La satisfaction des acteurs

D’une façon générale, l’analyse des questionnaires a montré que 91,7% des enseignants ayant animé une activité estiment que la réalisation du projet a répondu à leurs attentes. Cet enthousiasme pour le dispositif LinguaPoly se retrouve également unanimement chez les enseignants interviewés.

« Moi je suis satisfaite de ce projet. Je trouve que c’est un très beau projet. Et je pense que c’est des projets qui sont nécessaires dans la réalité qu’on a nous. On va accueillir encore six nouveaux élèves l’année prochaine donc il faut que nos élèves soient ouverts et qu’ils prennent ces enfants avec eux et pas que ça soit les enfants du [centre d’hébergement collectif] et voilà. Donc oui ce genre de projet c’est hyper positif

» (une enseignante)

« J'ai apprécié l'organisation et toute la préparation de la matinée. Ce devait être un énorme challenge de proposer des activités à un si grand nombre d'enfants. Mais le défi a été relevé, tout était anticipé, les enfants savaient exactement où ils devaient aller. Les parents ont bien joué le jeu également » (une enseignante).

Nombreux sont ceux qui ont également fait part de la satisfaction de leurs élèves.

« Les enfants étaient super enthousiastes. Dès que ça a cette forme de jeu, de rallye, les enfants adorent.

En parlant avec mes élèves de retour en classe, ils ont tous dit que c’était très chouette (…) Les parents

« Moi je les ai sentis vraiment très très contents. On a discuté après et ils étaient ravis. La frustration c’était de ne voir que 4 jeux. Je pense qu’ils auraient bien voulu en voir un peu plus. Mais tous ont trouvé ça hyper enrichissant. Ils ont été étonnés de pouvoir faire des choses dans d’autres langues comme ça » (une enseignante).

Certains enseignants ont tout de même émis quelques réserves quant à la communication autour du projet ainsi qu’une certaine frustration, pour ceux qui ont animé une activité, de ne pas avoir pu prendre connaissance de cette dernière auparavant. Ainsi, 25% d’entre eux n’ont pas trouvé les objectifs du projet suffisamment clairs, et 50% déplorent ne pas avoir reçu suffisamment d’aide au moment de l’animation des activités. Les raisons invoquées relèvent principalement du fait qu’ils n’ont pu prendre connaissance des activités que le matin même, au moment de devoir les animer, sans possibilité de se préparer préalablement (6 enseignants), mais également du fait que certains d’entre eux ont dû animer une activité dans une langue qu’ils ne maitrisaient pas (4 enseignants). Un plus grand investissement des enseignants dans la partie de préparation du projet aurait très probablement été bénéfique, tant pour les raisons pratiques évoquées que pour la cohérence du projet.

Quant aux parents ayant réalisé et animé une ou plusieurs activités, ils sont plus critiques au sujet de la réalisation du projet puisque seulement 75% d’entre eux affirment qu’elle a répondu à leurs attentes.

25% d’entre eux n’ont pas trouvé les objectifs assez clairs, mais uniquement 8,3% déplorent un manque d’aide lors de la conception et/ou de l’animation. En revanche, ils sont plusieurs à déplorer des problèmes de type organisationnel (perte de documents nécessaires à l’animation des activités, manque de matériel utile à la fabrication de certains éléments des activités, attribution d’une activité qu’ils n’ont pas élaborée ou en une langue inconnue) (3 parents), mais également une certaine frustration quant au manque de valorisation du rôle des parents. Cela peut donc expliquer le fait que pour 25% d’entre eux, le projet n’a pas répondu à leurs attentes.

Néanmoins, au travers des entretiens, nous avons pu constater que de nombreux parents se sont montrés satisfaits à l’égard du dispositif, tant au niveau de sa forme que de ses objectifs. Plusieurs d’entre eux ont par exemple trouvé très pertinent que le dispositif prenne une forme ludique, permettant ainsi un grand engagement des élèves. Une grande majorité de parents a également beaucoup apprécié le fait qu’un dispositif visant à valoriser la diversité linguistique et culturelle soit mis en œuvre dans le cadre scolaire et contribue à souligner la richesse des différentes langues auprès des élèves, sans uniquement mettre l’accent sur les langues et cultures des enfants des classes d’accueil, principales victimes de difficultés relationnelles.

« De manière très générale, rien que le fait qu'un projet comme cela soit mise en place, je trouve très très bien. Je trouve vraiment important de valoriser cette diversité et de valoriser ces différentes cultures et différentes langues. Je pense que dans la scolarité de nos enfants c'est un point qui est à mettre en avant. […] Les critiques, elles fusent si les personnes ne parlent pas assez bien le français. Alors que là... » (un parent).

« Utiliser une multitude de langues pour dire voilà ça c'est notre commune, ça c'est les langues que nous trouvons dans notre commune et vous avez la joie d'y participer une matinée, ça c'était absolument excellent comme perspective. Au lieu de mettre tout le focus sur les enfants du [centre d’hébergement collectif], au lieu de leur langue, c'était vraiment excellent » (un parent).

Concernant les aspects plus « pratiques » du projet, bien que certains parents aient été satisfaits, d’autres se sont montrés plus critiques à ce sujet.

Nombre d’entre eux ont par exemple déploré le fait que le document qu’ils ont reçu, et qui visait à présenter non seulement le projet, mais également son déroulement et les modalités d’inscriptions, n‘ait pas été suffisamment clair et compréhensible.

« Moi en tout cas quand j'ai lu le papier distribué aux élèves, avant de mettre en place le projet, là où il fallait s'inscrire pour les ateliers, moi j'ai bien compris ou je devais m'inscrire. […] Par contre, il y avait beaucoup de parents qui m'ont dit qu’ils n’avaient pas vraiment compris comment il fallait s'inscrire […].

Qu’ils n’avaient pas compris l'explication sur la brochure qui présentait le projet et les inscriptions » (un parent).

Ce manque de clarté peut en partie expliquer le faible nombre de parents inscrits, mais également les désistements auxquels les organisateurs ont dû faire face. En effet, certains parents semblent s’être inscrits à certaines étapes du projet sans savoir ce qui était précisément attendu d’eux, et avoir finalement renoncé lorsqu’ils ont pris conscience de l’investissement que cela représentait, ou parce qu’ils n’ont pas reçu les informations nécessaires.

De plus, l’un des parents estime que l’investissement en temps et en énergie qui a été demandé aux parents s’étant impliqués dans le projet n’a pas été suffisamment mis en valeur dans les discours officiels lors des soirées de clôture, ce qui a pu engendrer une certaine frustration.

« Dans les soirées, dans les discours des soirées, je trouvais bien qu'il y avait différents acteurs qui participaient dans la présentation de ce qu'on avait fait. J'aurais dit que peut-être la prochaine fois on pourrait un peu plus mentionner le travail de soutien des parents dans le projet. Car j'avais un peu l'impression que tous les acteurs dans la préparation disaient ce qu'ils avaient fait, mais en fait c'était

surtout les parents qui avaient préparé le contenu du jeu entier. Peut-être dans le futur ça pourrait être un peu mentionné plus » (un parent).

De manière générale, nous pouvons questionner l’efficacité de la communication autour du projet avant son lancement, notamment concernant son déroulement, et le rôle et l’implication de chacun dans le projet (mentionnés par 10 enseignants, 1 parent). Une communication lacunaire pourrait en effet expliquer le peu de parents s’étant impliqués dans la préparation du projet. Par ailleurs, une plus forte mobilisation des parents et des enseignants lors des phase de préparation et d’animation aurait probablement permis une meilleure appropriation des activités par les enseignants, mais également la possibilité de réaliser des activités en groupes afin de limiter la charge de travail et le temps investi par chacun.

Il est cependant important de garder en tête qu’il s’agit d’un projet pilote d’une très grande envergure, qui a constitué un défi logistique considérable. Les quelques ajustements organisationnels et de communication autour du projet ne doivent donc pas occulter le fait qu’une très grande majorité des élèves, des parents et des enseignants étaient satisfaits du format et du contenu du dispositif.