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Un rapport de l’OCDE récent (Schleicher, 2018) développe l’idée qu’un enseignement plus efficace nécessite un haut niveau de bien-être, un sentiment d'efficacité et de confiance des

enseignants (Schleicher, 2018, 90). Les résultats du dernier programme PISA montrent que les

systèmes éducatifs les plus efficaces sont ceux où la société accorde une grande importance aux

enseignants (e.g., la Finlande et l’Estonie dans le rapport OCDE de Schleicher, 2018 ; Agasisti,

2018). Ainsi, dans un chapitre, Schleicher (2018) propose explicitement aux chercheurs de

travailler sur le bien-être des enseignants. Il explicite à quel point il est surprenant que les

recherches sur ce sujet restent limitées au vu de l’importance du bien-être des enseignants pour

le modèle éducatif en totalité. À cet égard, l’OCDE a prévu de créer une fondation de

compréhension empirique sur les conditions de travail et les caractéristiques particulières des

enseignants pour le relier à leur bien-être en 2021. Ce programme étudiera de manière

longitudinale comment le bien-être des enseignants est associé à la qualité de l’enseignement

et aux résultats scolaires des élèves. Il semble donc que, « la valeur de l’école dépend de la

qualité professionnelle de ceux qui y travaillent. » (Dubet et Duru-Bellat, 2015, 39).

De fait, le rôle de l'enseignant dans le processus éducatif est indiscutable et son

bien-être au travail tout comme sa « longévité au travail » sont éminemment d’actualité. Ainsi, il est

écrit dans les deux guides officiels de préconisations « Agir sur le climat scolaire à l’école

primaire »(2013) et « Agir sur le climat scolaire au collège et au lycée » (2014) qu’agir sur le

climat scolaire améliore le bien-être des enseignants. Ainsi, agir sur le bien-être des enseignants

semblerait aussi impacter le climat scolaire. Dans ce contexte, ce n'est pas une surprise que le

stress et le bien-être des enseignants soient devenus un sujet prioritaire dans le monde de

l’enseignement et que des travaux de recherche se développent sur cette thématique. Par

conséquent, le 8

ème

congrès international de l’OCDE et de l’« International Éducation » sur la

profession enseignante s’est tenu en mars 2018 avec un des objets d’étude centrés sur le

bien-être des enseignants, leur efficacité et leur efficience. Le rapport de ce congrès va dans le sens

des travaux sus-cités. En conséquence, de nombreux pays ont saisi le virage et le bien-être des

enseignants devient une priorité dans les politiques publiques (Canada, Danemark, Singapour,

Finlande).

4.2.2 L’interdépendance du être des enseignants et du

bien-être des élèves

Au vu du propos liminaire de ce travail, le bien-être à l’école est déterminant à la fois

pour les élèves et pour les enseignants. Les résultats de l’étude PISA de 2017 (sur le bien-être

des élèves) montrent clairement que les enseignants jouent un rôle essentiel dans le bien-être

des élèves à l’école notamment en créant les conditions propices à leur propre bien-être. De

fait, la littérature sur l’effet professeur montre que le rôle de l'enseignant dans le processus

éducatif est indiscutable. Dès lors, les plus-values du bien-être au travail des enseignants sont

au centre du processus éducatif. Par ailleurs, le rapport de 2018 met en avant que la promotion

du bien-être psychologique des enseignants à l’école puisse favoriser la santé et le

développement socio-émotionnel de tous les élèves. À cet égard, le bien-être psychologique

semble important dans la littérature (e.g., De Chatillon et Richard, 2015) et sera considéré dans

cette étude.

Le bien-être des enseignants a notamment des impacts sur le comportement des élèves

et leurs performances (OCDE, 2014 ; Renshaw, Long et Cook, 2015 ; Schleicher, 2018). Les

propos de ces auteurs se basent sur le bien-être des enseignants comme le socle de cette

approche. L’intérêt pour cette focale, dans laquelle les enseignants font office de gouvernail

vers le bien-être est stipulée comme « croissante » dans la littérature récente (Hartney, 2016 ;

Schleicher, 2018, 89). Par ailleurs, ces travaux font état du malaise enseignant en France, un

« malaise » encore plus préoccupant. Par effet miroir, l’effet de ce bien-être/mal-être se ferait

ressentir sur l’apprentissage et le bien-être des élèves, mais aussi sur l’équipe pédagogique.

4.3 Une vision institutionnelle du bien-être à l’école : le climat scolaire

Dans les textes institutionnels, la notion de bien-être est souvent diluée avec celle de

climat scolaire (Murat et Simonis-Sueur, 2015). Or, le terme « bien-être » a été ajouté aux

circulaires de rentrée 2013, 2014, 2016 ou encore dans onze projets académiques sur vingt-six.

Cette avancée s’ancre dans le prolongement de réflexions issues du monde académique et des

grandes institutions internationales (UNICEF, OCDE, HBSC). Dans ces institutions, le

bien-être est envisagé comme une finalité éducative depuis 2010. Toutefois, dans les rapports de

l’éducation nationale, le concept est encore un objectif général (Nguyen, 2016). Les politiques

publiques le conçoivent encore comme un indicateur de performance et un agrégat du

développement personnel de l’élève (ibid.). Le champ de recherche du bien-être à l’école est

récent en France (Canvel et al., 2018). La dominante de l’utilisation de ce concept dans

l’éducation reste « la santé » et notamment l’aspect physique du bien-être. In fine, le terme est

souvent rattaché à l’éducation physique et sportive. Pour l’interrogé, en France, l’indicateur

principalement évalué est la qualité de la vie à l’école (Robin et Houdeville, 2013 ; Obin et

Daux-Garcia, 2015 ; Giraudeau et Chasseigne, 2015). Le climat scolaire est le facteur explicatif

le plus puissant dans l’impact sur la qualité de vie à l’école (MEN, 2013). En effet, un climat

scolaire et un climat de classe positif contribuent à développer certaines compétences sociales

et cognitives pour les élèves (ibid.). Ces dernières sont reconnues comme étant les objectifs

éducatifs de demain (Cachia et al., 2010) et favorisant le bien-être de toute la communauté

éducative (Fredrickson, 2013). En effet dans l’optique d’un climat scolaire positif, la dimension

collective est plus importante.

Le sentiment de bien-être est un indicateur de climat scolaire. Cependant, lorsqu’on

s’intéresse au climat, l’optique globale et générale du bien-être est interrogée en lieu et place

de l’approche individuelle et spécifique. Debarbieux (2015) précise que le climat scolaire n’est

pas seulement une mesure du « bien-être collectif » et de l’addition des niveaux différents de

« bien-être » de chaque individu composant un établissement.

Le climat scolaire est un ensemble d’indicateurs permettant une appréciation globale de

l’ambiance au sein d’une classe ou d’un lieu. En effet, « le climat scolaire renvoie à la qualité

et au style de vie à l’école. Le climat scolaire repose sur les modèles qu’ont les personnes de

leur expérience de vie à l’école. Il reflète les normes, les buts, les valeurs, les relations

interpersonnelles, les pratiques d’enseignement, d’apprentissage, de management et la

structure organisationnelle inclus dans la vie de l’école. » (School Climate Center

66

cité par

Debarbieux, 2012, 3). Le bien-être constitue un de ces indicateurs et in fine des relations

réciproques existent (Murat et Simonis-Sueur, 2015). Ainsi, un climat scolaire serein et apaisé

influence le bien-être de chacun (MEN, 2019, site Climat scolaire

67

). Le site Climat scolaire au

travers de guide « agir sur le climat scolaire au collège et au lycée »

68

coordonné par Veltcheff

a produit une fiche sur les rapprochements entre le bien-être des enseignants et le climat

scolaire

69

. Le cercle vertueux de l’approche souligne « l’amélioration du bien-être des élèves

66School climate refers to the quality and character of school life. School climate

is based on patterns of students, parents’ and school personnel’s experience of school life and reflects norms, goals, values, interpersonal relationships, teaching and learning practices, and organizational structures”. http://www.schoolclimate.org/climate/ consulté le 21 mai 2019.

67 https://www.reseau-canope.fr/climatscolaire/accueil.html consulté le 21 mai 2019.

68

https://www.reseau-canope.fr/climatscolaire/fileadmin/user_upload/outilspdf/Guide_climat_scolaire_second_degre2014.pdf consulté le 21 mai 2019.

69 fiche agir sur le bien-être des enseignants pour agir sur le climat scolaire consultable sur https://www.reseau- canope.fr/climatscolaire/agir/ressource/ressourceId/14-fiches-pratiques-pour-agir-sur-le-climat-scolaire-a-lecole-au-college-et-au-lycee.html consulté le 21 mai 2019.

et des adultes » (Curby et al., 2014, 7), mais aussi le lien « indiscutable entre climat scolaire,

qualité des apprentissages, réussite scolaire et victimation dans l’établissement » (ibid., 7). En

effet, les élèves satisfaits et sereins à l’école ont de meilleurs résultats scolaires, un sentiment

de compétence plus élevé et davantage de être dans leur vie. De même, interroger le

bien-être de l’enseignant nécessite d’interroger le climat de classe (Rousseau et Espinosa, 2018) et

d’autant plus dans l’optique actuelle de prise en compte de la « whole school » (Nguyen, 2016).

Or, Rascle et Bergugnat (2016) ont montré par des analyses de médiations que jouer sur le

climat scolaire était insuffisant pour expliquer le burnout, mais essentiel au niveau préventif.

Ces concepts sont complémentaires et le climat scolaire mérite d’être interrogé dans la

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