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Chapitre 3 : Enquête sur les étudiants internationaux à l’INRS

3. Le retour au pays

Si la plupart des étudiants projettent éventuellement s’établir au Canada ou dans un autre pays où ils pourront intégrer une niche académique ou professionnelle spécialisée, d’autres étudiants mentionnent vouloir retourner dans leur pays d’origine, ou du moins dans leur région d’origine (ex. Europe), et ce, pour différents motifs. Nous avons partagé ces motifs entre trois groupes : la nécessité de se rapprocher de la famille ou des habitudes familières laissées derrière, l’intérêt de s’investir dans le pays d’origine et le retour comme dernière option ou comme obligation.

Cela dit, dans la majorité des cas, ce projet de retour est plutôt envisagé sur le long terme. Oui, bien sûr, [je voudrais revenir vivre dans mon pays d’origine] bon… je pense, après 10 ans peut-être définitivement. (EMT-Bonaventure)

Dans le futur oui [je compte revenir dans mon pays d’origine]. Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais éventuellement oui. (IAF)

I love my country, I love the weather so. I love to go back in the future. I don’t know the year. (EMT-Bonaventure)

[Si je reviens dans mon pays d’origine, ce sera] à la retraite. (UCS)

Par ailleurs, pour plusieurs étudiants, l’acquisition de compétences en anglais, les expériences de voyage ainsi que la consolidation d’une carrière professionnelle devront être préalables au projet de retour.

Je ne veux pas rentrer dans mon pays parce que je n’ai pas assez voyagé. (ETE)

Je dois partir aux États-Unis pour une année. Dans le domaine de la. Il y a le contrat et le travail que j’aime beaucoup, mais ce qui m’anime beaucoup plus c’est le fait que je vais pouvoir apprendre l’anglais. C’est incontournable, il faut l’anglais aujourd’hui. Il faut être bilingue. On ne peut pas se limiter seulement au français. Même si je veux rentrer dans mon pays plus tard il faut que je sois, que je maitrise un peu l’anglais pour que je puisse avoir un autre emploi plus intéressant que ce que j’avais dans le bureau des statistiques. (UCS)

Bien, après mes études à l’INRS, je veux bien partir dans une zone anglophone. Par exemple j’ai en tête l’ouest du Canada ou les États-Unis parce que je veux vraiment améliorer mon anglais et puis voilà. Parce que moi mon objectif final après c’est de travailler chez moi. L’objectif final pour moi c’est de rentrer au Sénégal, mais je veux quand même apprendre, avoir de l’expérience. Quand je dis rentrer au Sénégal, je ne parle pas d’à court terme, Plus à moyen terme. D’ici 10 ans, 15 ans. Et quand je rentre au Sénégal je veux bien travailler, développer mon projet. Réfléchir bien sur mon projet avant de rentrer. Et puis professionnellement être solide, et financièrement être solide pour pouvoir rentrer au Sénégal. (ETE)

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Se rapprocher de sa famille et revenir à un mode de vie familier

Parmi les étudiants qui ont précisé explicitement les raisons de leur projet de retourner dans leur pays ou région d’origine, notons l’éloignement par rapport à la famille et la nostalgie associée aux habitudes familières.

Bien normalement c’est ce que j’avais envisagé, dès que je finirai mon doctorat je pourrai rentrer en Algérie pour travailler là-bas. Parce que je ne peux pas vivre loin de ma famille. (IAF)

Et puis pour le post doc je ne sais pas si j’ai envie encore de continuer ici ou pas. Ça va dépendre de plusieurs facteurs. Toute ma famille est en France donc je pense que ça va jouer d’une centaine façon, mais je ne sais pas encore dans quelle mesure. (XXX, ETE) Se rapprocher de sa famille ne signifie pas nécessairement retourner dans le pays où vit cette dernière. Parfois, comme dans le cas d’un étudiant (IAF), il s’agit de trouver une localisation qui minimise la distance et qui satisfasse simultanément ses projets professionnels.

Généralement je mets plus de points sur le personnel donc il va falloir que je retourne en Europe pour le côté personnel. Ici on n’a pas les proches, on n’a pas les amis, je survie il n’y a pas de problème à ça et je ne déprime pas pour autant. Il y a des périodes, mais sinon je sais que je pourrais faire sans. Après, si on se projette après de fonder une famille, il faut que la famille connaisse l’autre famille. C’est surtout ça qui me pousse à retourner en Europe. C’est personnel. Si je prenais le côté personnel [familial] de la France et que je collais avec le [côté plus ouvert à la diversité facilitant l’intégration professionnelle au] Québec, ça serait génial. Mais du coup je projette avec mon conjoint de partir pour les pays annexes. La Suisse peut-être. Certainement la Suisse. Justement, ils sont un peu multiculturels donc…(IAF)

Malgré l’attrait de la vie à Montréal, l’attractivité pour le Québec et sa métropole, les propos d’un étudiant nous rappellent que l’attachement au pays d’origine demeure important :

J’aime bien le Québec, mais je ne me sens pas parfaitement à ma place, et il y a beaucoup de choses que je pouvais faire avant que je ne peux pas faire ici. J’adorais la course à pied en montagne. Là-bas il y a beaucoup de montagnes. Cet hiver je n’ai pas été capable et ça m’a beaucoup manqué. C’est plus culturel pour moi, côté climat, météo c’est une chose. C’est vraiment culturel, et il y a des choses comme la nourriture française qui vont me manquer ou une façon de vivre. Il y a des façons de vivre que j’adore à Montréal très zen, je suis fan. Puis, il y a des choses que je n’aime pas du tout. (IAF)

S’investir dans son pays d’origine

Lorsque l’optique de revenir dans son pays ou dans sa région d’origine est manifestée comme un choix raisonné, plusieurs étudiants principalement originaires du continent africain souhaitent apporter leur contribution, saisir des opportunités et même combler les besoins en main d’œuvre qualifiée.

Retourner, oui, pour voir ma famille et puis pourquoi pas aussi s’investir aussi au niveau des universités pour aider les autres étudiants. Je veux dire futurs étudiants donc peut- être que moi je serais à un autre niveau. Donc y aller peut-être plus pour aider et voir, peut-être investir aussi. (EMT)

En Algérie je ne sais pas, mais je pense que c’est plus ou moins ouvert à l’enseignement supérieur dans les universités et tout. Parce qu’il y a des professeurs vieux qui partent à la retraite et ils cherchent des jeunes professeurs. Je pense que c’est l’endroit idéal pour moi pour aller faire de la recherche et enseigner là-bas. (IAF)

Dans l’optique de décrocher un poste à la hauteur de ses ambitions dans son pays d’origine, une étudiante (ETE) souligne qu’elle devra poursuivre une formation doctorale. Dans le même sens, un autre (ETE) fait référence à la plus-value de maîtriser l’anglais.

C’est un peu compliqué : si je veux rentrer chez moi après, il faut que je fasse le doctorat parce que chez nous c’est intéressant de faire le doctorat, surtout pour une femme, on peut enseigner dans une université et tout. Mais, si je reste ici, ce sera suffisant de faire la maîtrise parce qu’ici ils choisissent surtout les maître en sciences et pas les doctorants. Oui, si je décide retourner, je fais le doctorat, si je ne décide pas, donc…(ETE)

Chez moi, il y a beaucoup de collaborations qui se font traditionnellement avec la France. Mais avec les relations qui ont commencé à se diversifier avec des partenaires internationaux, je pense que dans l'avenir c’est important pour moi de pouvoir maitriser bien l’anglais. (ETE)

Le retour comme dernière option ou comme obligation

Autrement, comme nous l’avons précisé plus tôt, pour certains étudiants l’option de revenir dans leur pays d’origine est envisagée sous condition de ne pas trouver un poste satisfaisant ailleurs. Une étudiante de ETE est la seule de notre échantillon à avoir une bourse de son pays d’origine, et cette bourse, nous l’avons vu précédemment, la lie au pays car elle doit retourner au Mexique à la fin de ses études.

Si c’est possible de faire le post-doc ici, je voudrais rester ici parce que comme j’ai une bourse du Mexique, j’ai…c’est obligatoire que je retourne au Mexique. (ETE)

CHAPITRE 4 : ÉTAT DES LIEUX SUR LES DISPOSITIFS