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Revanche sur la vie

Dans le document IMC, et alors! Marie-Claude BERTRAND (Page 49-55)

L’écriture à toujours fait partie de ma vie, c’est ma drogue, mon oxygène, mon exutoire, dès que j’écris, je me sens vivante et libre.

Pourtant même dans mes rêves les plus fous, moi Marie-Claude !!! je n’aurais jamais imaginé pouvoir, un jour, tenir en mains mon propre livre ! Ce samedi 24 Août 2014 restera gravé à tout jamais dans ma mémoire !

Un livreur sonna à la porte et déposa un carton, dès que je l’ouvris, je ressentis un mélange de fierté et de bonheur en découvrant mon premier livre « Émotions » (un recueil de poèmes) ; en le feuilletant, une immense émotion me submergea, mais surtout je lus une grande admiration dans les yeux de mes parents.

Moi, Marie-Claude, celle qu’on prenait souvent pour une débile mentale en raison de ses difficultés d’élocution venait de publier son premier livre !!! L’écriture est entrée dans mon existence vers l’âge de 10-12 ans quand mes parents m’ont offert ma première machine à écrire.

J’ai toujours ressenti le besoin d’écrire, pour moi c’est aussi vital que de manger ou de respirer, c’est mon échappatoire ; les mots sont des couleurs et chacun de mes textes sont des tableaux, des mises en scène de ma vie.

Très jeune je rêvais de devenir écrivaine, pour moi c’était un rêve inaccessible !

Dans les années 85-86, j’ai même participé à un concours de poésies, remportant la troisième place de ma catégorie « Jeunes talents ».

Me voilà partie pour Toulouse avec mon père, très heureuse d’avoir obtenu ce classement. Mais lors de la cérémonie de remise des prix, le président du jury s’avance vers moi et me dit ceci :

« Mademoiselle si nous avions su, que vous étiez une personne en fauteuil roulant nous vous aurions décerné le premier prix de votre catégorie. ». Je quittais l’assemblée sans prendre mon prix, « en quoi mon handicap avait avoir avec mes talents de poète !!! ».

Après cet épisode, je ne fis plus aucun concours, j’ai continué à écrire avec des périodes plus ou moins créatives suivant mes sources d’inspiration ! Ce n’est que bien des années plus tard que j’arrivai à analyser cet événement. Le jury avait jugé mon talent, je devais donc poursuive dans cette voie !

En 2009 j’entre à nouveau dans une période très créative, mais voilà un grand manque de confiance en moi m’empêche de mener à bien mes projets.

En 2010 je rencontre Claude, un chauffeur de bus TPMR (Transport pour Personnes à Mobilité Réduite), comme moi, il est amoureux des mots et entre nous se noue une belle amitié. Claude va m’aider à reprendre

confiance en moi, à croire en mon talent, grâce à lui tout s’accélère, tout s’enchaîne en quelques mois. Claude me présente José (un non-voyant) personne extraordinaire et musicien bourré de talent.

– Marie-Claude tu as du talent ! Tu dois continuer à écrire, un jour tu seras publiée, tu verra ! On va faire une émission radio avec toi.

– Vous voulez faire une émission avec moi ? Vous vous foutez de moi ou quoi ? Vous n’avez pas entendu mes difficultés d’élocution ?

– Et alors, t’inquiète pas, je lirai moi-même tes textes, toi tu présenteras, c’est tout.

– C’est tout !!! pour moi c’est beaucoup.

Pour que je sois plus à l’aise, Claude me proposa d’enregistrer l’émission chez moi. A ma grande surprise ma voix sortie très bien au micro !

Ce fut d’ailleurs mon premier déclic, ma voix n’était pas aussi vilaine que cela, c’est à partir de ce jour-là que je n’en ai plus eu honte.

Cette émission fut le déclencheur de beaucoup de choses et le début de la prise de conscience de mes possibilités créatrices, de ma reconstruction personnelle et peu à peu je repris confiance en moi.

Novembre 2013, je me remets à écrire, j’écris beaucoup, je publie de temps en temps des poèmes dans un journal local, histoire de me faire connaître.

Janvier 2014, Claude nous quitte. Pour lui rendre hommage, je décide de tenter ma chance, j’envoie mon manuscrit de poèmes à plusieurs maisons d’éditions, sans y croire vraiment.

Trois mois passent et le vendredi 11 Avril 2014, le soir,

en rentrant d’une réunion, je découvre sur mon ordinateur l’e-mail d’un éditeur, m’annonçant que mon manuscrit avait été sélectionné et que j’allais être publiée. A partir de là tout s’enclenche : choix des textes, correction, maquette ; nous échangeons régulièrement des e-mail avec l’équipe qui me fait confiance. Fin juillet la maquette est bouclée et part à l’impression, puis arrive ce 24 Août 2014 où j’ai enfin entre les mains mon livre « Émotions » ! Mon rêve c’est enfin concrétisé !!!

Moi Marie-Claude l’handicapée, moi l’autodidacte qui n’a aucun diplôme, j’a enfin un vrai statut, je suis auteur, je suis reconnue pour ce que je fais !!! Pour moi ce livre est une véritable revanche sur la vie, beaucoup de personnes ne croyaient pas en moi ! J’avoue que moi-même, je n’y croyais pas vraiment !!!

Personne ne peut imaginer la fierté que j’ai ressentie en vendant mon premier livre, gagner un peu d’argent par mon travail représente énormément à mes yeux. Ne plus être totalement une assistée de la société, c’est aussi cela ma revanche !!!

La promo de mon livre commence, mes premiers lecteurs apprécient, les retours sont positifs.

Mardi 25 Novembre 2014, c’est ma première dédicace officielle, j’ai tenue à ce qu’elle ait lieu dans les locaux de l’APF à Castres car c’est dans cette ville que j’ai suivi toute ma scolarité.

J’ai très peu dormi, je suis stressée, car c’est une journée importante pour moi ! J’ai convié mes amis de l’APF, des anciens salariés de mon école ainsi que mon ancien instituteur M. Muron qui a répondu qu’il serait présent. J’ai le stress, je n’ai jamais trouvé aussi long les

45 km qui séparent Albi de Castres.

Ma dédicace marche bien, mon livre reçoit un bon accueil. Mais mon plus beau succès, ma plus belle récompense, ce sont les félicitations de mon ancien instituteur et la fierté que j’ai lu dans ses yeux et dans ceux de mes parents !

Cette journée restera à tout jamais gravée dans ma mémoire et dans mon cœur, M. Muron avait raison on peut toujours mieux faire dans la vie ! Je ne sais pas ce que la vie me réserve, et je n’ai pas la prétention de devenir un jour un grand écrivain, ni d’avoir le prix Goncourt ; mais aujourd’hui je sais que j’ai enfin trouvé ma voie et que grâce à l’écriture je suis quelqu’un ! Comme quoi une autodidacte peut réussir dans la vie, le handicap n’empêche pas de faire des choses, il faut osez, l’essentiel c’est d’y croire.

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Dans le document IMC, et alors! Marie-Claude BERTRAND (Page 49-55)

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