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Quelle est la place de la sanction et de la punition dans l’accompagnement des jeunes en difficulté ?

Pour répondre à notre question de recherche, nous pensons pouvoir affirmer que la sanction, comme la punition ont pour objectif de transmettre les éléments du cadre et de les faire respecter. Cependant, ces deux principes n’utilisent pas les mêmes biais pour mettre en lumière les composantes du cadre. La sanction semble être dotée d’une dimension pédagogique plus marquée que la punition. En effet, elle paraît plus adaptée et ouverte à concevoir et prendre en compte les besoins de chaque protagoniste de la situation. De surcroît, la sanction, contrairement à la punition, peut être utilisée de manière positive comme négative. Ainsi, elle ne prend pas

uniquement la forme d’une méthode de « réprimande » mais se manifeste plutôt comme un outil qui met en lumière les conséquences liées aux actes rencontrés. De ce fait, son domaine d’application est bien plus étendu que celui de la punition. Selon nous, les avantages de ce modèle sont notamment que les jeunes sont impliqué·e·s et fixent avec l’équipe éducative les conditions de réparation de leurs actes. Ainsi, c’est dans une démarche d’implication et de responsabilisation que sont attendu·e·s et entendu·e·s les jeunes. Effectivement, cela peut être bénéfique lorsque les adolescent·e·s y mettent du leur, car ce sont elles et eux, accompagné·e·s par l’équipe éducative, qui mettent du sens derrière les réparations choisies. Il ne s’agit pas de punir mais bien de faire prendre conscience de l’acte, moyen intéressant de faire passer les éléments du cadre et de la norme, dans une démarche de libre choix.

D’autre part, nous avions relevé, dans notre cadre théorique, qu’en cas de châtiments corporels répétés, le corps pouvait s’habituer à la douleur provoquée par ceux-ci. Ainsi, nous pensons pouvoir faire le parallèle avec des punitions d’ordre plus symboliques. En effet, il se pourrait que l’esprit s’habitue aux sentences de la punition et que ces dernières, à terme, n'aient plus d’effet sur l’individu endolori.

Pourtant, nous avons appris que dans certaines situations, le caractère urgent de celles-ci, le manque de ressources des professionnel·le·s et le fait d’être parfois submergé·e·s par les émotions, peut empêcher les éducateurs ou éducatrices à prendre le recul nécessaire pour pouvoir poser une sanction réfléchie. Néanmoins, cela peut naturellement se produire de manière ponctuelle pour tout un chacun, ce qui ne remet pas pour autant en question la qualité et la pertinence de l’accompagnement éducatif.

PISTES DINTERVENTIONS

Etoffons notre boîte à outils !

Comme éventuelles pistes d’interventions possibles pour le travail social, nous pensons qu’il pourrait être pertinent de clarifier et d’unifier le sens mis derrière les termes de sanction et de punition. En effet, pour construire ce travail, nous avons dû nous pencher sur de multiples lectures et nous ne pouvons pas affirmer que celles-ci proposent toutes les mêmes visions et conceptions de ces termes. De plus, nous n’avons pas bénéficié de cours abordant ces thématiques dans notre cursus académique ce qui n’a pas facilité nos recherches.

C’est de ce fait assez naturellement que nous souhaiterions proposer, comme piste d’action, la possibilité de familiariser et de former les étudiant·e·s en travail social à plusieurs outils éducatifs, telle que la sanction éducative dans une dimension comparative avec la punition, ce qui leur permettrait d’étoffer leur boîte à outils.

Il est à relever que, dans les institutions où nous nous sommes présentées pour faire passer les entretiens, nous avons eu la chance de rencontrer des professionnel·le·s formé·e·s ou sensibilisé·e·s à la thématique de la sanction éducative. Celles-ci et ceux-ci ont relevé que les institutions dans lesquelles elles et ils travaillent ont eu la curiosité de s’intéresser à l’outil de la sanction éducative et en prenant du recul après y avoir été sensibilisé·e·s, ces professionnel·le·s considèrent comme regrettable, le fait que les principes de la sanction éducative ne soient pas rendus visibles dans le contexte académique environnant.

Aussi, nous nous permettons de soulever que, selon nous, les travailleurs sociaux et travailleuses sociales fraîchement dipômé·e·s éprouvent une certaine pression lorsqu’elles et ils se lancent

professionnellement. Cela nous semble normal du fait que les professionnel·le·s du travail social sont leur propre outil de travail. Seulement, nous considérions qu’offrir aux étudiant·e·s une palette d’outils plus large lors de leur formation pourrait peut-être les aider à amoindrir cette pression ressentie. Nous pensons également que bénéficier de ces connaissances plus vastes pourraient les aider à soutenir et légitimer les stratégies et méthodes éducatives employées, lors d’échanges d’opinions sur les pratiques d’accompagnement, ainsi que pour clarifier la pose d’actes éducatifs et les raisons de leur contenu auprès des bénéficiaires.

De plus, nous trouverions pertinent que les institutions réalisent davantage d’intervisions motivées par l’intérêt d’échanger sur les pratiques et outils en vigueur ainsi que d’exposer le contenu et les effets de leur pédagogie institutionnelle. Ainsi, nous pensons que cela pourrait, entre autres, permettre de compléter les formations des « ancien·ne·s » qui ne retourneront pas sur les bancs d’école ; de diversifier l’offre d’accompagnement du canton ; de réorienter plus adéquatement les jeunes qui doivent changer d’institution selon leurs besoins et leurs caractéristiques. De plus, les institutions pourraient s’inspirer des stratégies positives qu’elles repèreraient lors de ces rencontres.

Donnons la parole aux jeunes !

Après l’élaboration de nos entretiens, nous avons été surprises de constater que les jeunes avaient de bonnes capacités réflexives et que leur remarques ou suggestions avaient été très pertinentes. De ce fait, nous percevons une piste d’intervention autour de leur implication dans le fonctionnement institutionnel et les règles à établir au sein des foyers.

Nous pensons qu’il pourrait être réalisable d’organiser des « colloque jeunes-éducs » afin de permettre aux adolescent·e·s de faire part de leurs remarques, suggestions, améliorations et critiques par rapport au fonctionnement du foyer. Effectivement, nous pensons que durant ces moments d’échanges, les participant·e·s auraient l’espace pour exprimer ce qui ne leur convient pas mais pourraient également relever les fonctionnements observés qui sont appréciés. Selon nous, cette piste d’intervention permettrait de réattribuer un peu de pouvoir aux jeunes, car, bien que ce lieu de vie soit temporaire pour ces derniers et dernières, nous pensons que ces adolescent·e·s doivent s’y sentir comme chez elles et eux.

De plus, nous supposions que le fait que les jeunes puissent participer à l’élaboration et la négociation des règles institutionnelles pourrait développer une plus grande motivation et implication chez ces dernières et derniers. Effectivement, cela leur permettrait de se sentir acteurs et actrices de leur placement et pourrait être un facteur facilitateur pour l’intériorisation et le respect des normes institutionnelles et sociétales.

De surcroît, puisque chacun·e serait à même de donner son regard sur la vie en foyer, nous pensons que la relation professionnel·le-jeune deviendrait plus horizontale, durant ces moments, et cela pourrait permettre aux éducateurs et éducatrices de sortir de leur schéma de toute puissance. Nous imaginons que l’animation de ces rencontres pourrait être menée alternativement, tant par les professionnel·le·s que par les adolescent·e·s.

Pour pousser la proposition plus loin, nous imaginons qu’il serait intéressant de proposer pour les personnes ayant des difficultés à s’exprimer face à un groupe, une boîte à critiques et à idées qui permettrait de garder l’anonymat de la personne ayant émis le message. Cela serait une opportunité supplémentaire pour permettre à tout un chacun de s’exprimer, en utilisant le biais qui leur convient.