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CHAPITRE IV Résultats

4.3 Formation initiale et savoirs mobilisés

4.3.3 Les savoirs en insertion professionnelle

Les 14 participants se retrouvent maintenant au sein du processus d'insertion professionnelle, c'est-à-dire qu'ils en sont dans leur première à cinquième année en enseignement. De quelle façon les quatre grands domaines de formation ainsi que leur perception, qu'elle soit positive, mitigée ou négative, leur apportent-ils les savoirs nécessaires à leur pratique actuelle ? Dans leurs entrevues, les enseignants débutants abordaient les sources de savoirs qu'ils pensent être à la base de leurs connaissances et compétences actuelles: l'expérience, la formation initiale, la personnalité, et finalement, les collègues. Il est important de mentionner que la plupart des participants réfèrent à un mélange de deux ou trois sources afin d'expliquer leurs compétences et connaissances actuelles.

Ainsi, dix participants sur un total de quatorze soulignent l'importance de l'expérience sur le terrain en ÉPS: « C'est pour ça que je dis que ça se vit sur le terrain. Il n'y a pas un cours à l'université qui peut me préparer à répondre à un travail comme celui-là » (Part.7). Pour les enseignants débutants, il ne fait aucun doute que l'enseignement de l'ÉPS se fait principalement sur le terrain où les enseignants débutants ont l'opportunité de faire des « essais

» (Part. 8), d'apprendre « sur le tas » (Part.7) une panoplie de trucs et de connaissances qui ne semblent « pas s'apprendre dans les livres » (Part. 5). L'expérience inclut également les stages dont certains participants soulignent l’influence sur leur enseignement, mais également les connaissances acquises au sujet du milieu de l'enseignement (Part.55 et 46).

Huit participants expriment le rôle de la formation initiale dans leur enseignement actuel: « La majeure partie des fondements de mes connaissances partent de l'université » (Part. 3). Le participant 8 explique qu'il se sentait plus à l'aise en éduc, « c'est ce dans quoi je suis formé » après avoir expérimenté des suppléances et remplacements dans d'autres matières. La formation initiale serait ainsi vue comme le moment où les enseignants apprennent des « notions réelles » (Part. 3) dont ils auront besoin sur le terrain. Même si pour ces participants, la formation initiale demeure la base des savoirs acquis, c'est en situation concrète qu'ils pourront « recoller les morceaux » (Part. 16) et ainsi changer leurs perceptions de ces notions préalablement apprises au bac (Part. 46).

Six participants mentionnent plutôt la personnalité afin d'expliquer leur principale ressource en situation d'insertion (Part. 1-7-36-5-8-54): « Je crois qu'à peu près tout peut s'apprendre. C'est juste qu'il y en a certains pour qui ça va prendre quelques années et pour d'autres pour qui ça va prendre une décennie. C'est vrai qu'il y en a qui l'ont plus naturellement que d'autres » (Part 1). La longévité dans le métier est également un autre aspect abordé, et lié à la personnalité comme le mentionne le participant 5: « Je pense qu'il y a la fameuse phrase que l'enseignement est une vocation. Je ne pense pas que c'est faux. Je pense que c'est pas mal viser juste de dire que ce n'est pas n'importe qui qui va réussir à être un enseignant. N'importe qui peut l'appliquer, mais il y en a beaucoup qui vont tomber au combat pendant les quatre années [...] ».

L'aide des collègues semblent aussi être valorisée par les enseignants débutants. Pour ces derniers, il s'agit d'une opportunité d'obtenir des conseils d'une personne ayant passé exactement par les mêmes étapes que lui, et de « relativiser les débuts » qui peuvent être parsemés d'embûches (Part.17). Les collègues offrent également une plateforme idéale de partage, et de rétroactions pouvant améliorer l'enseignement des débutants (Part. 5 et Part, 12). Le participant 16 explique à cet égard l'importance du contact avec ses collègues: « Comment j'apprends? Vraiment avec le mentorat, le contact humain. Je suis capable de faire mes devoirs par moi-même sans avoir quelqu'un qui l'exige, mais avoir des pistes de réflexion… Je suis

quelqu'un qui me dit : « Je suis passé par là » me structure vraiment et me permet d'être plus à l'aise. Donc, c'est vraiment la façon ». La relation avec les collègues contribue aussi à un sentiment d'appréciation et d'acceptation sein de l'équipe-école (Part. 3).

Ainsi, les participants ne semblent pas en mesure d'identifier une principale source de savoirs. Pour la plupart, ils sont issus d'un amalgame de deux ou même trois sources qui ont joué, et qui continuent de jouer un rôle primordial dans leur développement personnel et professionnel. De cette façon, l'expérience sur le terrain semble être primordiale puisqu'elle permet aux participants de mettre en pratique les connaissances « de base » issues de la formation initiale qui constitue en quelque sorte leur « boîte à outils » (Part. 16). Leur personnalité et l'aide des collègues leur ont permis d'établir un lien de confiance avec leurs élèves, de trouver des trucs propres à leur pratique, mais également de revisiter et d'actualiser leurs connaissances engendrant, bien souvent, une hausse de confiance en soi. La formation initiale serait de ce point de vue la point de départ d'une évolution constante chez les enseignants débutants qui se déroule à travers leurs personnalités, leurs collègues et l'école rejoignant ainsi les facteurs de l'insertion professionnelle associée aux différentes dimensions du modèle de Mukamurera. Dans le prochain et dernier chapitre, nous tentons de répondre à nos trois questions spécifiques de recherche grâce aux entretiens effectués tout en prenant soin de revenir sur nos ancrages théoriques.

CHAPITRE V