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Présentation des grands types de systèmes utilisateurs d’herbe

Surfaces en herbe minimisées

3.2.3 Présentation des grands types de systèmes utilisateurs d’herbe

Les stratégies d’utilisation des surfaces en herbe s’élaborent au regard du type de production animale. Les liens entre les classes 1, 2, 3, 4 et les classes 1’,2’,3’,4’,5’ sont établis Figure 20.

- Les exploitations d’élevage intensifiant l’utilisation des surfaces en herbe (3’)

Parmi ces 7 exploitations, 6 ont un atelier lait (classe 1) et une seule a développé un atelier naisseur-engraisseur (avec taurillons) (classe 3). Le maïs ensilage est à la base de l’alimentation des animaux adultes présents dans les exploitations de ce groupe.

La faible valorisation des surfaces en herbe constatée dans ces exploitations d’élevage résulte d’un choix d’intensification de la production par le maïs. En effet, le système de productions animales doit rester compatible avec la priorité donnée aux cultures de vente dans le fonctionnement de l’exploitation. La conduite des surfaces en herbe est simplifiée. Les prairies permanentes (ou temporaires non semées depuis 5 ans) sont majoritaires et valorisées par le pâturage des animaux puisque l’herbe pâturée est le fourrage le moins cher. Le maïs ensilage sécurise la ration estivale des bovins adultes et permet de maintenir un bon niveau de production toute l’année.

Le manque d’arguments économiques concrets est un frein à l’introduction de techniques innovantes dans les systèmes d’élevage de ces exploitations, qui génèrent des risques de ruissellement élevés. C’est pourquoi une exploitation de ce groupe sera choisie pour servir de support à la construction de scénarios individuels réduisant l’impact des pratiques sur le ruissellement.

Figure 20: Liens entre les classes de fonctionnement selon l’atelier de production animale et les classes selon l’utilisation des surfaces en herbe

Rm : La taille des flèches donne une indication sur la proportion d’individus des classes 1, 2, 3, 4 qui se répartissent dans les classes 1’,2’,3’,4’,5’.

- Les exploitations d’élevage mettant en place des stratégies individuelles pour le maintien des surfaces en herbe (5’)

Les trois exploitations constitutives de cette classe ont un atelier viande spécialisé naisseur-engraisseur ou naisseur-engraisseur (classe 3). Les troupeaux sont choisis pour pâturer et ainsi valoriser les surfaces en herbe à caractère obligatoire (non retournables agronomiquement en raison de la pente, de la présence de cailloux, etc.). Les systèmes d’élevage de cette classe mettent en évidence quatre stratégies d’adaptation intéressantes pour éviter le retournement des surfaces en herbe : la valorisation par une troupe de moutons, la fauche de foin pour des centres équestres, la production de bœufs herbagers, et l’implantation de pommiers à cidre. Ces voies de conservation des surfaces en herbe sont spécifiques au contexte local de l’exploitation. Celle-ci transforme ainsi des contraintes parcellaires en opportunités pour l’élevage. Mais, même si les stratégies choisies peuvent être des pistes d’évolution possibles, elles ne sont pas reproductibles dans tous les élevages du Pays de Caux ; en effet, elles reposent sur les caractéristiques socio-économiques et territoriales précises d’une exploitation.

- Les exploitations d’élevage créant des rotations spécifiques incluant de l’herbe (4’)

Parmi les exploitations rencontrées, deux polyculteurs éleveurs allaitants (classe 3), un polyculteur éleveur laitier ayant du maïs (classe 1) et un polyculteur éleveur laitier sans maïs (classe 2) ont choisi de développer cette voie d’adaptation depuis quelques années.

Dans les différentes exploitations de ce groupe, l’herbe est choisie d’une part pour la qualité de l’alimentation des troupeaux (viande ou laitier). Sa mise en culture dans des parcelles accessibles aux animaux permet de plus d’allonger la durée du pâturage. D’autre part, l’utilisation de l’herbe résulte de préoccupations agronomiques et environnementales fortes. La mise en place d’herbe cultivée s’inscrit dans des systèmes de culture et est donc particulièrement adaptée à une meilleure intégration de l’élevage au fonctionnement des cultures à l’échelle du territoire. L’implantation de l’herbe permet de restructurer le sol, de ralentir la vitesse de ruissellement et de diversifier les modes de couverture du sol l’hiver. L’annexe XXIV détaille les choix faits en matière d’herbe en rotation et met en évidence que cette utilisation de l’herbe est bénéfique pour réduire les risques de ruissellement.

- Les élevages tout herbe optent pour un système autonome et économe (2’)

Les élevages tout herbe rencontrés ont mis en place un système simplifié, économe et autonome, avec un mode de pâturage toute l’année et une valorisation éducative (centre équestre) ou commerciale (vente directe) de l’activité (classe 2). Face aux pressions foncières subies par ce système, les stratégies de résistance sont faibles. Cette logique de production, dont l’impact environnemental est le plus faible, n’est guère reproductible en dehors de cas particuliers dans le Pays de Caux.

- L’élevage de taurillons limite l’herbe à des bandes enherbées (1’)

Les activités agricoles de cet élevage sont très spécialisées. L’élevage de taurillons n’est pas utilisateur de surface en herbe (classe 4). Quelques hectares de maïs ensilage produits sur l’exploitation participent à l’alimentation du troupeau. L’herbe présente se limite à des bandes enherbées positionnées à des endroits stratégiques pour le ruissellement. Mais la présence de pomme de terre dans les systèmes de cultures exacerbe les risques de ruissellement et d’érosion sur ce parcellaire.

L’ensemble de ces résultats confirme qu’il existe des solutions pratiques viables pour réduire les risques de ruissellement à l’échelle des exploitations d’élevage de façon plus marquée pour certaines classes. Mais les exploitations agricoles acceptent peu de perturbation de leur système de production. La flexibilité de l’exploitation est variable et dépend de la sensibilité propre de chaque agriculteur.

Figure 21: Dynamique d'évolution des surfaces en herbe résultant d’un diagnostic personnel établi en confrontant les résultats statistiques et l’avis des agriculteurs sur la gestion de l’herbe.