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Dernier entretien avec un membre du comité d'établissement qui est aussi salarié de l'entreprise depuis bientôt quarante ans.

L'intérêt de cet entretien est d'obtenir des informations sur le fonctionnement du comité d'établissement, sur les grands changements qui ont marqué l'entreprise et qui peuvent directement avoir un lien avec notre sujet d'étude; ainsi que sur la façon dont s'est adapté le comité d'établissement à ces changements.

Début de la retranscription :

Interviewer : (I) interviewé: (i)

I : Pouvez vous commencer par me parler de votre fonction au comité d'établissement?

: Alors peut être te parler déjà du comité d'établissement, il est issu des élections professionnelles qui ont lieu tout les trois ans, le personnel élit huit représentants au comité d'établissement. Ce même comité d'établissement délègue la gestion des activités sociales et culturelles au bureau du CE (comité d'établissement) qui est constitué de quatre élus : un secrétaire, un secrétaire adjoint, un trésorier et un trésorier adjoint. Toutes les décisions de gestion courantes du comité d'établissement sont prises en bureau donc entre ces quatre personnes. Si les décisions sont plus importantes ou si le bureau le juge nécessaire, il fait appel plus haut. Au niveau des fonctions après, il faut forcément être titulaire au niveau du code du travail pour être secrétaire ou trésorier du comité d'établissement. I : D'accord, tu peux me faire une rapide présentation des deux volets constituant les fonctions du comité d'établissement.

: Alors, au niveau des attributions économiques, c'est cadré par le code du travail, tout ce qui est suivi des effectifs, du carnet de commandes, tout ce qui touche aux activités économiques, je ne vais pas rentrer dans le détail qui a été récemment redéfini par la loi Rebsamen. Le CE est consulté périodiquement sur des thèmes comme le plan de formation et son élaboration, le bilan de formation, le bilan social, tout ce qui est changement technologique. Les activités sociales et culturelles c'est différent, il y'a déjà un budget qui est équivalent à 2,5% de la masse salariale pour TSA ce qui fait pour le CE de Brest, 1 500 000 euros.

I: Je vois, on va pouvoir rentrer dans un cadre plus précis celui des évolutions des activités de l'entreprise qui ont peut être débouché sur une population différente.

: Ce n'était pas un changement d'activité en fait, c'est un changement de politique industrielle. Il y' a eu à un moment donné il y' a de cela au début des années 1990's Thales s'appelait encore Thompson et a décidé d'emboîter le pas à ce qu'ont fait avant nous les grands groupes américains ou japonais. Ils ont décidé de se séparer de leur production, au niveau de Brest avant, la population c'était

environ 60% d'ouvriers, 20 à 25% de techniciens, 10% d'administratifs et 10% de cadres. On est aujourd'hui à une répartition complètement différente : on doit avoir une quarantaine d'administratifs et vingt ouvriers. Ça a forcément impliqué un changement au niveau du CE, pour deux raisons, la première elle est simplement économique dû au changement de salaire qui a fortement augmenté, on a remplacé des ouvriers par des ingénieurs. C'est une population qui n'a pas forcément les mêmes loisirs que les ouvriers et les techniciens, ils sont plus axés vers du loisir, bon ça ne concerne pas LEA mais du loisir plutôt individuel. On a vu qu'avant on avait trois équipes de football, aujourd'hui il y' a plein de jeunes mais il n' y a plus de football, les jeunes ingénieurs ce qui les intéresse c'est le kite surf, c'est le wake board. Ce n'est peut être pas que la population, c'est la demande de loisirs qui a aussi évoluée liée à leur statut.

I: Ça se sentait aussi au niveau des voyages en famille?

: Non pas spécialement, lors de la dernière enquête qu'on a fait au mois de juin l'année dernière, les demandes concernaient des voyages plus lointains et les gens précisaient qu'ils étaient prêts à mettre plus d'argent...ce qui n'est pas forcément dans notre politique, on veut proposer des voyages accessibles à tous donc si on propose des voyages à 3000 euros, on aura pas forcément tout le monde même si il y' a une aide du CE.

I: Au niveau des prestations pour les enfants, t'as l'impression que ça a évolué un petit peu ou que ça a changé?

: Si ça a changé car je pense que les enfants sont beaucoup plus exigeants qu'avant, du temps de l'ancienne commission, on faisait un séjour roulottes, tout le monde était content. On a l'impression qu'aujourd'hui il faudrait les amener à l'autre bout du monde pour qu'ils soient contents. L' ASPEP qui était l'ancienne commission du coup, proposait comme dernier séjour l'Irlande ou la neige.Quand tu discutes avec les anciens animateurs de l' ASPEP qui étaient aussi des salariés de l'entreprise, ils te diront qu'à la fin les voyages en Irlande ça ne les satisfaisait plus. Ils avaient un niveau d'exigence qui avait passé un cap parce que sans doute qu'ils ont plus d'opportunités avec leurs parents que n'en avait l'ancienne population, tu comprends. Les vacances c'était différent, aujourd'hui il y'a plein de gens qui partent en famille, en avion, à l'autre bout du monde. Les enfants bon j'exagère mais si ils reviennent de New York, tu les envoies en Irlande bon..

I: D'accord et j'aimerais en revenir à cette ancienne commission l' ASPEP, une question, il y' avait déjà du remboursement pour les activités ?

: Ça a toujours été ainsi, on a toujours admis qu'il puisse y' avoir des remboursements de séjours individuels au même titre que les loisirs vacances où tu peux privilégier un remboursement de séjour individuel mais on a toujours veillé depuis toujours que ce soit moins avantageux pour les gens pour les inciter à prendre plutôt une activité qu'un remboursement, plutôt que de l'argent. Le CE n'a pas comme vocation à redistribuer 1500 euros par salarié.

I: Il me semble aussi avoir entendu qu'à l'époque de l' ASPEP, les voyages pour les enfants, ce n'était pas quasiment pas payant et que c'était sous forme de cadeau, je voulais te demander confirmation.

: C'était payant quand même après je ne me souviens pas vraiment, je n'étais pas encore au comité à l'époque.

I: D'accord ça ne fait rien, pour en revenir à la commission actuelle, un des vrais problèmes est le manque de connaissance de la demande, des attentes, comment faites vous pour proposer des voyages en prenant ce domaine comme exemple.

: On avait fait une enquête l'an dernier qui faisait état d'une demande de loisirs de proximité dans l'ensemble et j'ai pu voir aussi dans ce que tu as commencé à écrire que les gens voient les séjours aussi comme un mode de garde.

I: Les gens ici le voient un peu comme ça oui, ceux qui utilisent par contre ont une conception du loisir pour leur enfant et voient peut être plus le côté animation et loisirs

:Après si les gens ne les envoient pas en colonie pourquoi pas, mais après à moins d'avoir de la famille, le centre aéré ça reste très cher ce n'est pas forcément avantageux. Mes propres filles ont pour plus de 400 euros par mois de centre aéré et en plus de ça il n'y a pas grand chose niveau activités. C'est aussi peut être une réalité, quand on a fait l'enquête, les gens nous parlaient de proximité, c'était peut être ça je ne sais pas..C'est vrai que dans une famille, quand les deux travaillent, c'est problématique de faire garder tes enfants hors période scolaire. Tu as plein de gens ici qui gardent des congés pour les vacances de février pour ne pas avoir à payer de garderie ou autre.

l'année. C'est vrai qu'après si les colonies de vacances ne rencontrent pas d'affluences, il faudra peut être se demander si c'est une prestation adaptée au public de l'entreprise.

: Après le CE n'a jamais eu comme vocation de faire des chèques mais de proposer des activités tu vois sur le budget total, il y' a déjà quasiment la moitié qui est une aide directe pour les salariés, entre les chèques vacances, les chèques cadeaux, la billetterie sportive même tu as des aides directes. Si tu calcules tout ça là ou le CE n'a pas de valeur ajoutée, c'est directement de la redistribution d'argent et ça représente quasiment la moitié du budget. Notre orientation ça n'est pas d'augmenter cette part là, parce que si tu continues à augmenter cela on va supprimer des postes et tu fais du tiroir caisse.

I: J'avais fait des recherches sur les remboursements faits en 2015 par le CE pour les séjours enfants,cela représente 160 remboursements.

: C'est beaucoup comparé aux 140 enfants qu'on amène en séjour, avec l'ancienne commission, il y' avait plus d'enfants qui partaient j'ai l'impression. Il y' avait aussi plus sans doute de cohésion si tu veux, les enfants d'une tranche d'âge si tu veux avaient un ou deux choix mais c'était seulement Brest, c'était différent du CIE donc tu as des enfants qui avaient le choix entre la neige et l' Irlande et qui se concertaient. Je ne suis pas sûr que l'on retrouve cela aujourd'hui, les affinités se font avant les séjours, il y'a des gens qui ont des affinités à l'extérieur qui demandent si le fils d' intel va venir. Il y'avait plus de continuité avec l'ancienne commission, les tranches d'âge se suivaient si tu veux avec les encadrants aussi. Tout les salariés qui voulaient passer le diplôme étaient financés par l'entreprise mais après ils n'étaient pas tous faits pour ça, tu mets des adolescents avec des gens de quarante ou cinquante ans, on est déjà plus dans le rapport parent enfant.

I: Il faut renouveler en effet

: Il y' avait les deux tout de même à l'ASPEP, des salariés ou des gens de l'extérieur quand on n'avait pas assez de monde en interne, ou souvent des enfants des salariés.

I: J'avais entendu parler par rapport au basculement vers la nouvelle commission que c'était aussi dû à un changement syndical, un changement de politique.

I: Le basculement s'est fait à la suite de quoi du coup sans rentrer dans les détails?

: Ça devenait difficile d'organiser seul des séjours en autonomie, au niveau de la disponibilité des gens, qu'ils soient d'accord de le faire. Ça a été parfois compliqué au niveau interne suite à des désistements qu'on se retrouve sans directeur pour des séjours, ça a amené le CE à revoir sa politique.