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Scénario 4 – La poule au pot : la filière avicole française dans une régulation alimentaire mondiale

Le scénario en chiffres* 1 Consommation française

4. Scénario 4 – La poule au pot : la filière avicole française dans une régulation alimentaire mondiale

Composantes Microscénarios Politiques et règlementations Libéralisation des échanges et fin des aides

directes à l’agriculture

L’emploi et la santé publique au cœur des politiques européennes

Eco-conditionnalité des aides dans un contexte

de libéralisation

Une gouvernance mondiale pour nourrir le

monde

Consommation, comportement des consommateurs et citoyens

Une culture alimentaire composite, des influences multiples

Des consommateurs à la recherche des prix les

plus bas

Moins de viande dans l’assiette ; des consommateurs qui privilégient la qualité

Stratégies des acteurs et structuration de la filière

Les opérateurs français

perdent le contrôle Une structuration des filières autour de quelques grands opérateurs européens

spécialisés

Une diversité d’acteurs

dans une filière proactive mondiaux spécialisés qui De grands acteurs optimisent les process et

standardisent l’offre

Innovations scientifiques et techniques

Les grandes firmes internationales au cœur

de l’innovation

Des innovations ciblées sur l’optimisation des

outils industriels Une recherche européenne coordonnée et multidisciplinaire Une recherche mondialisée pour produire plus et mieux

Dans un monde profondément affecté par une succession d’accidents climatiques et de crises sanitaires, la coordination des Etats pour assurer une sécurité alimentaire mondiale durable s’est imposée. La production agricole est encouragée sur tous les continents avec des exigences fortes en matière de préservation des ressources naturelles et de qualité sanitaire. Dans ce contexte l’Europe met son autosuffisance alimentaire au premier plan pour rassurer des citoyens marqués par la peur de manquer et focalisés sur les prix. L’industrie avicole est sous contrôle de grands groupes transnationaux implantés sur tous les continents pour sécuriser les approvisionnements. La France, malgré un contexte économique mondial difficile, affirme sa capacité à garantir la régularité, la durabilité et la sécurité sanitaire de sa production ; elle n’importe plus, en 2025, que 20% de sa consommation de viande de volaille. Ses exportations et sa production en baisse jusqu’en 2020 sont de nouveau en augmentation.

Une gouvernance mondiale pour nourrir le monde

En 2025, les échanges de biens alimentaires sont régulés par une organisation internationale dont l’objectif premier est de garantir, de manière durable, la sécurité alimentaire des différentes régions du monde. Les multiples crises économiques, sociales, climatiques et sanitaires, qui ont marqué le début du 21ème siècle ont engendré une crise alimentaire planétaire, avec notamment une succession de mauvaises récoltes entre 2010 et 2015. L’effet immédiat a été de concentrer les tensions politiques autour des questions agricoles et de bloquer les négociations sur le commerce à l’OMC. Toutefois, après le succès de l’accord global sur la question climatique de 2015, et face à l’ampleur de la crise alimentaire et de ses conséquences, les négociations internationales ont finalement abouti à la mise en place, en 2018, d’une gouvernance alimentaire mondiale avec la création de l’organisation mondiale pour la sécurité alimentaire. Les instruments mis en œuvre ont surtout ciblé la gestion des risques de volatilité des prix et le développement de la production agricole dans les régions les plus touchées par la malnutrition (aide massive au développement et limitation des distorsions de concurrence à l’exception des soutiens aux agricultures vivrières). Les régions à fort potentiel agricole, comme l’Union européenne ou l’Amérique (du Nord comme du Sud) ont développé des politiques agricoles avec des exigences fortes en matière de préservation des ressources naturelles et de qualité sanitaire. Pour répondre à ce défi, une agriculture de haute technologie s’est développée dans ces régions, fondée sur des techniques de précision et les biotechnologies. La production avicole est contrainte par des règlementations strictes en matière de sécurité sanitaire, de préservation des ressources naturelles, de consommation d’énergie ou encore d’alimentation animale. La consommation de sous-produits agricoles et alimentaires est fortement encouragée, y compris les farines animales dans des conditions sanitaires très strictes.

L’Europe adapte sa politique agricole commune pour mettre son autosuffisance alimentaire au premier plan. Son indépendance vis-à-vis du soja américain augmente ses coûts de production, ce qui est difficilement compatible avec des stratégies d’exportation. Ainsi, en 2025, l’aviculture européenne approvisionne essentiellement son marché domestique et une partie des marchés au Moyen-Orient et en Afrique7, tandis que, l’Asie est devenue le premier client des Etats-Unis depuis que la Russie (qui était le plus gros importateur de viandes de volailles du monde en 2008), est devenue autosuffisante. Ainsi, même

si la France a réduit ses échanges avec l’extérieur, sa balance commerciale en viandes de volailles reste positive.

Des consommateurs marqués par la crainte des pénuries

Les tensions sur les marchés des produits agricoles, les difficultés économiques et la peur de manquer ont fait du prix le critère d’achat essentiel des consommateurs. Chacun cherche désormais à limiter les coûts de son alimentation tout en essayant de choisir des circuits d’achat garantissant la meilleure sécurité d’approvisionnement. Durant les périodes les plus difficiles, où le prix de la viande a atteint des niveaux sans précédent, la population a adapté son régime alimentaire à son budget, réduisant sa consommation de viande, et augmentant sa consommation d’œufs. Ainsi, en 2025, les européens mangent beaucoup moins de viande qu’en 2000 et ont diversifié les sources en protéines, notamment en mangeant davantage de poisson (le développement massif de l’aquaculture dans le monde ayant permis une baisse du coût des produits). Favorisée par son faible coût, la consommation de viande de volaille est restée en 2025 au niveau du début du siècle.

Les consommateurs, toujours dans un objectif de réduction du coût de l’alimentation, ont également réduit leurs dépenses en produits élaborés ; ils s’approvisionnent plutôt dans les GMS, et dans tous les circuits alternatifs offrant régularité et qualité à moindre coût. Cependant, rien n’est plus sûr, pour ne pas manquer, que de produire soi-même ; basse-cours et potagers ont fait leur retour dans les campagnes et les banlieues.

Des opérateurs mondiaux organisés pour sécuriser l’offre

Le contexte alimentaire mondial a incité les grands acteurs de la volaille et de la viande en général à diversifier leurs implantations et leurs bassins de production. Présents sur tous les continents, les leaders mondiaux optent pour une différenciation fondée sur des marques industrielles qui permet les substitutions entre produits d’origine différente. Ils s’approvisionnent sur tous les continents dans les bassins les plus compétitifs, qui répondent, tous, à des critères de durabilité et de maîtrise sanitaire exigeants.

En Europe, la production se concentre dans quelques grands bassins de production présentant des avantages en termes d’accès aux intrants pour la production. Toutefois, l’élevage s’est maintenu dans beaucoup de régions, qui ont retrouvé de la rentabilité du fait de la diversification des ressources alimentaires pour les animaux et de l’adaptation des systèmes de production aux nouvelles contraintes réglementaires. En France, la production reste mise en œuvre par des éleveurs sous contrats, offrant une bonne capacité de résistance en temps de crise. Ils exploitent des ateliers de haute technologie axées sur l’optimisation de la productivité des intrants. Pour s’affranchir des importations de soja et améliorer la durabilité des systèmes de production, la France a développé la culture de pois protéagineux et de soja, ce qui a pesé sur ses coûts de production.

La recherche au centre des enjeux alimentaires

La recherche et le développement ont principalement pour mission de permettre la rationalisation des systèmes de production selon des critères économiques (augmentation des rendements) et écologiques (réduction des émissions de gaz à effet de serre et limitation des pressions sur les ressources naturelles). Plus que jamais, la nutrition animale est mobilisée pour optimiser la conversion du végétal en protéines animales, avec la contrainte de limiter la concurrence entre l’homme et l’animal pour l’accès aux matières premières alimentaires. Circulation des personnes, changement climatique et évolution des systèmes de production renforcent, par ailleurs, les priorités nationales en matière de surveillance et de caractérisation des dangers. La recherche publique très mobilisée par les enjeux de sécurité alimentaire et sanitaire, est de plus en plus coordonnée au niveau mondial et a pour mission de concevoir des systèmes de production innovants et durables (fermes intégrées, réduction des impacts environnementaux, etc.). Elle exploite des innovations produites par des start-up spécialisées en biotechnologies, bioinformatique, électronique… La recherche privée est, quant à elle, orientée vers l’amélioration de la productivité et la maîtrise sanitaire des élevages.

Le scénario en chiffres *