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9 Bibliographie Ouvrages :

10.6 Retranscription de l’entretien N°5

Enseignante depuis 35 ans

J’ai tout d’abord quelques questions générales pour situer un peu votre parcours. Quand est-ce que vous avez commencé à enseigner ?

Alors depuis 1978.

Et où est-ce que vous avez enseigné ?

Alors d’abord dans le canton de Neuchâtel, à Cernier et ensuite ici au Plateau de Diesse, mais 12 ans à Cernier.

Et les degrés que vous avez eus ?

Alors c’était première, deuxième au début et ensuite j’ai eu envie d’un changement et j’ai pris des troisièmes, quatrièmes. Ça fait quatre ans que j’ai des troisièmes, quatrièmes.

D’accord, on va passer maintenant aux questions sur l’autorité, alors que pensez-vous lorsque je vous dis : “ autorité de l’enseignant aujourd’hui ? ”

C’est difficile en effet…

Déjà peut-être dans votre classe, est-ce que vous avez des règles de vie, comme ça se passe au niveau des règles ?

Oui absolument, d’entrée il y a des règles.

Est-ce que ces règles sont inscrites dans la classe ?

Oui alors on a un contrat d’école, qu’on fait lire aux enfants, on leur donne leurs droits et leurs devoirs et on les travaille beaucoup en début quand on les reçoit et après je fais les règles de vie qu’on affiche quelque part.

C’est vous qui les faites, ou c’est les enfants ?

Alors je les fais et après avec le conseil de classe on peut en rajouter. Mais les règles de base je les fais.

Est-ce que ça marche bien au niveau des règles ? Est-ce qu’elles sont respectées ?

Alors on les rappelle, y a des périodes… Tout est souvent par période. Il y a des périodes où ça va très bien, et puis d’autres périodes non, alors on les remet en évidence, elles sont sur des pancartes et je peux ressortir les pancartes.

Est-ce que vous donnez des punitions ? Comment ça se passe au niveau des sanctions ?

Je ne suis pas très punitions, il me semble qu’avec l’expérience…on en met toujours plus, les enfants s’habituent, je n’aime pas trop. Mais bon ça se signale et ça se discute.

Vous privilégiez les discussions ?

Oui, on en parle et on remet les pendules à l’heure. Est-ce que vous le signalez aux parents ?

Pas toujours, si c’est quelque chose de grave ou qui arrive beaucoup, mais je crois qu’il y a un contrat de confiance entre les élèves et nous et si c’est une petite chose…

Et est-ce que vous auriez une anecdote qui démontre une relation respectueuse et irrespectueuse que vous avez vécue entre un élève et vous ?

Irrespectueuse, je ne peux pas dire, je n’ai pas l’impression. Et dans le respect il y a beaucoup de genres de choses, mais une anecdote comme ça, c’est difficile. Il y a peut-être l’enfant qui vient me demander régulièrement comment je vais, je trouve que c’est touchant, on existe aussi en tant que personne.

Et comme vous avez une trentaine d’années d’expérience est-ce qu’au niveau de l’autorité vous avez remarqué des changements depuis le début de votre carrière ? Est-ce que vous avez l’impression que ça s’est dégradé ?

Moi je n’ai pas tellement l’impression parce que je crois que quand j’arrivais, les choses commençaient à se dégrader, enfin à se dégrader je ne sais pas, mais l’autorité absolue du maître, il me semble que quand je suis arrivée dans la fin des années 70, début des années 80, il me semble que ça commençait à bien descendre, et qu’on devait se battre avec nos prédécesseurs.

Quand vous dites-vous deviez-vous battre vous pouvez un peu expliquer ? Peut-être dans le sens se justifier, c’est là que sont apparus les conseils des parents, les parents qui pouvaient venir en classe quand ils avaient envie, et l’enseignant était plus vraiment maître dans sa classe, enfin il était maître oui, mais il y avait toujours le regard extérieur. Mais je dirai que maintenant ça va de nouveau mieux par rapport à cette idée où les parents viennent en classe, il me semble que maintenant il y a un recul, parce qu’on les a beaucoup eus, mais on les avait aussi pour l’aide.

D’accord, et que pensez-vous de l’image de l’enseignant aujourd’hui ? Comment les choses ont-elles évolué ? Est-il un éducateur, un enseignant ?

Je pense qu’il y a un peu de tout, mais j’ai quand même entendu la remarque d’une personne plus âgée qui parlait d’une ville, en disant, mais quand on voit la tenue des enseignants on est un peu inquiet.

Donc la tenue donne peut-être une moins bonne image ? Ouais peut-être, moi je pense.

Comment percevez-vous l’évolution des relations entre enseignants et élèves depuis une cinquantaine d’années ? Est-ce plutôt positif ou négatif ?

C’est difficile à dire, si je vois notre enfance et notre relation au maître, elle n’était pas comme maintenant, on ne se permettait pas, maintenant y a beaucoup de familiarités, mais qui peuvent être touchants, on se raconte des choses qu’on n’a jamais faites avant.

On laisse parler les enfants maintenant, avant c’était vraiment strict, je crois ?

On n’y pensait même pas, on n’était pas là pour ça.

Et selon vous d’où viennent les difficultés de certains enseignants au niveau de l’autorité ?

Dans nos villages, on est protégé, on entend moins ça, alors est-ce que ça vient du fait de la ville que les enfants sont plus livrés à eux même, je ne sais pas.

Est-ce que vous pensez que l'hétérogénéité grandissante des publics d'élèves, de leur rapport à l'école et à l'autorité est devenue un élément de difficulté ?

Je ne sais pas, je ne saurai pas vous dire. Ici on a peu de problèmes, ça arrive de temps à autre, mais c’est rare, moi je n’en ai même pas à évoquer. Puis dans les villages on est des gens connus aussi et généralement les gens nous aiment bien.

Et concernant la tenue vestimentaire, que pensez-vous de l’évolution de la tenue vestimentaire chez l’enseignant et chez l’élève ? Doit-on revenir en arrière ?

Non, mais c’est vrai que négligé ça ne va pas tellement bien dans notre profession, faut quand même faire attention.

Je pense c’est plus avec les plus grands, chez nous on ne peut pas le remarquer. Alors de temps en temps les filles viennent très bien habillées, et on leur dit une petite remarque en disant qu’elles sont très belles, et elles sont heureuses, mais y a pas eu d’extravagances.

Nous parlons souvent d’une “ rupture ” de l’enseignement après la période de mai 68, selon vous qu’est-ce qui a conduit à cette évolution ? Pour vous est-ce positif ou négatif ?

Alors avant il y avait des différences c’est clair, c’est sûr que nous on ne pouvait pas se plaindre de ce qui se passait en classe. On était dans une société où il n’y avait pas de problèmes donc ça m’était égal et ici il n’y a pas grands problèmes donc…

Donc vous n’êtes pas à regretter le passé ?

Non, je crois que les temps changent un peu et l’école à changer aussi.

Et dernière question, que pensez-vous de cette citation “ Certains enseignants regrettent l’école d’autrefois où régnait la discipline et le respect, d’autre aujourd’hui apprécient que les gauchers ne soient plus considérés comme des handicapés. ”

Je peux être que pour, bien sûr. Parce que c’est vrai qu’il y a eu des traumatismes, donc tant mieux. Je pense que l’école a bien évolué. Et puis finalement, l’école c’est aussi celle qu’on fait dans notre classe.

D’accord, et voilà nous avons terminé, je vous remercie pour cette interview.