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Contextes politico-religieux et littéraire

3. Roman et Emblématique

3. 1. Au-delà du divertissement : le problème du salut

Une des finalités de cette recherche est de montrer que le roman néo-grec n’est pas seulement un lieu de divertissement mais aussi un lieu d’exposition et de débat des idées les plus profondes et les plus graves. Le roman grec était apparu à une période de pessimisme moral et spirituel108 ; le roman néo-grec, quant à lui, naît dans une Espagne en plein développement d’un nouvel ordre religieux et moral

105 Cf. Christian Bouzy, « El emblema: un nuevo lugar estético para los antiguos lugares éticos », Criticón, n° 58, 1993, pp. 36-39.

106 Jean-Marc Chatelain, « Lire pour croire : Mises en texte de l’emblème et art de méditer au XVIIe siècle », Bibliothèque de l’École des Chartes, 1992, Tome 150, pp. 335-336.

107 Aurora Egido, « Lugares e imágenes de la memoria en la literatura y el arte », op. cit., p. 61.

108 Georges Molinié parle du « déséquilibre psychologique » qui marque les Ier et IIe siècles. Si la zone orientale du bassin méditerranéen s’enrichit et que la langue grecque s’étend dans tout le bassin la zone occidentale connaît une crise religieuse due à « l’écroulement des mythes », les hommes ont perdu leur confiance en les dieux ; cf. Du roman grec au roman baroque, op. cit., pp. 10-11.

s’inscrivant à la suite d’une période de profond malaise moral109. Il devient, comme son prédécesseur, le reflet de la société de l’époque, de ses idées et de ses craintes, de son « caractère tourmenté, contradictoire, sensuel et déséquilibré » comme l’explique clairement Georges Molinié en se référant au roman baroque en particulier mais aussi aux autres formes d’expressions artistiques de l’époque comme la « tentative de renversement affirmé de tout ordre moral avec le premier très grand roman picaresque », la « sensitivité des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola » ou l’« exemplarité, enfin, de la comédie de P. Calderon »110. Le roman baroque devient l’expression « représentative d’un univers du passage, de l’apparence et de la déchirure »111.

La finalité du roman n’est donc pas uniquement récréative. Il acquiert un caractère informatif, voire encyclopédique, et une exemplarité certaine que ce soit grâce à diverses procédés stylistiques ou grâce aux choix thématiques112. Ainsi les débats d’idées entre les personnages sont courants. Dans tous les récits étudiés, le contexte historique, politique et religieux apparaît à travers de petites allusions ; dans le Persiles de Cervantès, on trouve des commentaires esthétiques sur le récit de Periandro (Livre III) ainsi que sur la notion de vraisemblance113 ; dans le Peregrino de Lope, un pèlerin allemand fait l’éloge de l’Espagne et de son Inquisition et se plaint de la division religieuse de son royaume (Livre II).

Les auteurs eux-mêmes précisent que le but de leur œuvre est avant tout d’instruire le lecteur tout en le divertissant114. Christine Marguet explique que le topique de l’enseñar deleitando que l’on retrouve principalement dans les paratextes « est une entrée en matière quasiment obligée » qui combine les notions « d’exemplarité, de didactisme » et le souci « de récréer » le lecteur115. Et pour Pierre Civil, la variété des genres, l’union de l’histoire et de la fiction, du réel et de

109 Pierre Civil, La prose narrative du Siècle d’Or espagnol, op. cit., p. 38.

110 Georges Molinié, op. cit., p. 12.

111 Ibid., p. 12.

112 Thomas Pavel, op. cit., p. 91.

113 Voir Nadine Ly, « Le miroitement de la vraisemblance dans le Persiles de Cervantes ou de l’invention d’un ressort romanesque », op. cit., pp. 39-72.

114 Julián González-Barrera, « La novela bizantina española y la comedia La doncella Teodor de Lope de Vega. Primera aproximación hacia un nuevo subgénero dramático », Quaderni Ibero-Americani, I, 1997, p. 76.

115 Christine Marguet, Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., p. 15. L’auteur précise que les prologues de Lope et de Cervantès ne remplissent pas cette fonction : Lope y liste ses pièces de théâtre et Cervantès, qui « se met en scène », imagine une rencontre et « annonce sa mort », pp. 25-26. Voir aussi l’étude d’Anne Cayuela, Le paratexte au Siècle d’Or. Prose romanesque, livres et lecteurs en Espagne au XVIIe siècle, Genève, Droz, 1996, pp. 304-312.

l’imaginaire, ainsi que le poids doctrinaire donnèrent « une vigueur nouvelle au vieux

topos du enseñar deleitando »116. Dans le prologue de Los Trabajos de Hipólito y

Aminta, Francisco de Quintana explique que l’objectif de son roman est d’instruire la

jeunesse de façon récréative117: « mi deseo solo ha sido proponer unos sucessos que deleitando enseñen, y enseñando diviertan, y unos discursos adornados de sentencias, entre consejos que tal vez sirvan de avisos ». Ainsi, deux des personnages, Alexandro (le frère d’Aminta) et son ami Carlos, se trouvent enfermés dans une bâtisse où ils ont coutume d’aller pour discuter entre eux. Lors d’une de ces discussions, une altercation se produit avec un certain Valerio qui critique les mœurs d’Aminta. Alexandre pour défendre l’honneur de sa famille tue Valerio. La justice arrive sur les lieux et, pour ne pas être emprisonnés, les deux amis se barricadent dans la maison en attendant de trouver une solution. Durant le siège, ils font la connaissance d’une jeune femme qui vit dans la maison voisine où ils finissent par se réfugier. Vitoria les cache dans une pièce et pour tuer l’ennui leur laisse des livres à disposition :

Gastavamos el tiempo parte en escribir versos, y parte en leer118 algunos libros […] ya Toscanos antiguos, y ya Españoles nuevos, de los que se dilatan en materias entretenidas, asi porque nosotros tratavamos de aplicar medicinas, que eran mas saludables a nuestra enfermedad, como porque en ellos (quando se escriven con alguna doctrina) se hallan muchos exemplos dignos de imitacion, muchas sentencias que encomendar a la memoria, y muchas cosas de que apartarnos. Esta pues, o nobles amigos, fue la causa, porque pediamos este genero de libros, adquiriendo con ellos igual provecho, y mayor gusto (f° 48 v°).

Les deux amis optent pour des « libros de entretenimiento » qui ont l’avantage de les divertir tout en les instruisant. Le personnage reprend les dires du narrateur dans le prologue en restant fidèle au topique de l’utile dulci.

Dans un épisode précédent, lors de la rencontre entre Leonardo et Hipólito, ce dernier lui demande de raconter son histoire. Leonardo le prie alors de bien prêter attention à son récit qui le divertira tout en lui apportant quelques enseignements :

116 Pierre Civil, La prose narrative du Siècle d’Or espagnol, op. cit., p. 104.

117 Le roman aborde aussi le thème de l’éducation des enfants dans les propos de Leonardo : « A esto me podreis responder que pocas vezes, o ninguna se he de dexar a los hijos la eleccion, porque ellos con la corta luz que dan los pocos años, estan mas proximos a errar ; y yo respondo, que aunque no se les ha de permitir en todo, se ha de consultar su gusto en parte » (f° 21 v°) ou ceux du narrateur sur l’exemple d’Aminta : « De donde advertiran los padres, que el remedio de las hijas no consiste en tratarlas con aspereza, ni castigarlas, quando se ha manifestado su amor, sino en guardarlas antes que comience » (f° 71 r°), voir pour ces passages l e commentaire de Christine Marguet, Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., pp. 167-169.

118 Pierre Civil, La prose narrative du Siècle d’Or espagnol, op. cit., p. 49, souligne que la littérature de l’époque était « conçue comme un pasatiempo ».

Mis sucessos […] os tendrán este rato divertido, y os dexarán como divertido enseñado en muchas cosas de las que cada dia importa saber: porque se engaña quien piensa que se oponen entretenimiento y doctrina (f° 19 v°).

Au lieu d’être un facteur d’opposition des deux idées, la combinaison des deux termes renvoyant au divertissement et à l’édification – sous la forme initiale d’un oxymore « divertido enseñado » – montre qu’elles vont de pair pour ne faire qu’un. Le protagoniste lui-même prend la défense de l’exemplarité des romans qui, du fait qu’ils respectent le principe de vraisemblance, sont à la fois une image du possible et

un exemplar de los riesgos a que se pone un amor, o ya honesto, o ya lascivo, un despertador de nuestra inadvertencia para los peligros, y un diseño para la imitacion de las virtudes: porque quien ay, que quando se pone a oirlas, no prevenga el gusto para saberlas, y la voluntad para elegir lo imitable; o aborrecer lo formidable y indigno? (f° 100 v°).

Dans le prologue du Peregrino en su patria, Lope de Vega rappelle ainsi qu’il applique les deux préceptes fondamentaux de Cicéron et d’Horace : « éste es el PEREGRINO : no carece su historia de algún deleite, porque Tulio dijo : Lectionem

sine ulla delectatione negligo, ni de algún provecho por obedecer a Horacio : Qui biscuit utile dulci » (p. 64).

Cervantès ne fait aucune allusion dans son prologue au précepte horacien et préfère raconter une anecdote personnelle. En revanche, dans la seconde partie du

Quijote, il annonçait à deux reprises la sortie imminente de son nouvel ouvrage. À la

fin du prologue, il déclarait ainsi : « Olvídaseme de decirte que esperes el Persiles, que ya estoy acabando »119, ce qu’il répétait dans la dédicace au comte de Lemos :

Me despido, ofreciendo a Vuestra Excelencia los Trabajos de Persiles y Sigismunda, libro a quien daré fin dentro de cuatro meses, Deo volente; el cual ha de ser o el más malo o el mejor que en nuestra lengua se haya compuesto, quiero decir de los de entretenimiento; y digo que me arrepiento de haber dicho el más malo, porque según la opinión de mis amigos, ha de llegar al extremo de bondad posible120.

Le censeur121met également en avant cette double qualité du roman cervantin :

119 Miguel de Cervantes, Don Quijote de la Mancha II, Madrid, Cátedra, 2000, p. 26.

120 Ibid., p. 28.

121 Il n’est pas surprenant que le censeur lui-même en appelle au concept horacien. Pierre Civil, La prose narrative du Siècle d’Or espagnol, op. cit., p. 48, montre que les XVIe et XVIIe siècles marquent le « triomphe du enseñar deleitando » que l’on relève dans « les approbations, dédicaces, prologues et avis qui accompagnent les éditions, mais encore dans bien des commentaires internes jugements et discours ».

No hallo en él cosa contra nuestra Santa Fe Católica y buenas costumbres, antes muchas de honesta y apacible recreación [...] pues de cuanto nos dejó escritos, ninguno es más ingenioso, ni más culto ni más entretenido (p. 112).

Tout comme l’avait fait Cervantès lui-même dans le prologue de la deuxième partie du Quichotte, le censeur met sur un piédestal Los trabajos de Persiles y

Sigismunda122 et en souligne quatre qualités essentielles : l’utilité, le génie, le savoir et la faculté de divertissement. Seule manque l’allusion à la qualité stylistique pourtant omniprésente dans l’ouvrage de Cervantès en particulier grâce aux discours métanarratifs.

Dans la paratexte du Criticón, c’est encore au censeur que revient le rôle de souligner l’intérêt didactique ainsi que le respect des préceptes habituels par Baltasar Gracián :

Contiene muchos y muy saludables documentos morales, declarados con sutil ingenio y con ingeniosa sutileza, y con un lenguaje gravemente culto y dulcemente picante; y cuanto más picante, más dulce y más provechoso para la buena política y reformación de costumbres, pudiendo preciarse su autor de que miscuit utile dulci, cosa bien dificultosas de juntar (pp. 59-60)123.

En accord avec l’idéologie contre-réformiste, les quatre ouvrages du corpus reprennent certains thèmes prégnants du roman grec. Ils font l’éloge, par exemple, de l’amour chaste et vertueux chez des êtres parfaitement beaux124. Les personnages sont idéalisés125 à la fois moralement et physiquement : leur beauté physique est le reflet visible de leur grandeur d’âme. Periandro alias Persiles, le rappelle lorsque le groupe de naufragés échoue sur l’île du roi Policarpo (livre II). Sinforosa, la fille du roi, s’éprend de Periandro et demande à Auristela d’intercéder en sa faveur pour convaincre Periandro de l’épouser. Face à la jalousie d’Auristela consciente de la beauté de sa concurrente, qualifiée de « hermosísima doncella » (II, 2, p. 287), Periandro tente de rassurer sa bien aimée : il la porte au pinacle en déclarant : « Con las cosas divinas [Auristela] […] no se han de comparar las humanas [Sinforosa] » (II, 2, p. 288).

La défense et illustration de la chasteté est placée à son apogée par Quintana qui rejette l’amour humain au profit de l’amour divin puisque Aminta entre en religion

122 Christine Marguet, Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., p. 27.

123 Il est à noter que le censeur lui-même possède une maîtrise certaine de la rhétorique comme l’indique le chiasme qui lui permet de souligner l’efficacité de la plume de l’auteur : « con sutil ingenio y con ingeniosa sutileza ».

124 Christine Marguet, Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., p. 172.

et Hipólito doit se résigner à ne pas épouser sa bien aimée. Chez Lope de Vega et Cervantès, en revanche, c’est l’amour humain qui l’emporte et se concrétise à la fin de l’œuvre par le mariage des protagonistes et de la plupart des personnages qui les accompagnent. Dans le Persiles et le Peregrino, l’amour humain prend finalement le pas sur l’amour divin. Ainsi, Auristela, après avoir été tentée de prendre le voile « Yo no te quiero dejar por otro ; por quien te dejo es por Dios » (IX, 10, p. 692), choisira d’épouser Periandro sur les conseils de Constanza. De même, dans l’épisode du Portugais Manuel de Sousa Coitiño, le narrateur semble regarder d’un œil critique le choix de l’entrée en religion plutôt que celui du mariage126. Dans un récit interpolé, le malheureux racontait comment après avoir attendu sa bien-aimée il s’était vu délaissé par celle-ci qui préférait entrer au couvent. L’émotion de l’amoureux contant sa déconvenue est telle qu’il en meurt de chagrin (I, 10, p. 204-205).

Comme le souhaitait le Concile de Trente, le mariage, qui constitue l’un des sept sacrements, est mis à l’honneur127 dans les récits de nos auteurs. Le mariage, qui marque le dénouement à la fois de l’intrigue principale et des intrigues secondaires, est vu comme une apothéose car il signifie la solution des conflits128.

Dans le Persiles, par exemple, si Arnaldo se résigne à ne pas épouser Auristela promise à Periandro « considerando ser reyes y la disculpa que tenían, y que sola esta ventura estaba guardada para él » (IV, 14, p. 712), il obtient en compensation la main d’Eusebia, la sœur cadette d’Auristela. Le mariage permet aussi de mettre en avant la notion de libre arbitre puisque les personnages, faisant preuve de leur propre volonté et en dépit de la volonté paternelle ou de la raison d’État, réussissent à choisir eux-mêmes leur époux129. Paradoxalement, le même libre arbitre dont ils font état est la raison première qui provoque leur fuite. Pour avoir contrarié l’ordre familial et social, les protagonistes sont soumis à des épreuves ressenties comme des punitions, mais le fait de les surmonter les met en position de sublimer la chasteté de leur amour jusqu’au mariage et de rentrer ainsi dans l’ordre des choses, à la fois au niveau religieux par un sacrement et au niveau familial et social130.

126 Christine Marguet remarque la « cruauté » et la « violence » de Leonora visibles dans « son goût pour la mise en scène », Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., pp. 255-256.

127 Bartolomé Bennassar, op. cit., p. 159.

128 Christine Marguet, Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., p. 204.

129 Le roman néo-grec présente, selon Christine Marguet, « le triomphe du mariage, redéfini comme un sacrement, qui repose sur le libre consentement et l’engagement indissoluble des deux parties », Le roman d’aventures et d’amour en Espagne, op. cit., p. 194.

Le roman espagnol du début du XVIIe siècle, qu’il soit néo-grec ou picaresque, naît et se développe dans un contexte de crise131. Il est la démonstration de la recherche d’une identité, d’une caractéristique proprement nationale. Le genre romanesque espagnol de cette époque traduit la quête d’un équilibre entre réalité historique, réalisme et imagination tout en exposant et en soutenant les principes moraux et religieux qui sont les fondements de la vie sociale et familiale. L’ambition et l’enjeu de ces récits, à la fois édifiants et divertissants, étaient donc de taille, puisqu’il s’agissait pour les auteurs d’emporter l’adhésion d’un lectorat avisé, auquel un genre nouveau était proposé en fonction des préceptes tridentins. Le personnage du roman néo-grec s’assimile ainsi parfaitement à la figure du « peregrino, acosado por la confusión del mundo » qui suit le chemin « hacia la salvación guiado por la fe, la Providencia y la gracia divina »132. Il fallait aux romanciers redonner à la littérature d’évasion une élévation spirituelle et morale, une sorte d’exemplarité, comme le souligne Javier González Rovira :

La novela helenística [clásica] se presentó, en definitiva, como una posibilidad moralmente válida de literatura de evasión propia de un ambiente de crisis y como un modelo para lo que llegaría a ser la novela moderna133.

Le caractère exemplaire du roman est rendu possible par la recherche esthétique de la vraisemblance. De plus, tout est fait pour favoriser l’identification du lecteur aux protagonistes dont les actions les font paraître comme des êtres nobles et vertueux. Pour capter l’intérêt du lecteur et le faire entrer dans l’intrigue, Lope de Vega, par exemple, opte pour une géographie spécifiquement espagnole, mieux connue du lecteur qu’une géographie plus ou moins exotique. Ce choix permet d’accroître la vraisemblance134 puisque les protagonistes ne se meuvent plus dans des paysages lointains mais dans un environnement plus ou moins familier pour le

131 Michael Nerlich relève les différents évènements marquants qui correspondent à la création du Persiles comme la Contre-Réforme, les guerres de religions, l’invincible Armada, les conflits avec les Turcs… ; cf. Michael Nerlich, « Una corona partida por medio, ou sur le rôle de la peinture dans Los trabajos de Persiles y Sigismunda », in Jean-Pierre Sánchez (coord.), op. cit., pp. 133-134.

132 Julián González-Barrera, « La novela bizantina española y la comedia La doncella Teodor de Lope de Vega… », op. cit., p. 79.

133 Javier González Rovira, La novela bizantina de la Edad de Oro, op. cit., p. 393.

134 Idem, « Mecanismos y recepción en El peregrino en su patria de Lope de Vega », in Ignacio Arellano (ed.), Studia Aurea, Actas del III Congreso de la Asociación Internacional Siglo de Oro, vol. III, 1996, p. 240.

lecteur ce qui facilite l’identification135. La simple référence à des lieux dont les noms sont connus du lecteur, ainsi que la description très précise des sites de différents pèlerinages – telle celle du monastère de Guadalupe au livre III, chapitre 5 du

Persiles et surtout celles du Peregrino –, renforcent l’effet de vraisemblance. Pour sa

part, le recours au merveilleux (le récit du rêve de Periandro, le récit rétrospectif de Rutilio, l’intervention de la providence divine, ou certaines prédictions) a pour effet de provoquer l’admiration du lecteur, comme le rappelle Javier González Rovira :

También existe la exigencia de admirar al público muy especialmente en la épica, ya que el deleite que conlleva la admiración facilita la asimilación del contenido utilitario de la obra. Por lo tanto, se intenta conciliar lo maravilloso con lo verosímil para posibilitar la función primordial de la literatura: deleitar para instruir136.

Au niveau formel, l’utilisation d’une chronologie non linéaire avec un début in

medias res, des analepses et des prolepses permet, par exemple, de créer le

suspense et, par conséquent, de tenir le lecteur en haleine137. L’emploi de ces procédés prive le lecteur, dès le début du récit, d’éléments importants pour la