• Aucun résultat trouvé

Sélection d’indicateurs de biodiversité pertinents

5. RECOMMANDATIONS

5.2 Sélection d’indicateurs de biodiversité pertinents

Comme il est expliqué à la sous-section 2.1.2, les indicateurs de biodiversité permettent de communiquer simplement des informations complexes relatives à la diversité biologique, incluant des tendances et des progrès dans le temps (Tissot et al., 2014). Ils peuvent aussi mesurer la progression des actions favorisant la conservation de la biodiversité, ainsi qu’évaluer les pressions exercées sur celle-ci (Brooks et Bubb, 2014). Il est donc recommandé aux municipalités québécoises d’utiliser des indicateurs pour effectuer un suivi de la biodiversité sur leur territoire ainsi qu’un suivi des démarches mises en place pour la protéger. Il est toutefois à noter que ce ne sont pas tous les indicateurs de biodiversité qui sont appropriés au niveau municipal. Ainsi, les paragraphes suivants proposent aux municipalités et au gouvernement du Québec des critères de sélection pour favoriser le choix d’indicateurs pertinents. Comme il est mentionné à la section 2.4 de cet essai, la pertinence est définie comme la qualité de ce qui est justifié, logique et approprié (Larousse, s. d.a). Ainsi, pour être considéré comme pertinent, un indicateur de biodiversité doit permettre de répondre à un but et doit être adapté à celui-ci. Il faut toutefois rappelé que la signification d’un indicateur dépend du contexte dans lequel il est utilisé (Tissot et al., 2014). Un des critères les plus déterminants d’une série indicateur de biodiversité pertinente pour les municipalités est donc qu’elle doit être en lien avec les objectifs de gestion. En effet, puisqu’un indicateur peut décrire différents phénomènes, son interprétation dépend entièrement de l’objectif de

biodiversité est un concept complexe qui peut être défini de plusieurs manières et qui peut être divisé en différentes composantes. Puisqu’un seul indicateur pourrait difficilement mesurer tous les aspects de la biodiversité, plusieurs doivent alors être utilisés afin de permettre une évaluation complète (Henry, 2011). Par contre, l’utilisation d’un nombre trop élevé d’indicateurs peut saturer les informations transmises et ainsi masquer certains phénomènes (López-Ridaura et al., 2002; Tissot et al., 2014). La sélection d’indicateurs de biodiversité doit donc aussi être restreinte à un nombre limité afin que ceux-ci soient gérables.

Il importe de rappeler que les indicateurs de biodiversité utilisés par les municipalités québécoises servent principalement à informer les décideurs et la population sur l’état de la diversité biologique et sur les enjeux qui y sont reliés, ainsi qu’à guider les décisions des administrateurs municipaux (Bubb et al., 2011). Les indicateurs sélectionnés doivent donc être faciles à comprendre et à calculer pour permettre une meilleure compréhension de ceux-ci par les décideurs et par les citoyens, ainsi que pour simplifier leur utilisation (Brooks et Bubb, 2014). Puisque les administrations locales ont généralement un accès limité à des données, ils doivent aussi pouvoir être calculés par des données déjà existantes ou obtenues facilement (Brooks et Bubb, 2014; Tasser et al., 2008). De plus, il est recommandé de choisir des indicateurs appuyés par la littérature scientifique ou par des organisations reconnues afin d’assurer qu’ils fournissent effectivement les informations désirées (Brooks et Bubb, 2014).

La biodiversité est généralement divisée en diversité génétique, spécifique et écosystémique (Swingland, 2013). Un portrait complet de la biodiversité est donc idéalement obtenu en prenant en compte ces trois composantes (Noss, 1990; Swingland 2013; Tissot et al., 2014). Toutefois, dans un contexte municipal, les espèces correspondent à la composante la plus pertinente à évaluer (Henry, 2011). Il est donc recommandé de favoriser la sélection d’indicateurs qui mesurent les différentes composantes de la biodiversité pour que les municipalités obtiennent un portrait qui se rapproche le plus des enjeux qui affectent leur territoire, avec une attention portée particulièrement aux indicateurs de diversité spécifique. Ainsi, le nombre de variétés végétales, le nombre d’espèces d’oiseaux et le nombre d’habitats protégés de chaque type consistent en des exemples d’indicateurs qui, ensemble, permettent de mesurer les trois composantes de la biodiversité (Boucher et Fontaine, 2010; Chan et al., 2014; Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer [MEEDDM], s. d.).

Il est aussi rappelé que le modèle PSR proposé par l’OCDE met en évidence les relations de cause à effet entre les pressions anthropiques exercées sur l’environnement, l’état des milieux naturels et les réponses de la société (OCDE, 2003). L’utilisation d’indicateurs de pressions, d’état et de réponses aide à

mieux communiquer les liens entre ces éléments ainsi qu’à guider les décisions des administrateurs municipaux (Feld et al., 2010; Sparks et al., 2011). Il est alors suggéré de choisir des indicateurs de ces trois types pour effectuer un suivi de la biodiversité sur le territoire des municipalités. À titre d’exemple, la proportion d’espèces exotiques envahissantes en comparaison aux espèces indigènes, le nombre d’espèces de plantes vasculaires ainsi que le nombre de projets visant la biodiversité mis en œuvre par la ville par année correspondent à trois indicateurs de chaque type qui permettent d’observer les relations entre les pressions exercées, l’état de la biodiversité et les réponses de la municipalité (Chan et al., 2014).

De plus, il est recommandé de sélectionner des indicateurs de biodiversité qui permettent de prendre en compte la capacité de support des écosystèmes. Ce concept est important à considérer puisqu’il correspond au seuil d’organismes nécessaire pour maintenir le fonctionnement des écosystèmes (Duelli et Obrist, 2003). La capacité de support des écosystèmes est notamment comprise dans les principes de la Loi sur le développement durable dans laquelle il est précisé que les activités humaines doivent être respectueuses de celle-ci (Loi sur le développement durable). Le guide produit par EC fournit plusieurs seuils pour assurer le maintien de divers habitats, comme la nécessité de conserver de la végétation naturelle sur 75 % de la longueur des cours d’eau (EC, 2013).

Enfin, tel qu’il est discuté à la section 5.1, la biodiversité offre de nombreux bénéfices aux populations et produit des effets positifs sur la santé humaine (Tallis et al., 2013; Vida, 2011). Il est donc considéré qu’une série d’indicateurs de biodiversité pertinente pour les municipalités doit contenir des indicateurs relatifs aux services d’approvisionnement, de régulation, culturels et de support afin de pouvoir communiquer ces bénéfices aux décideurs (Chan et al., 2014; Feld et al., 2010; Henry, 2011). Des exemples d’indicateurs relatifs à chacun de ces services sont l’approvisionnement en eau à partir d’eaux de source et de nappes phréatiques non traitées en millions de m3 d’eau par an, le stockage du carbone et l’effet rafraichissant de la végétation mesuré selon le pourcentage de couverts forestier, le nombre de visites éducatives par enfant de moins de 16 ans à des parcs avec des espaces naturels par année ainsi que le nombre d’habitats protégés de chaque type (Boucher et Fontaine, 2010; Chan et al., 2014; Staub et al., 2011).