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Le budget est un produit de la planification dans le sens où il correspond à la conversion du plan programmé en unité monétaire. Différentes méthodes sont proposées pour aider à élaborer le budget parmi lesquelles on peut distinguer quatre types:

ä OHV PpWKRGHV SURFpGXUDOHV comme la méthode incrémentale qui consistent à

actualiser le budget antérieur en le multipliant par un facteur ;

ä OHVPpWKRGHV UHOHYDQW GHODQDO\VH pFRQRPLTXH qui sont fondées sur l'analyse des

coûts ou des coûts/bénéfice dans l'organisation ;

ä OHVPpWKRGHVOLpHVjODWKpRULHGHODGpFLVLRQ ;

ä OHV PpWKRGHV TXDQWLWDWLYHV qui utilisent des modèles mathématiques [SINUANY -STERN 1993].

La planification sanitaire concerne de multiples acteurs, en particulier lors du choix des priorités budgétaires. Nous avons donc restreint notre étude aux méthodes de budgétisation multi-acteurs. De plus, de part le contexte fortement politisé dans lequel la budgétisation est réalisée, il importe de favoriser, dans l'élaboration de la distribution budgétaire, la participation des différents acteurs impliqués, ceci afin d'obtenir un consensus autour de la méthode utilisée [URLI 1995a].

Nous présentons dans cette partie deux méthodes de budgétisation qui s'inscrivent dans cette optique. La première adopte une approche quantitative et s'adresse à la budgétisation dans les organisations pyramidales, c'est à dire aux organisations dans lesquelles des niveaux hiérarchiques sont définis et où des relations existent seulement entre les niveaux hiérarchiques successifs. La seconde13 est plus générale et s’applique à la budgétisation d’une structure qui résulte d’une concertation entre plusieurs acteurs entre lesquels les relations hiérarchiques ne sont pas réellement formalisées.

 8QPRGqOHGHEXGJpWLVDWLRQDSSOLFDEOHGDQVOHVRUJDQLVDWLRQS\UDPLGDOHV

Sinuary-Stern [SINUANY-STERN 1993] propose une méthode d’optimisation multi-critère de budgétisation dans une organisation pyramidale. Elle a modélisé la budgétisation dans une organisation pyramidale comme un problème de flot et propose une formalisation adaptée à la planification des budgets sur plusieurs périodes. L'objectif poursuivi est de maximiser la satisfaction de l'ensemble des unités de l'organisation, ceci à tous les niveaux ; le terme d'unité est utilisé ici pour désigner indifféremment les unités de production, les unités administratives, les unités commerciales, etc.. La satisfaction de l'ensemble des unités de l'organisation est exprimée, dans le modèle, à l'aide d'une fonction d’utilité additive. Elle correspond à une somme pondérée du niveau de satisfaction de chaque unité de l'organisation. Le niveau de satisfaction de chaque unité et les poids sont évalués à l'aide d'une approche multi-objective qui s'appuie sur la comparaison par paire et la méthode AHP (Analytical Hierarchy Process) [SAATY 1984].

Pour des raisons didactiques, nous présentons d'abord le modèle de budgétisation sur une période puis son extension sur plusieurs périodes.

 /DIRUPDOLVDWLRQGXPRGqOHVXUXQHSpULRGH

La budgétisation est modélisée comme un problème de flot. Elle est donc représentée par une arborescence. Aux nœuds de l'arborescence est associé le budget alloué à une unité. Ce budget devra être partagé entre les sous unités (administratives, commerciales ou/et de production) qui composent cette unité. La relation d'appartenance d'une sous-unité à une unité est représentée dans l'arborescence par un arc.

La Figure 5, adaptée de [SINUARY-STERN 1993], montre une arborescence associée à une organisation à m niveaux. Au sommet de cette arborescence est associé le budget annuel prévu. Ce budget est réparti entre le budget effectivement alloué à l'organisation (le nœud 0) et les économies (le nœud E). Le budget alloué à l'organisation est partagé entre les différentes unités de niveau 1, c'est à dire celles associées aux sous-directions. Ces budgets sont liés aux nœuds numérotés de 0 à J1. Le budget attribué à chaque unité de niveau 1 est réparti entre les sous-unités qui sont sous son contrôle…. Le budget se propage selon ce processus dans toute l'arborescence.

Dans ce réseau, l’ensemble des allocations, pour constituer un plan budgétaire acceptable, doit vérifier deux types de contraintes. Les premières contraintes concernent les allocations de budgets possibles qui sont définies par un budget minimal et un budget maximal. Le budget minimal correspond à la somme nécessaire au fonctionnement minimal de l’unité. Le budget maximal est obtenu à partir du budget sollicité par cette dernière. Il est évalué à l'aide des résultats obtenus par la comptabilité analytique, ou de manière incrémentale, c’est à dire en multipliant le budget précédent par un coefficient. Les deuxièmes contraintes visent à assurer que le budget alloué à une unité soit entièrement réparti entre ses sous-unités.

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Une analyse détaillée de cette méthode effectuée au paragraphe 3.7.3 complète la présentation qui est réalisée dans les paragraphes suivants.

)LJXUH$UERUHVFHQFHDVVRFLpHjXQHRUJDQLVDWLRQjPQLYHDX[

Le choix des critères selon lesquels les budgets sont alloués est laissé au décideur. Ces critères peuvent être de différente nature, c’est-à-dire qu’ils peuvent être mesurables ou non. De plus, ils peuvent varier selon les différents niveaux. Afin de pouvoir calculer une solution, l’auteur propose de les agréger en une fonction objectif unique. Cette agrégation s’effectue sous l’hypothèse de l’existence d’une utilité marginale14 constante et de l’indépendance des critères. L'élaboration de cette fonction objectif s'effectue en quatre étapes.

(WDSH: L'importance de chaque critère dans la décision de budgétisation est évaluée au niveau de

chaque unité. Cette importance est figurée à l'aide de poids. Ces derniers sont calculés à partir d'une matrice $ fournie par le décideur. Chaque coefficient DPO de cette matrice indique l'intensité avec laquelle le décideur juge l'importance du critère P par rapport au critère O

dans l'atteinte des buts de l'unité. Il peut, par exemple, percevoir le critère P comme deux

fois plus important que le critère O. La méthode AHP15

est appliquée à cette matrice afin d'estimer les poids qui représentent l'importance de la contribution des critères à la réalisation de la politique générale de l'unité.

(WDSH: Pour chaque critère, le décideur construit une matrice $P, dont les coefficients

D

NMP indiquent l'intensité avec laquelle le décideur perçoit l'importance du critère P pour l'unité N par

rapport à celle pour l'unité M ; pour la réalisation de la politique de l'unité supérieure. Les

deux unités comparées appartiennent au même niveau hiérarchique de l'organisation. Comme lors de l'étape précédente, la méthode AHP est utilisée pour estimer, à partir de la matrice

$P, le poids qui représente l'importance de chaque unité, appartenant à un même niveau,

14

Une fonction utilité marginale correspond à la fonction utilité d’une entité.

15 Voir la partie 3.7.3.2 de ce chapitre.

dans la réalisation du but associé au critère P. La procédure que nous venons de décrire est

appliquée à tous les niveaux d'unités.

(WDSH: Pour chaque unité, une fonction objectif partiel est élaboré. Cet objectif partiel est obtenu par

la somme pondérée des critères ; le poids associé à chaque critère correspond au produit du poids associé à l'importance de la contribution de ce critère dans la réalisation de la politique générale de l'unité, et de celui associé à l'importance de l'unité pour ce même critère.

(WDSH: La fonction objectif du problème de budgétisation de l'organisation est obtenue en sommant

l'ensemble des fonctions objectif partiel. Ces dernières fonctions peuvent être pondérées selon l'importance que le décideur attribue aux unités ; un même poids est affecté à toutes les unités appartenant à un même niveau de l'organisation.

 ([WHQVLRQ

Sinuary-Stern [SINUANY-STERN 1993] a étendu ce modèle au cas de planification de budget sur plusieurs périodes. Pour chaque période, un réseau est construit à partir du modèle présenté dans les paragraphes précédents auquel le nœud associé à une situation d'économie est retiré. En effet, la part du budget non utilisé en une période donnée est ajoutée à la somme prévue pour la période suivante. Les réseaux ne sont pas nécessairement identiques ; le niveau de détail de la structure hiérarchique du système peut varier selon les périodes.

Tous ces réseaux sont connectés à un nouveau nœud ; ce nœud correspond au budget global alloué pour l'ensemble des périodes considérées dans la planification. Les arcs ajoutés représentent les périodes. Dans ce nouveau réseau, un type supplémentaire de contraintes est ajouté. Il concerne la part de budget prévu pour une période et qui n'a pas été allouée. Cette part devient alors disponible pour la période suivante.

La fonction objectif à maximiser dans ce nouveau problème s’obtient en sommant les fonctions objectif calculées pour chaque période ; ces fonctions sont pondérées par l’importance relative accordée à chaque période. Ces poids sont calculés comme tous les autres poids du modèle en utilisant la méthode AHP.