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Schéma de fonctionnement annuel de la flèche sableuse de Somone

CHAPITRE IV. MOBILITE DE LA FLECHE SABLEUSE A L’EMBOUCHURE DE LA SOMONE

III.4. Schéma de fonctionnement annuel de la flèche sableuse de Somone

faire à partir d’analyse d’indices granulométriques. Les mouvements sédimentaires qui caractérisent les environnements de dépôt sont depuis longtemps appréhendés par l’observation de gradients sédimentaires (Bourcart et Boillot, 1960) et l’analyse de courbes granulométriques (Middleton, 1976). Ainsi, les gradients sédimentaires, observés sur la flèche de Somone, montrent que le transit sédimentaire se fait du Nord vers le Sud, donc dans le sens de la dérive littorale N-S. La migration de la flèche sableuse de Somone, dans le sens contraire à la dérive littorale N-S, serait le résultat d’un fonctionnement en cellule hydrosédimentaire, avec des processus spécifiques. Ainsi, la position de l’embouchure dans la partie Nord du système semble jouer un rôle important sur le transit sédimentaire N-S. Les courants tidaux, très forts dans la passe de l’embouchure, surtout pendant les périodes de vives-eaux, peuvent canaliser la charge sédimentaire du transit littoral et l’évacuer vers le large. Ce phénomène a été mis en évidence dans des travaux antérieurs (Balouin, 2001). Selon l’auteur, les courants tidaux au niveau des embouchures littorales représentent une véritable barrière hydrodynamique au transit sédimentaire et entraînent une érosion sur les flèches sableuses. Sur la Somone, les périodes de grandes vives-eaux sont observées pendant la saison des pluies. C’est également pendant cette période que la flèche est en érosion. En même temps, les houles de NW qui assurent le transport sédimentaire le long de la Côte sont remplacées par les houles de SW, qui, sur la Somone, ont plutôt des effets érosifs. Les observations de Balouin (2001) semblent ainsi se vérifier sur le système de la Somone.

A l’exception des courants de marée, le vent peut être considéré comme étant le moteur du mouvement des masses d’eau et donc des conditions hydrodynamiques. Masmoudi et

129 profils de plage alors que les courants de dérive assurent les transits sédimentaires. Les vagues et les courants de marée à travers les passes gouvernent la morphodynamique des embouchures tidales (Albert and Jorge, 1998 ; Kraus, 1999 ; Kumar and Jayappa, 2009). Toutefois, leurs variations géométriques régionales sont expliquées par les différences climatiques et les amplitudes de marée (Hubbard et al, 1977 ; Hayes, 1980). Ainsi, l’analyse des mouvements verticaux des profils de plage a montré que la flèche sableuse de la Somone est assujettie à une dynamique sédimentaire active avec un double fonctionnement.

Il existerait alors un cycle sédimentaire essentiellement contrôlé par la saison : accrétion en saison sèche et érosion en saison humide. La phase d’accrétion est caractérisée par des apports en sédiments plus grossiers, des sables moyens. Les sables moyens peuvent provenir de la zone subtidale où ils ont été identifiés (Barusseau, 1984). Nos observations sont à l’inverse de ce qui est globalement observé sur la plupart des littoraux. En effet, en général, l’érosion laisse apparaître des sédiments grossiers suite au départ préférentiel des éléments fins (par « backwash » des houles érosives) et, pendant les périodes d’accrétion, les houles constructives nourrissent les estrans en sédiments fins (Dubois, 1989). Le schéma de fonctionnement proposé ci-dessous est constitué d’hypothèses et peut permettre d’expliquer les mouvements sédimentaires observés sur la flèche sableuse de Somone. Les trois hypothèses proposées dans ce schéma sont construites en fonction des directions de houles et d’une probable zone de stockage à proximité de l’embouchure sur l’avant côte.

130 Figure 39 : Schéma du cycle sédimentaire au niveau de l'embouchure de la Somone : A. phase d’érosion / B. & C. phase d’engraissement.

Erosion en saison humide de juin à septembre (Figure 39. A).

Cette période est marquée par l’influence les houles de Sud-Ouest (SW) moins énergétiques et des vitesses de vents plus faibles (<4 m.s-1). Sur la Petite Côte, le transit sédimentaire se fait en direction du Sud, en présence des houles de Nord-Ouest. Les houles de SW semblent ne pas transporter du sédiment et ont des effets érosifs au contact de la côte. Sur la flèche sableuse de la Somone, ces houles semblent mettre en mouvement les sédiments déposés pendant la saison sèche précédente lors des conditions hydrodynamiques fortes. Ces sédiments (sables moyens) peuvent être repris par les courants de marée dans la passe surtout pendant la saison des pluies qui est la période des grandes marées de vives-eaux (données du SHOM au port de Dakar). Ils peuvent ainsi être évacués vers le large en constituant un delta de jusant et/ou alimenter la zone de stockage sédimentaire supposée (Figure 39. A).

Alimentation par les houle de NW Vent du N et NE 4 à 6 m/s Diffraction houles de NW au contact de cette zone de stockage ZONE DE STOCKAGE Disponible sédimentaire Engraissement de la flèche C CAP Flèche sableuse Alimentation par les houle de NW Vent du N et NE 4 à 6 m/s Diffraction houles de NW au contact de cette zone de stockage ZONE DE STOCKAGE Disponible sédimentaire Engraissement de la flèche B CAP Flèche sableuse

Transit littoral, transport longshore Transport sédimentaire cross-shore

Alimentation par les houle de NW ZONE DE STOCKAGE Disponible sédimentaire Erosion de la flèche A CAP Flèche sableuse Vent du S et SW < 4 m/s Vent d’W < 4 m/s Courants de marée : Grandes vives-eaux en saison humide

A

B

C Fonctionnement hydrosédimentaire en SAISON SECHE, entre décembre et mai Fonctionnement hydrosédimentaire en SAISON SECHE, entre octobre et décembre Fonctionnement hydrosédimentaire en SAISON HUMIDE, entre juin et septembre

131  Engraissement en saison sèche d’octobre à décembre (Figure 39. B). C’est pendant cette période que les plus fortes houles sont enregistrées. Il s’agit des houles d’Ouest, les plus énergétiques. La configuration du littoral de la Somone présente une côte largement ouverte à la direction de ces houles. Selon Niang-Diop (1995) les facteurs locaux jouent un rôle important dans l’évolution des littoraux sableux. Le disponible sédimentaire de la zone de stockage supposée, peut être transporté par ces houles et nourrir la flèche en sédiments plus grossiers par apports cross-shore de sables moyens.

Engraissement en saison sèche de décembre à février (Figure 39. C). Cette période est caractérisée par une dynamique d’accrétion importante. La houle de Nord-ouest, bien que subissant des phénomènes de diffraction au contact de la tête de la presqu’île du Cap-Vert, se manifeste pendant cette période sur le littoral de la Somone et semble être à l’origine des mouvements sédimentaires observés. Selon Niang-Diop (1995), le transit sédimentaire se recharge dans le secteur Nord de la Petite Côte et est dirigé vers le Sud pour un faible flux estimé entre 10 500 et 300 000 m3 par an

(Barusseau, 1980). Entre Rufisque et Mbour, Faye (2010) estime un transit sédimentaire entre 10 000 et 25 000 m3 par an. Il faut noter également que c’est pendant cette période de l’année que les vitesses de vents sont les plus fortes (4 à 6 m.s-1) à l’exception des coups de vent. Cela pourrait renforcer les actions de la houle de Nord-Ouest et par conséquent augmenter les volumes de sable mis en mouvement. En effet, nous avons observé durant nos campagnes de terrain, la présence d’un delta de jusant au niveau de l’embouchure. Il s’engraissait de décembre 2008 à mars 2009 (saison sèche) et démaigrissait entre juin et septembre (saison des pluies de 2008). Ces houles de NW semblent subir une série de diffractions au contact de cette zone et un transport résiduel pourrait entraîner les sédiments vers le NE, dans le sens de migration de la flèche (Figure 39. C).

Le cycle ainsi observé sur l’estran de la flèche de Somone semble indiquer que les sédiments sous-jacents de l’estran sont constitués de sables fins. Les conditions météorologiques, plus intenses en saison sèche, favoriseraient des apports de sédiments moyens qui recouvriraient les sédiments fins de l’estran. En saison humide, ces sédiments seraient repris par les houles de Sud-Ouest et les courants tidaux et évacués

132 vers le large ou dans une zone de stockage à proximité de l’embouchure. Le schéma semble donc montrer un mouvement saisonnier des sédiments plus grossiers (sables moyens) qui, par érosion en saison humide, font apparaître les sédiments fins de l’estran.

Toutefois, des mesures de houles au rivage permettraient de discriminer les influences saisonnières des régimes de houles, qui semblent être responsables de la dynamqiue sédimentaire observée sur la flèche sableuse de Somone entre mai 2008 et juillet 2009.

IV Evolution pluri-décennale du littoral sableux de la Somone

Le schéma dynamique de fonctionnement sédimentaire de la flèche sableuse de la Somone peut être vérifié à une échelle pluri-annuelle.

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