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Scénario « Vers une renommée touristique nationale » Synthèse

Récit à horizon 2040

Contexte national

L’ouverture des marchés en cours en Europe depuis la seconde moitié du XXème siècle se poursuit et les échanges internationaux de biens et de services s’intensifient. Les tensions s’accroissent sur la demande en énergies et en produits agricoles pour l’alimentation humaine et animale. Les prix des énergies fossiles sont durablement élevés ce qui ouvre de nouvelles perspectives aux énergies renouvelables (bois, agro-carburants, etc.) dont le développement est encouragé par la Politique Agricole Commune. Parallèlement, les politiques économiques se renforcent autour du soutien aux atouts préexistants des territoires dont la société cherche à tirer un revenu maximal. En zone de montagne, certains territoires vulnérables sont abandonnés tandis que d’autres, à plus forts potentiels, sont préservés et valorisés dans un souci de valorisation économique.

Peu ambitieux et largement critiqué par les ONG environnementales, l’accord européen sur le climat conclu à Prague en 2019 incite peu les entreprises privées et les gouvernements à réduire leurs émissions de gaz à effet. L’essentiel des moyens qui lui sont consacrés visent à inciter progressivement

les ménages à modifier leurs comportements de consommation, et notamment à « consommer local ». Face à l’augmentation du prix des produits agricoles sur les marchés mondiaux, les circuits courts et la demande pour des produits de terroirs se développent rapidement en France. En 2040, plus de 50% des dépenses alimentaires des ménages s’effectuent dorénavant via des circuits de proximité.

Le pouvoir d’achat des classes-moyennes décline et le nombre de citadins augmente ce qui favorise le développement d’un tourisme de masse à l’échelle nationale. Une enquête Ipsos réalisée en 2020 dans les dix principales agglomérations de France montre que les attentes des citadins lors de leurs séjours de vacances portent sur la sécurité, la nature et le sport.

Description du scénario sur Cauterets

Tourisme

La volonté de l’Etat de stimuler un développement local basé sur les atouts préexistants des territoires incite la commune de Cauterets à poursuivre le développement de son secteur touristique qui concentre 90% de l’emploi de la commune. Attirés par le cadre de vie offert par la montagne, les touristes sont nombreux à venir se ressourcer à Cauterets. A l’inverse du tourisme de masse qui se

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développe dans les grandes stations balnéaires du littoral, Cauterets favorise un tourisme de qualité, fidèle à ses traditions et cohérent avec la capacité d’accueil de ses infrastructures et la taille de son domaine skiable. Centrée sur les particularismes Cauterésiens (nature, authenticité, espaces), l’offre se diversifie. En été comme en hiver, les établissements de tourisme sont complets. La fréquentation hivernale reste stable. Les télécabines du Lisey étendent le domaine skiable. La baisse de l’enneigement est compensée par un recours accru aux canons à neige. La fréquentation estivale augmente quant à elle entre 2020 et 2030 pour se stabiliser à partir de 2030 à hauteur de l’offre de logements. L’organisation du travail renforce également la fréquentation « hors saison ». Cauterets est labellisée en 2025 « Village touristique régional » par la Région, corroborant le label « Grands Sites Midi-Pyrénées » obtenu en 2008. Le village vit désormais toute l’année. Avides de sécurité et de sérénité durant leurs vacances, les touristes manifestent leurs craintes face à l’intensification des évènements naturels sur la commune (inondations, mouvements de terrain). Des actions ambitieuses de réduction des risques naturels sont donc entreprises dès 2020 en vue de rassurer la population et de pérenniser la vocation touristique du territoire. Soucieux de l’impact de la fermeture des paysages sur l’authenticité du village et l’attractivité touristique, un programme de reconquête des zones intermédiaires est mis en place conjointement par la commune, la CSVSS, la Région et l’ONF. L’intérêt patrimonial, économique et paysager de la reconquête des zones intermédiaires fait consensus auprès des élus qui réinvestissent chaque année une partie des revenus que la commune tire du tourisme en aides logistiques et/ou financières à l’entretien des milieux naturels pour les agriculteurs et propriétaires fonciers. En 2025, suite au départ à la retraite du dernier agriculteur de Cauterets, la commune décide de racheter l’exploitation dont la régie a pour objectif de valoriser l’image du pastoralisme pyrénéen, tout en entretenant le paysage des versants. C’est la première collectivité pyrénéenne à avoir trois agroforestiers communaux. Pour renforcer l’attrait touristique du territoire pour des visiteurs en quête

d’une nature ludique et sécurisée, un « zoo de la biodiversité » est créé à Pont d’Espagne.

L’attractivité du thermalisme s’accroit du fait de l’intérêt marqué des retraités pour ses bienfaits et du soutien des politiques de santé publique aux cures thermales. Une nouvelle image du thermalisme se construit, mêlant l’apport de bien-être en montagne, la recherche de naturalité et le thermoludisme. L’urbanisation reste quant à elle maîtrisée. Le parc immobilier actuel se modernise mais peu de nouveaux logements sont construits. Chaque demande est étudiée au cas par cas et les permis de construire ne sont délivrés qu’à des projets innovants, générateurs de valeur pour le territoire (cabanes et yourtes dans les sapins, chalets de qualité, etc.). Un secteur piéton voit le jour dans le centre du village. L’éco-mobilité est privilégiée avec un système de bus électriques qui amènent les skieurs des parkings-relais vers les remontées mécaniques.

Forêt et espaces naturels

Peu ambitieuse, la politique européenne sur le climat impacte de façon très marginale l’exploitation de la forêt dont la faible accessibilité rend l’exploitation trop couteuse. Le Parc National des Pyrénées voit ses compétences et ses moyens d’action renforcés. Pour contrôler l’afflux de touristes, l’entrée du Parc National devient payante, à l’image des parcs nationaux aux Etats-Unis, permettant d’employer des saisonniers pour réaliser des visites encadrées. Il valorise les produits locaux via la création du label « Produits du Parc National des Pyrénées».

La forêt est exploitée pour maintenir les paysages ouverts (zones intermédiaires et vallée de Gaube)

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Agriculture

L’agriculture évolue peu entre 2015 et 2040 et la tendance à la baisse de l’activité pastorale se poursuit. Cauterets étant déclarée « zone à forte valeur touristique », la commune bénéficie d’aides européennes en soutien au pastoralisme en vue de maintenir un cadre paysager bucolique et attractif pour les touristes (bergeries, prairies pâturées, etc.). Ainsi, seules les estives des sites touristiques (Vallée de Gaube, Cirque du Lys) concentrent l’activité pastorale. Ce maintien artificiel d’une activité pastorale bénéficie à quelques éleveurs de la vallée d’Argelès-Gazost.

La production agricole trouve aisément des débouchés locaux mais la concurrence internationale sur les produits agricoles est telle que l’agriculture génère peu de vocations parmi les jeunes. Si la vente à la ferme se développe peu à Cauterets du fait de l’orientation « viande » de ses exploitations, les commerces de la commune offrent néanmoins un débouché important aux produits de « terroirs » issus de l’ensemble de la vallée.

Les estives sont massivement abandonnées entre 2030 et 2035, à l’exception de celles ayant un intérêt touristique : le pastoralisme est dédié à l’entretien des paysages.

Récit à horizon 2100

Le prix des énergies se stabilise mais demeure élevé. Les logements rénovés répondent aux critères des Bâtiments à Basse Consommation. L’attractivité touristique de Cauterets se renforce avec le réchauffement climatique. Les citadins viennent y chercher la fraîcheur et aiment particulièrement les baignades dans les lacs dont les berges sont aménagées. L’étendue du domaine skiable se réduit et les pistes ferment définitivement en 2070, suite à plusieurs années successives sans chutes de neige. Les pratiques hors-ski y deviennent majoritaires (VTT, randonnées, promenades). La sur-fréquentation des lieux en haute-saison entraîne de nouvelles problématiques de préservation de l’environnement. Effet indirect de cette image de station balnéaire des Pyrénées reconnue nationalement, certains touristes fuient cette notoriété, fragilisant le modèle économique de la vallée.

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Scénario « Développement durable »