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7 Comparaisons et analyse intergénérationnelle

7.3 La tenue vestimentaire

L’école a toujours attendu une tenue correcte et décente de la part de ses élèves. La mode évolue, comme en tout temps, et elle dicte les codes vestimentaires à adopter dans la société, donc dans les écoles aussi. La mode d’aujourd’hui diffère de celle d’hier et est peut-être moins acceptée par l’école, car elle est provocatrice. L’école joue un rôle dans la socialisation de l’enfant, il est donc important de l’éduquer sur l’importance de la tenue vestimentaire dans certaines circonstances : à l’école, on ne revêt pas les mêmes habits qu’à la plage, que lors d’entretiens professionnels ou que lors d’une fête entre amis. Ces valeurs véhiculées par la société dans laquelle nous vivons doivent aussi être respectées à l’école, tant par l’enseignant que par l’élève.

Il n’y a donc pas de changement explicite, mais plutôt une rupture liée à l’évolution de la mode, devenue peu conventionnelle. Ainsi, on voit parfois apparaitre dans certaines écoles des règlements concernant la tenue vestimentaire afin de convenir aux attentes de l’institution scolaire ainsi qu’aux attentes de la population générale concernant l’école. La société pose des jugements sévères sur les attitudes non conventionnelles des individus et l’élève peut, à ce moment, par son accoutrement renvoyer une mauvaise image de lui. De plus, certaines tenues peuvent perturber le groupe classe et l’enseignant, chose qui était inexistante avant. Le port de l’uniforme concernant les trois catégories d’enseignants interviewés n’apparaît toutefois pas comme une solution au niveau de la discipline et du respect de l’autorité, et le sentiment par rapport à cette pratique reste assez mitigé.

En conclusion, le changement se fait très remarquer lorsqu’il est question du statut et du rôle de l’enseignant : il semble qu’une rupture soit apparue dans les années quatre-vingt et qu’elle évolue encore dans ce sens. Ce changement, du statut et du rôle de l’enseignant implique une certaine résistance ainsi que des difficultés d’adaptation de la part de professionnels de l’instruction.

Concernant les autres points soulevés dans ma problématique, je constate qu’il s’agit d’une évolution stable au fil du temps. Celle-ci consiste en une adaptation de l’école aux nouvelles attentes, aux nouvelles demandes de la société et aux nouvelles valeurs ou à l’effondrement de certaines valeurs, selon un ou plusieurs enseignants interviewés.

8 Conclusion

8.1 Introduction

Mon travail s’est dans l’ensemble très bien passé. Je n’ai pas rencontré d’obstacles particuliers, tant dans les divers échanges avec des informateurs que dans les entretiens qualitatifs, bien que je sois novice dans l’emploi de cet outil de recherche. En effet, Bourdieu (1993) affirme que pour être de bons enquêteurs il est nécessaire de posséder une grande expérience:

C’est dire que l’enquêteur n’a quelques chances d’être véritablement à la hauteur de son objet que s’il possède à son propos un immense savoir, acquis, parfois, tout au long d’une vie de recherche, et aussi, plus directement, au cours des entretiens antérieurs avec l’enquêté lui-même ou avec des informateurs.

Mon travail n’a pas la prétention d’être exhaustif, mais il relève des éléments concrets de la réalité quotidienne des enseignants.

La conclusion que je donne ne représente pas une réalité indiscutable, mais elle est un début de recherche sur cette thématique apportant quelques éléments de réponse à ma problématique. Au fur et à mesure de ma recherche, j’ai remarqué que l’affirmation

c’était

mieux avant !

est une idée reçue qui interagit beaucoup avec le sentiment de nostalgie. Je peux maintenant préciser à quels concepts le mot

mieux

fait référence quand les enseignants l’utilisent.

 Respectueux : respect de l’élève envers l’adulte.

 Obéissant : l’élève accepte l’autorité.

 Reconnaissance : le rôle et le statut de l’enseignant sont reconnus par l’ensemble de la société.

 Liberté : l’enseignant a le choix de la mise en pratique du programme scolaire. Un autre aspect important de ma réflexion est le caractère utopique de l’utilisation du mot

mieux

concernant le comportement et les qualités de l’élève. Effectivement, il est fort improbable qu’une classe constituée de vingt élèves contienne ou n’ai contenu seulement un profil d’apprenants. Cette représentation est née d’une nostalgie de la part des enseignants plus âgés par rapport au changement de statut. Les enseignants ont parfois de la peine à accepter cela et font un mélange entre ce changement qui les atteint et les différentes évolutions des mœurs (mode vestimentaire, et éducation familiale) ainsi que celles de la société en général.

Cette idée reçue, d’après laquelle les jeunes d’aujourd’hui sont moins

bien

que la génération d’hier passe les âges et traverse les différents siècles :

J’attire votre attention sur ce que recouvre en fait cette affirmation que les enfants d’autrefois valaient mieux que les nôtres. D’abord, elle résulte chez l’adulte de cette tendance généralisée qui consiste à idéaliser le passé. On parle de bon vieux temps que l’on regrette. Mais, lorsque nous comparons les enfants d’aujourd’hui à ceux d’hier ou d’avant-hier en déclarant qu’ils ne valent pas ceux des générations passées, c’est donc que ceux-ci possédaient toutes les qualités que nous voudrions voir être la caractéristique des nôtres ; politesse, gentillesse, amabilité, obéissance ; des enfants ardents à l’étude et au travail, toujours prêts à rendre service et avec ça, reconnaissance de tout ce que leurs parents font pour eux…des façons d’ange en quelque sorte ! Quand nous le prétendons, sans en avoir conscience, quel beau brevet de vertu nous nous décernons ! Puisque, en fait, ces petits saints, c’étaient nous-mêmes !

(Dottrens, 1971)

irréprochables et capables de prendre la relève sans encombre, reviendrait à dire que les aînés étaient moins bons à remplir cette tâche et qu’en quelque sorte ils auraient failli à leur mission. En dénonçant les actes et les dires des jeunes, ils se déchargent d’une certaine responsabilité concernant la société, donc du monde qu’ils ont

créé

et dans lequel ils ont vécu. Et pourtant il est important de poser un regard sur l’éducation qui sera transmise aux enfants.

A la fin de ce travail, je remarque qu’il y a eu un changement conséquent après mai 68 qui a bouleversé les mœurs et la société, mais aussi la manière de faire des enseignants, les moyens pédagogiques se sont ouverts en faveur de l’élève. Cette ouverture a créé une certaine liberté de choix et d’action des parents sur le fonctionnement de l’école, qui a débouché sur une dérive consumériste ayant eu pour conséquence les nombreux changements du système scolaire depuis les années 80 environ, basé sur le besoin croissant de performance et de réussite.