B. POSTERS ET COMMUNICATION
I- Séroprévalence des virus des hépatites A (VHA) et E (VHE) transmis par voie féco-orale au
Les Virus des hépatites A et E sont les principales causes d'hépatites virales entéro-‐‑transmissibles, en particulier dans les zones où les conditions d’hygiène et le niveau socioéconomique sont souvent précaires. Partageant les mêmes voies et mécanismes de propagation, ils provoquent de la même façon des épidémies sévères. Cependant, l’épidémiologie des hépatites A et E reste méconnu dans les zones en paix d’Afrique, à l’exception d’épisodes épidémiques dans des camps militaires ou de réfugiés.
Au Burkina Faso, bien que des enquêtes préliminaires aient été menées sur des agents pathogènes d'origine alimentaire en 2005 et 2008, on en sait peu sur la prévalence de ces agents pathogènes d'origine hydrique et alimentaires (VHA et VHE). En outre, au regard des conditions de vie, du niveau d’hygiène et du mode alimentaire, nos populations sont certainement exposées aux enteropathogènes.
L’objectif de cette première étude était d’évaluer la prévalence de ces virus hépatiques A et E dans des groupes assez représentatifs de la population générale
«donneurs de sang et femmes enceintes» dans la ville de Ouagadougou. Ainsi des échantillons de sérums de 178 donneurs de sang (131 hommes et 47 femmes)
et de 189 femmes enceintes ont été recueillis dans les banques de sang et centres
médicaux entre Novembre et Janvier 2010, puis en Mars 2012. Un test immunochromatographique SD-‐‑ Bioline IgG/IgM anti-‐‑VHA et deux kits ELISA
Dia.pro et Wantai IgG anti-‐‑VHE ont été utilisés pour mener à bien l’enquête sérologique.
Récemment, l'utilisation du kit Wantai en Europe a montré une plus grande sensibilité par rapport au kit Dia.pro avec des taux élevés de séroprévalences rapportés. Cependant, dans cette étude, il y avait une très bonne corrélation entre les deux kits utilisés, bien que la plage de détection utile soit plus petite au niveau du kit Dia.pro par rapport au kit Wantai.
La séroprévalence globale des IgG anti-‐‑VHA était de 14,3% chez les donneurs de
sang et 23% chez les femmes enceintes venant en consultation prénatale. Les IgG anti-‐‑ VHE ont été détectés chez 19,1% des donneurs de sang et 11,6% des
donneurs de sang et les femmes enceintes ayant été en contact avec le VHA/VHE à un moment donné de leur vie.
La distribution de la prévalence dans la population générale (donneur de sang) en fonction de leur âge et du virus entérique étudiés (VHA/VHE) a montré deux profils différents : La prévalence des IgG anti-‐‑VHA augmente avec l’âge avec un pic dans la tranche d’âge 46-‐‑55 ans. Par contre la plus forte prévalence IgG anti-‐‑VHE a été observée dans la tranche d’âge <25 ans. Toutefois il n’y avait pas de différence significative entre l’âge des donneurs et l’augmentation ou la diminution de la prévalence en fonction de l’âge.
Le taux d’incidence (IgM anti-‐‑VHA) chez les donneurs de sang (3,3%) similaire à celui des femmes enceintes (2%), et indépendant de la classe d’âge, a montré une circulation faible mais significatives du virus chez des personnes asymptomatiques.
En dépit d'être limité à un petit sous-‐‑ensemble de la population de Ouagadougou, nos résultats mettent l'accent sur la nécessité d'établir un système national de surveillance virologique des cas d’hépatites A et E, ainsi qu’à la conduite d’études séroépidémiologiques supplémentaires afin de suivre les changements dans l’épidémiologie, surtout sur les facteurs de persistance et de propagation de ces infections. Les données d'un tel programme pourraient servir comme base à l’introduction de mesures préventives spécifiques. La méthodologie détaillée et les résultats de ce travail ont fait l’objet d’une publication (Article 1), d’une communication orale et affichée. AFRAVIH 2014 (en annexe).
Article 1: Seroprevalence of Fecal-‐‑Oral Transmitted Hepatitis A and E Virus Antibodies
in Burkina Faso.
Kuan Abdoulaye Traore, Hortense Rouamba, Yacouba Nebié, Mahamadou Sanou, Alfred S. Traore, Nicolas Barro, Pierre Roques.
PLoS One. 2012;7(10):e48125.
Enquêtes sérologiques supplémentaires (VHA)
Nos résultats de l’enquête sérologique sur l’hépatite A dans la population générale en 2012, indiquaient qu’environ 17,6-‐‑35,2% des sujets de 18-‐‑55 ans avaient déjà été exposés au VHA. Ce chiffre surprenant, était très faible et rejoignait des évaluations récentes de prévalence de VHA qui décroit de façon phénoménale en Asie.
Au regard des conditions de vie de la population burkinabè, le VHA est probablement endémique. Afin de vérifier ou confirmer ce paradoxe apparent une nouvelle cohorte des donneurs aptes à donner leur sang a été prélevée, et les échantillons de sérum ont été testés à l’aide de l’ARCHITECT HAV Ab-‐‑IgG.
Le taux de prévalence IgG anti-‐‑VHA estimé à 99%, était en accord avec le profil endémique soupçonné dans la région. La grande discordance observée entre nos résultats de 2012 et ceux de 2013, pourrait être due non seulement à des méthodes différentes de collecte d’échantillons dans les deux cohortes (2012 et 2013), mais également à la technique sérologique et aux tests de diagnostic utilisés au cours des différentes enquêtes : Ainsi en 2012, les donneurs de sang inclus dans l’étude, étaient ceux, à la fois déclarés aptes à donner leur sang après l’entretien médical et ayant donnés leur accord de participation à l’étude. Quant à la technique sérologique et test de diagnostic utilisé, il s’agissait du test immunochromatographique SD-‐‑Bioline IgG/IgM anti VHA dont les performances (sensibilité/spécificité) en zone d’endémie n’ont pas été validées. Par contre en 2013, tous les donneurs déclarés aptes ont été inclus dans l’étude et l’ARCHITECT HAV Ab-‐‑IgG, une technique immunoenzymatique validée dans un laboratoire du nord (GH, Saint Louis, Lariboisiere Fernand Widal), a été utilisée pour la recherche d’IgG anti-‐‑VHA.
64