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6. DISCUSSION

6.1 Retour à la question de recherche et aux objectifs

La question de recherche abordée précédemment est la suivante : quelle pourrait être la contribution de l’ergothérapie dans l’autogestion des maladies chroniques, telles que le diabète et la MPOC, chez une clientèle adulte? Celle-ci a mené à l’élaboration de deux objectifs de recherche. En effet, cette étude vise premièrement à valider la pertinence d’interventions ergothérapiques recensées dans les écrits scientifiques concernant l’autogestion des maladies chroniques. À la lumière des résultats, les interventions ergothérapiques qui sont considérées les plus pertinentes pour les personnes atteintes du diabète selon les participants de l’étude concernent : la réflexion par rapport à l’impact des activités et de l’horaire occupationnel sur la santé, la gestion de la fatigue, l’approche motivationnelle pour favoriser les changements dans les habitudes de vie, l’intégration de l’activité physique dans la routine, la formulation d’un plan d’action, l’établissement d’un horaire occupationnel stable et satisfaisant et l’approche Lifestyle Redesign. Les habiletés du MCHCC concernées par ces interventions sont : coacher, éduquer, engager, collaborer et adapter. En effet, les cinq habiletés abordées dans le cadre conceptuel sont alors pertinentes dans le champ de pratique de l’autogestion du diabète. Ensuite, les interventions les plus pertinentes concernant la MPOC sont les suivantes : la réflexion par rapport à l’impact des activités et de l’horaire occupationnel sur la santé, la gestion de la fatigue, l’approche motivationnelle pour favoriser les changements dans les habitudes de vie, l’établissement d’un horaire occupationnel stable et satisfaisant, l’approche Lifestyle Redesign, l’enseignement de stratégies de résolution de problèmes et finalement la formulation d’un plan d’action. Les habiletés de l’ergothérapeute concernées par ces interventions sont : coacher, éduquer, adapter et collaborer. Ces interventions, qui sont considérées les plus pertinentes par les participants, forment une proposition de l’implication possible des ergothérapeutes chez ces deux clientèles en soins primaires. De plus, la

pertinence de ces interventions qui visent l’habilitation des personnes atteintes de maladies chroniques, telle qu’appréciée par les participants, fait valoir que l’habilitation aux occupations est inhérente à ce champ de pratique.

Ensuite, le deuxième objectif concerne les principaux facilitateurs et obstacles à l’intégration de l’ergothérapie dans les services offerts auprès des adultes atteints de maladies chroniques. Les résultats de l’étude font valoir que plusieurs obstacles et facilitateurs influencent l’intégration des ergothérapeutes dans ce champ de pratique au Québec. Les obstacles qui ont été mis en évidence par les participants font majoritairement partie de la catégorie du contexte organisationnel. En effet, ceux abordés les plus fréquemment par les participants comprennent les limites budgétaires, le fait que les ergothérapeutes soient vus comme des professionnels intervenant avec des clientèles lourdement handicapées, la pénurie d’ergothérapeutes, le fait que peu d’ergothérapeutes soient impliqués actuellement en première ligne ainsi que la méconnaissance du rôle de l’ergothérapeute dans l’autogestion des maladies chroniques.

Pour ce qui est des principaux facilitateurs, plusieurs ont été abordés par les participants dans les catégories du contexte organisationnel et de la pratique ergothérapique. Premièrement, concernant le contexte organisationnel, la formation initiale comprenant la maîtrise et les modèles de pratique développés, entre autres, en Ontario ont été mis en évidence. D’autre part, les facilitateurs liés à la pratique en ergothérapie comprennent l’analyse fonctionnelle centrée sur le quotidien, les interventions holistiques et diversifiées ainsi que les compétences pour le travail en équipe.

Ensuite, plusieurs pistes de solution ont été abordées par les participants afin de favoriser l’intégration des ergothérapeutes dans les services visant l’autogestion des maladies chroniques et ainsi contrecarrer certains obstacles abordés précédemment. Les solutions possibles comprennent le développement de projets pilotes et de données probantes sur le sujet et la promotion du rôle de l’ergothérapeute dans ce champ de pratique. De plus, l’implication d’ergothérapeutes ou de professionnels croyant en la pertinence de l’ergothérapie dans des postes d’influence peut également aider à l’intégration des ergothérapeutes. Finalement, les

participants ont abordé la pertinence que les ergothérapeutes impliqués en premier lieu dans ce champ de pratique fassent preuve de confiance et de leadership.

Plusieurs facteurs identifiés dans la présente étude vont dans le même sens que ceux identifiés par McColl et ses collaborateurs (2009) ainsi que Donnelly, Brenchley, Crawford et Letts (2013). Premièrement, McColl et ses collaborateurs (2009) abordent plusieurs facteurs qui soutiennent ou entravent l’intégration des professionnels de la réadaptation dans les soins primaires. Plusieurs facteurs, comprenant le travail d’équipe, la connaissance des rôles des autres professionnels de l’équipe et l’attitude des membres de l’équipe, sont également abordés par ces auteurs. De plus, ceux-ci ajoutent entre autres l’importance du développement d’une relation entre la réadaptation et les soins primaires et de la confiance entre les professionnels impliqués parmi les facteurs influençant l’intégration des professionnels de la réadaptation. Enfin, McColl et ses collaborateurs (2009) indiquent également, à titre de piste de solution, que les professionnels de la réadaptation doivent planifier et offrir des services sur une base populationnelle dans les services de soins primaires.

D’autre part, concernant l’étude de Donnelly, Brenchley, Crawford et Letts (2013) qui aborde les facteurs influençant l’intégration des ergothérapeutes dans les équipes de santé familiale en Ontario, plusieurs facteurs semblables à ceux de cette étude sont abordés. Premièrement, ces auteurs mettent en évidence, tout comme les participants de la présente étude, l’importance de la compréhension du rôle de l’ergothérapeute par les autres membres de l’équipe. Plusieurs stratégies étaient utilisées afin de faire la promotion du rôle de l’ergothérapeute, dont des brochures, des présentations et des activités de recherche et d’enseignement. De plus, ces auteurs ont également abordé l’attitude des médecins face à la collaboration en équipe. Finalement, comme mentionné précédemment dans les pistes de solution, le succès des programmes de gestion des maladies chroniques améliore la collaboration en mettant en évidence les bénéfices de l’intégration des ergothérapeutes dans le programme (Donnelly, Brenchley, Crawford et Letts, 2013).