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Le séchage du foin en grange : un système limitant les risques de ruissellement

Surfaces en herbe minimisées

3.5 Le séchage du foin en grange : un système limitant les risques de ruissellement

L’objectif de la simulation est de pouvoir tester la faisabilité d’une installation de séchage de foin en grange dans une exploitation en polyculture-élevage laitier dans le Pays de Caux. La méthode du séchage en grange permet de valoriser l’herbe de l’exploitation et de produire un fourrage équilibré (Annexe XXV).

L’introduction du séchage de foin en grange

L’adoption de cette technique induit des changements techniques et zootechniques sur une exploitation. Dans le cas présenté, les surfaces en herbe augmentent grâce à l’introduction de prairies temporaires et artificielles avec une flore adaptée au séchage. L’évolution des surfaces occasionnée par le séchage du foin est présentée dans l’Annexe XXVI.

Sur le plan environnemental, une vérification a lieu grâce au logiciel DIAR® afin d’attester que l’évolution des surfaces permet une réduction des risques de ruissellement à l’échelle de l’exploitation (Figure 23) : la lame d’eau ruisselée est réduite de 60% entre l’état initial et l’état simulé.

Des variations zootechniques ont été adoptées au regard des résultats d’expérimentation menées à la station expérimentale de Blanche Maison (Manche) (Annexe XXV). La ration des vaches laitières est réévaluée à partir des valeurs alimentaires spécifiques des aliments introduits (fourrages et concentrés). L’ensemble des modifications occasionnées par l’introduction du séchage du foin en grange est présenté Annexe XXIX.

Un système moderne nécessitant le soutien des collectivités

Nous nous plaçons dans les conditions d’obtention possible d’une subvention départementale pour l’installation de séchage (Annexe XXV) et de la Prime Herbagère Agro-environnementale (PHAE2) (Annexe XXVII) afin de tester les 4 situations fictives présentées Tableau 3.

Les résultats économiques des simulations réalisées sont présentés dans l’annexe XXVIII. L’analyse exposée repose sur les indicateurs IDEA (présentés Annexe XIX et figurés en

italique dans le texte). De manière générale, le séchage du foin augmente l’efficience de

l’atelier lait. Il est donc efficace pour améliorer l’autonomie d’une exploitation laitière et pour

se prémunir de la volatilité et de la variation des prix. La transmissibilité économique de

Tableau 4: Résultats économiques et équilibre des marges lors de l’introduction d’une installation de séchage dans une exploitation laitière prise en référence.

Etat initial Simulation 1 Simulation 2 Simulation 3 Simulation 4 MARGES

marge globale € 151858 154185 154185 160635 160635

marge atelier lait € 130681 145208 145208 151658 151658

marge cultures € 21177 8977 8977 8977 8977

marge atelier lait €/ 1000L 271 300 300 314 314

variation marge atelier lait € 0 14527 14527 20977 20977

variation marge atelier lait €/ 1000L 0 30 30 43 43

ANNUITES

annuités installation séchage €/an 0 27754 19300 27754 19300

annuités installation séchage €/ 1000L 0 57 40 57 40

Tableau 5: Evolution des indicateurs IDEA pour une simulation avec subvention départementale à l’installation du séchage de foin en gangre et prime PHAE (simulation 4) dans une exploitation laitière prise en référence

Etat initial

Année i+1 Année i+2 Année i+10

RESULTATS 85792 79569 73149 77673

perte de résultat par rapport à l'initial € 6223 12643 8119

perte de résultat par rapport à l'initial % 7% 15% 9%

INDICATEURS IDEA

efficience atelier lait 72%

sensibilité aux aides 23%

vivabilité eco € 54479 dependance financière 11% transmissibilité eco € 338893 420493 398093 398093 24% 86% 26% 37813 Simulation 4

La variation des autres indicateurs de durabilité (sensibilité aux aides, vivabilité économique

et dépendance financière) dépend de la simulation réalisée.

Pour chacune des quatre simulations, on constate une perte de résultat (de 33 à 15% à l’année i+2 par rapport à l’année initiale). Au bout de 10 ans, aucune des simulations ne permet de revenir au niveau de résultat initial. Deux postes peuvent être à l’origine de cet écart : la diminution des surfaces de cultures à forte valeur ajoutée et l’investissement élevé de l’installation de séchage. Les marges dégagées lors des quatre simulations sont reprises dans le Tableau 4. La simulation 4, avec subvention et PHAE, est la seule combinaison d’hypothèses qui donne la possibilité à l’atelier lait, avec un surplus de marge de 43€/ 1000L par rapport à la situation initiale, de rembourser l’installation de séchage (nécessitant 40€/ 1000L).

La subvention départementale et la prime PHAE sont donc deux conditions nécessaires à la faisabilité économique d’une installation individuelle de séchage de foin en grange. Néanmoins, ces conditions ne sont pas suffisantes puisqu’elles engendrent tout de même une

perte de résultats sur l’exploitation, accroissent la sensibilité aux aides et la dépendance

financière de l’exploitation tout en diminuant sa vivabilité économique (Tableau 5).

Le pilier économique est un facteur limitant pour l’adoption du séchage de foin en grange dans des exploitations d’élevage comparables à celle présentée ici. Les résultats de la simulation 4 sont repris dans l’annexe XXIX. Néanmoins, l’intégration du séchage de foin en grange au fonctionnement de l’exploitation peut être positive pour l’organisation du travail. Elle implique une diminution annuelle du temps de travail estimée à 362 h dans le cas présenté (Annexe XXX).

Au vu de ces résultats, trois pistes pourraient faire l’objet d’une nouvelle étude. D’une part, la mise en place d’une installation de séchage collective pourrait être une solution efficace pour répartir les investissements entre plusieurs exploitations d’élevage et ainsi réduire les investissements individuels. D’autre part, le « produit lait » pourrait être augmenté grâce une meilleure valorisation du lait et de la viande. La réduction du temps de travail permettrait effectivement de développer une nouvelle activité sur l’exploitation comme la vente directe.

Une estimation (d’après la durée légale du travail salarié en France7) montre qu’une

cinquantaine de jour de travail (équivalent salarié) peuvent être libérés sur l’année. Pour finir, une diminution de la main d’œuvre à long terme permettrait d’équilibrer la trésorerie. Les prélèvements privés pourraient être réduits tout en permettant de dégager un revenu acceptable pour une personne. Toutefois sur le plan collectif, la diminution du travail offerte dans les exploitations n’est pas favorable à la durabilité de l’agriculture d’un territoire (Polge de Combret et al., soumis)

L’analyse des résultats peut amener à une réflexion plus large concernant le séchage du foin en grange. Le système mis en place est pertinent au regard des conséquences environnementales, mais il est nécessaire qu’il soit soutenu financièrement. La subvention départementale et la prime PHAE sont deux outils existant, mais il est sans doute possible d’envisager d’autres types de soutiens publics. Dans la mesure où ce système d’élevage est basé sur l’herbe, les animaux seraient un moyen d’entretenir des parcelles en herbe aux places stratégiques pour la réduction du ruissellement érosif. Les fonctions de l’élevage seraient alors multiples (de production, environnementale, sociale) et, à ce titre, l’aide à la collectivité (baisse du ruissellement) constituerait un bien non marchand qui pourrait être rémunéré.

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4 Discussion

L’étude des 17 exploitations ne prétend pas décrire toutes les relations entre exploitation, territoire et environnement dans le Pays de Caux. Nous pouvons cependant tenter d’interpréter les contrastes qui ressortent des différentes situations étudiées au sujet de la gestion des surfaces en herbe dans les exploitations d’élevage.