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Schéma Ventes volontaires des exploitations de l’entreprise Illovo et devenir des bénéficiaires

30 NFG 11 NFG Trust

Hors programme

officiel LRAD PLAS

SP6 Manque de capital Accès à capital ++ subvention Revenu extérieur +/- Expérience en agric. Accès à capital +++

Eucalyptus : capital mobilisable +/- Expérience en agric. +/- compétences en management Prestation de services Expansion Diversification SP8 Accès à capital + SP5 SP4 SP2 42 --> 31 bénéficiaires Taille : 98 --> 200 ha 1 800 ha (PLAS)

d’herbicides[ 44] sont assurés manuellement par les travailleurs de l’exploitation. Le remboursement du prêt absorbe la plus grande partie du revenu agricole et environ 18 % de la VAN sont consacrés au paiement des seuls intérêts. L’argent manque tout particulièrement pour la replantation et la canne, âgée, est de piètre qualité. La surface en canne est en conséquence plus réduite qu’au moment de l’achat (de 85 à 55 ha en moyenne, pour une surface totale de 120 ha) d’où une baisse de la production de 9 000 t/an à l’achat à 3 500 t. La VA/ha y est de l’ordre de 3 700 rands (deux fois moins que celle des grandes exploitations les mieux équipées) et le revenu annuel de l’ordre de 160 000 rands (8 à 10 fois moins). Ces planteurs sont particulièrement visés par les programmes de recapitalisation et d’aide à la replantation.

Le deuxième cas identifié est celui des 11 nouveaux planteurs ayant acquis leurs terres grâce au programme LRAD (cf. schéma 3). Ces nouveaux planteurs disposent d’une surface limitée en canne (une cinquantaine d’hectares récoltés par an) ; toutefois, l’investissement qu’ils ont réussi à faire dans le matériel d’exploitation (tracteurs, grues chargeuses) leur permet de faire de la prestation de service pour des tiers, notamment pour les NFG (déjà évoqués) et les petits planteurs des anciennes « missions » (SP 4 et SP 5 sur le schéma 3). Le revenu agricole de ces nouveaux planteurs est plus conséquent, de l’ordre de 300 000 à 500 000 rands/an (25 000 à 40 000 EUR/an), prestation de service comprise.

Enfin, un troisième cas de figure est celui de la société Beneeva, constituée dans le cadre du programme PLAS (SP2 dans le schéma 3), à la tête d’une exploitation sucrière de grande taille de type capitaliste, et fonctionnant sur le « modèle » des grandes sociétés sucrières de la région (type Crookes Brothers Ltd). Ici la réforme agraire a abouti à un transfert du capital à des actionnaires noirs et à un accroissement réel (bien que limité) du nombre de personnes physiques bénéficiaires : les quatre personnes morales détentrices de parts de capital représentent respectivement trois sociétés de dix membres (apparentés) chacune, et le collectif des anciens travailleurs permanents de cette exploitation sucrière (à l’époque où elle appartenait à Ilovo).

[ 44]Parfois à l’aide de matériel de fortune comme des filtres à huile percés de trous pour l’épandage des pesticides.

Conclusion

Parmi ces nouveaux planteurs (NFG) ayant acquis un morceau des anciennes plantations d’Illovo, ils sont nombreux à avoir rencontré des difficultés, parfois insurmontables. Faute de capital ou d’expérience en agriculture, certains bénéficiaires n’ont pas résisté à l’augmentation du prix des intrants survenue dans le courant des années 2000, et ne sont plus en activité aujourd’hui, leurs exploitations ayant été rachetées par d’autres bénéficiaires. Par ailleurs, dans cette catégorie, certains n’exploitent pas eux-mêmes leurs plantations, et les cèdent en location à d’autres agriculteurs blancs. Ainsi, sur les 42 acquéreurs des premiers jours, il ne reste aujourd’hui que 31 bénéficiaires exploitants agricoles. En revanche, d’autres bénéficiaires de la réforme agraire ayant eu un accès au capital plus large (emploi d’instituteur ou équivalent) ont choisi la voie de la diversification et commencé un petit élevage bovin. Les bénéficiaires s’orientant dans cette voie sont ceux dont les exploitations comportent une proportion assez importante d’espaces de végétation spontanée non valorisables par une plantation de canne (SP8 dans le schéma 3). Enfin, ceux ayant eu un accès privilégié au capital (travail extérieur, relations au gouvernement leur facilitant l’accès aux aides financières…) développent leur exploitation et convergent rapidement vers les systèmes de production des planteurs privés blancs établis depuis plus d’un siècle. C’est le cas de ceux qui ont constitué la société Beneeva via le programme d’accès au foncier PLAS (SP2 dans le schéma 3).

Au vu des échecs de certains bénéficiaires ayant racheté une ancienne exploitation d’Illovo, le gouvernement semble privilégier ce nouveau programme PLAS d’acquisition puis de cession en location des exploitations (comme Beneeva). Beneeva a cependant été transférée sans subdivision à un nombre restreint de bénéficiaires qui reproduisent le fonctionnement capitaliste de l’exploitation. Sous cette forme, ce nouveau programme de la réforme agraire vise apparemment plutôt à un transfert de propriété d’une personne blanche à une ou plusieurs personne(s) noire(s) sans réelle redistribution de la terre et sans remise en cause du modèle de production. De plus, les bénéficiaires ne sont que locataires de cette exploitation et sont soumis à un contrat de livraison avec la compagnie sucrière[ 45]. On peut donc douter de la responsabilisation et du « renforcement de capacités » ou de l’« autonomisation »

[ 45]Il est cependant des cas où les bénéficiaires peuvent racheter l’exploitation s’ils y sont autorisés par le Department of Rural Development and Land Reform (propriétaire de l’exploitation à son rachat). Cette possibilité n’a pas été évoquée pour le cas de Beneeva.

(empowerment) des bénéficiaires. Là encore, prendre en charge une telle exploitation avec un haut niveau de capital (matériel et plantations), pas toujours dans de très bonnes conditions agronomiques et techniques au moment du transfert (canne et équipements âgés), nécessite une capacité d’investissement dont seule une petite élite noire dispose.

3.4.2. Les communautés bénéficiaires des programmes de restitution,

enfermées dans la monoproduction de canne à sucre

Trois cas de restitutions ont été identifiés dans la région de Sezela par Bièque et Kippeurt. Ce qui diffère entre les deux premiers, c’est la taille et l’état agronomique de l’exploitation au moment de sa restitution. Pour la première, la Mbelu Community, la plantation s’étend sur plus de 500 ha et la canne n’est pas âgée. L’exploitation dispose aussi d’une plantation forestière. En revanche, la Braemar Community s’est vu restituer une plantation en mauvais état avec seulement 19 ha de canne à sucre, très âgée. Dans le troisième cas, la communauté bénéficiaire n’a pas pu prendre en charge la gestion de l’exploitation agricole et l’a recédée en location pour 10 ans à son ancien propriétaire[ 46]

.

Ces véritables transferts d’entreprise, sans subdivision, et avec pour obligation de poursuivre la culture de la canne à sucre, ont été réalisés selon les modalités suivantes (cf. schéma 4) :

les communautés qui ont obtenu gain de cause au terme de la procédure de restitution avaient élu en leur sein un petit groupe (souvent constitué des leaders), constitué en trust, et recevant l’exploitation transférée en propriété ;

comme le trust n’a pas le droit de gérer directement l’exploitation reçue, il a dû constituer une société à qui il cède en location l’exploitation[ 47];

la constitution du trust impose ensuite une répartition du résultat entre la part restant dans l’exploitation pour couvrir les coûts de production de l’année suivante (en théorie 40 %), et celle attribuée au trust (qui devrait être de 60 %) ;

[ 46]Ces communautés attendent toujours la restitution des autres exploitations pour lesquelles elles ont fait une demande (land claim).

[47]Cette distinction entre propriétaire (le trust) et exploitant (la société) est parfois fictive dans la mesure où les membres de la société exploitante se trouvent souvent être aussi les membres du trust.

ce dernier est alors chargé d’utiliser cet argent pour le développement de la communauté (infrastructures, soutiens à des projets agricoles collectifs, bourses d’études), dont les priorités sont censées être votées en assemblée générale (Bièque et Kippeurt, 2012).

Source : Bièque et Kippeurt, 2012, p. 107.

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Schéma Modalité de restitution dans la région de Sezela et maintien des

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