de Gourgouch (n = 43).

F1 : famille 1, N050°E-40°NW ; F2 : famille 2, N100°E-30°NE ; F3 : famille 3, N170°E-50°SW et S0 : plan moyen de stratification, N095°E-70°SW.

Dans le cadre de sa thèse, Klarica [1997] a mené dans cette zone de la vallée d’Ossau, une étude précise de la fracturation du massif karstique du Jaout (2 km au sud du secteur de Gourgouch) dont les principales conclusions sont reprises ci-après. L’étude du réseau fissural du Jaout a été faite à plusieurs échelles, de l’observation des images satellites à l’analyse des affleurements sur le terrain. A partir des images satellites SPOT et des photographies aériennes, un grand nombre de linéament (810 au total) est ainsi mis en évidence : une première N090°E à N110°E de faible extension, une deuxième plus importante variant de N140°E à N160°E, affectant l’ensemble du massif et une troisième N020°E à N040°E d’extension kilométrique. Les données de terrain concernent les formations des calcaires urgoniens et des marnes de l’Albien. Klarica discerne trois familles directionnelles majeures de l’ensemble de ses mesures (971 au total sur l’ensemble du massif) : N000°E, N050°E et N160°E. Les pendages mesurés ont la particularité de plonger vers l’ouest avec des valeurs relativement fortes. Les discontinuités orientées favorablement ont donc leur importance dans la direction des écoulements régie en priorité par le gradient hydraulique ; les émergences de la partie occidentale du massif du Jaout sont toutes situées en vallée d’Ossau [Klarica, 1997].

F1

S0 F2

F3 Mesure non prise

en compte

F1

S0 F2

F3 Mesure non prise

en compte Dolomies du Bathonien-Oxfordien

Photographie 2.14 – Partie nord du massif karstique du Jaout surplombant le village de Béon en rive droite du Gave d’Ossau.

Les observations réalisées par Klarica sur le massif du Jaout sont donc cohérentes avec celles du secteur de Gourgouch, les formations du Crétacé et du Jurassique sont fracturées par les mêmes familles de discontinuités. La photographie 2.14 montre la partie nord du massif du Jaout (sommet du Porte de Béon) constituée des calcaires urgoniens. La morphologie globale du karst de la vallée d’Ossau n’est pas sans rappeler celle du système karstique de la Fontaine d’Orbe à Arette, les familles de fracture F1, F2 et F3 découpent les massifs à l’identique.

1.5 - Conclusions

L’observation des discontinuités à l’échelle des photos aériennes se confirme à celle de l’affleurement. L’ensemble des mesures de fracturation (976 au total) réalisées dans le secteur des sources d’Orbe, de l’Ourtau, des Mourtès et de Gourgouch présente une certaine homogénéité et ce, quelles que soient les formations géologiques rencontrées (des calcaires du Lias aux marnes de l’Albien). Trois familles majeures de fracture ont ainsi été mises en évidence (gamme des valeurs mesurées pour les quatre sites) :

N S Famille 1 : N030°E-85°NW Famille 2 : N150°E-40°NE Famille 3 : N100°E-40°SW Vallée d’Ossau Le Port de Béon N S Famille 1 : N030°E-85°NW Famille 2 : N150°E-40°NE Famille 3 : N100°E-40°SW Vallée d’Ossau Le Port de Béon

De plus, l’analyse des directions de fracturation à partir de la carte topographique à 1/25 000 sur l’ensemble des chaînons met très clairement en relief les trois failles citées ci-dessus (Cf. annexe n°4) ; le groupe F1 demeure néanmoins le plus persistant et le plus évident. Ces fractures découpent littéralement les reliefs carbonatés et forment des vallées encaissées (Vert d’Arette et de Barétous, Aspe et Ouzom à l’est) au fond desquelles coulent des torrents dont les méandres suivent régulièrement les directions de fractures F1, F2 et F3.

Il existe de nombreux autres plans de discontinuités mais les trois familles décrites ci-dessus influencent fortement les structures intérieure et extérieure des massifs rocheux locaux. En effet, certains réseaux karstiques, explorés et répertoriés par les spéléologues tel que le gouffre d’Héougacère dans le massif de Lazerque (Cf. figure 2.3), semblent s’être développés et organisés le long de ces plans de discontinuités majeurs.

L’intersection des plans de fracture et de stratification engendre des directions de drainage préférentielles des eaux météoriques qui permettent la dissolution en profondeur des massifs rocheux carbonatés Jurassique et Crétacé. Ces fractures, d’extension métrique à kilométrique, confèrent ainsi aux chaînons béarnais un paysage caractéristique (photographie 2.7, photographie 2.9 et photographie 2.12).

Par ailleurs, à partir d’une étude microtectonique régionale [Hervouët et al., 1996], les différentes familles de fractures définies ont été rattachées à un événement tectonique de l’histoire des Pyrénées. Ainsi, la famille d’orientation subméridienne est issue de la phase extensive est-ouest (ou NW-SE) du Jurassique Supérieur alors que les familles N020°E à N040°E et N140°E à N160°E résultent du système de décrochements conjugués mis en place lors de la compression majeure pyrénéenne. La plupart des plans de fractures existant rejouent par le biais de mouvements gravitaires récents (phase d’extension multidirectionnelle d’altitude) et par l’épisode de raccourcissement NW-SE, débuté probablement à l’Oligocène et qui se poursuit actuellement [Hervouët, 1997]. De plus, les fractures tectoniquement actives étant préférentiellement karstifiées [Quinif et al., 1997], il devient donc évident que les massifs carbonatés constituant les chaînons béarnais soient des systèmes karstiques très actifs qui se développent constamment.

2 - GEOPHYSIQUE

2.1 - La prospection géophysique appliquée à

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