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Les étudiants « flottants » entre opportunités et contraintes : à la recherche de

Chapitre 3 : Enquête sur les étudiants internationaux à l’INRS

2. Les étudiants « flottants » entre opportunités et contraintes : à la recherche de

Si certains étudiants ont clairement évoqué leur intérêt premier de s’établir au Canada ou au Québec, la manière dont la plupart des étudiants rencontrés envisagent la suite de leur expérience d’études internationales s’avère assez approximative. À cet égard, nous avons qualifié ces étudiants de « flottants » c’est-à-dire qu’ils restent ouverts aux opportunités qui peuvent se présenter et n’excluent aucune mobilité supplémentaire.

Vers les « niches » spécialisées19

Ainsi, pour un étudiant la destination où il compte mener un post-doctorat n’est pas un problème en soi et n’est pas déterminée a priori. L’essentiel pour lui est de pouvoir faire carrière dans son champ d’expertise au sein d’un centre de recherche et non en entreprise.

The location is not a big problem. But the field, the research center, the position offer...that could be an important issue. I don’t want to work in a company, I would only like to work in a research center…to develop some new materials. (EMT-Varennes)

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Pour la même raison (faire carrière dans son champ de spécialisation), Humbert estime dès à présent qu’il poursuivra un projet postdoctoral à l’extérieur du Québec et vise plutôt Ottawa, Toronto ou Waterloo où sont menées le type de recherches qui l’intéresse.

I will have an interview… in Boston. Let’s see that works. So, I would like to stay in North America. Maybe Ottawa, Toronto in Canada, in Waterloo. Maybe the next place is Waterloo for the research I am doing. And then the US, I am looking it, Boston, San Francisco. That is it. (EMT-Varennes)

De son côté, sans évoquer un projet d’immigration précis, une étudiante (EMT-Varennes) hésite à postuler soit au post-doctorat soit à un emploi au Québec. Le plus important pour elle (comme est de poursuivre dans le milieu de la recherche et plus particulièrement dans son champ spécifique de recherche qu’elle estime être inscrit dans l’air du temps.

Mais c’est vrai que dans le milieu il n’y en a pas beaucoup. Il y a deux, trois équipes en France, une en Allemagne, quelques-unes aux États-Unis, (EMT-Varennes)

C’est également le point de vue de d’un autre étudiant (EMT-Bonaventure qui considère que les perspectives de recherche et d’emploi au sont avantageuses dans son champ d’intérêt.

I would like to find in the area of telemedecine. Because now, I think that you have heard about there are lot of companies that are working with wearables. They send wearable. For example, they are measuring your heart rate or you have a band here to measuring EEG signals some kind of stuffs. There are some companies that doing that here. (EMT- Bonaventure)

Si pour certains, des destinations spécifiques peuvent être identifiées, d’autres étudiants (ETE) envisagent plutôt de saisir les offres de postes les plus avantageuses.

Ce que j’aimerais, c’est continuer dans la recherche, donc devenir chercheur, professeur. Ça va dépendre des opportunités. Donc la prochaine étape, après le doctorat, c’est de faire un post-doc, mais ce ne sera pas nécessairement au Canada ou dans un pays en particulier, ça va être où je trouve la meilleure offre […]. (ETE)

La mobilité académique comme opportunité de découverte

Autrement, la décision de poursuivre ses études à l’extérieur de son pays d’origine n’est pas toujours un choix stratégique. Dans certain cas, ce projet revêt un caractère de découverte.

En fait moi quand je suis parti j’avais, je naviguais un peu à l’aveugle, j’étais dans le flou. Je ne savais pas. C’est une expérience. Je vais voir l’étranger, l’Amérique du Nord comment ça se passe. (IAF)

Si pour un étudiant interviewé, il est envisageable de poursuivre au doctorat à l’INRS, il s’avère intéressant de prévoir planifier un post-doctorat ailleurs, permettant la découverte d’un pays tiers. Je pense que je vais faire un post-doc, si tout va bien, mais je préfère le faire à l’extérieur du Canada, parce que ce sera une opportunité de visiter un autre pays. J’aimerais plutôt voir le Japon ou l’Australie. Parce que j’aime plutôt les mangas et tout ça. C’est pour ça le Japon et l’Australie parce que je suis attiré par le climat là-bas. (EMT-Bonaventure) Pour un étudiant (IAF), les premiers moments passés dans un environnement encore inconnu apparaissent comme les plus stimulants.

Parce que pendant la première année qu’on était là, chaque jour j’apprenais une chose différente. Maintenant ce n’est pas tous les jours que j’apprends une chose différente. Je ne parle pas seulement du travail, je parle de la vie en général. Le fait de changer d’environnement force à apprendre. On change, on apprend de nouvelles choses. On apprend à voir les choses qu’on sait déjà de manière différente. (IAF)

Construire et concilier sa vie de couple et ses projets professionnels

Si nous avons abordé jusqu’à présent les projets après les études actuelles dans une perspective essentiellement individuelle, il faut souligner les inflexions que posent la vie de couple et la vie familiale. Ce passage de notre entretien avec un étudiant (ETE) est éloquent à cet égard.

Au début, moi, je me disais peut-être juste une expérience peut-être d’un an ou deux ans et après je retournerais chez moi, je suis bien chez moi. Mais là, les données ont changé, mon copain est québécois, donc ça revient tout le temps, il me dit « est-ce que tu vas rentrer? », je ne sais pas… (ETE)

Si dix-neuf des étudiants rencontrés sont en couple, plusieurs d’entre eux vivent une relation à distance. C’est notamment le cas pour des étudiants qui projettent éventuellement poursuivre un projet professionnel ou un projet de vie au Québec.

Oui, il est en Tunisie donc, il peut travailler ici, j’espère. Il n’a pas de diplôme canadien, ça c’est sûr, mais avec son CV, peut-être qu’il peut trouver des opportunités ici. Donc, fonder une famille ici, et après ça dépend. (ETE)

Lorsque nous avons demandé à un de nos interviewés pourquoi ses destinations envisagées étaient exclusivement nord-américaines, sa réponse suggère une nécessaire prise en compte de la proximité géographique avec sa partenaire.

I like it and my fiancé stays in the North America. She is from Mexico. (EMT-Varennes) Un autre mentionne aussi l’importance de concilier son projet d’avenir avec celui de sa copine.

Ça va être où je trouve la meilleure offre et où je peux faire en sorte d’être au même endroit que ma copine. (ETE)

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Bien que le fait d’être en couple limite en quelque sorte l’éventail les destinations possibles, le conjoint ou la conjointe également mobile peut à l’inverse diversifier les horizons.

Ma femme voyage beaucoup. Elle dit que Vancouver c’est fantastique, qu’il faut qu’on y aille ensemble. Aux États-Unis aussi. J’avais une impression différente des États-Unis de quand j’étais au Brésil. Quand je suis venu ici, plus proche, ce n’est pas si terrible. (IAF) Bien qu’il peut être envisageable de bouger ensemble comme le mentionnait XXX, dans le cas d’une relation à distance, il peut s’avérer difficile de concilier ses ambitions avec le projet du conjoint ou celui de fonder une famille.

On ne vit pas la même chose. Ensuite moi je suis partagée, le fait est que je dois prendre en considération son avis qu’il ne veut pas rester. Moi j’aurais souhaité rester, rien que du point de vue de l’ambition. (IAF)

Ma copine est actuellement en France donc oui, c’est vrai que ce n’est pas une question facile pour moi, surtout que ces temps-ci j’y pense pas mal. Parce que comme je vous ai dit j’ai vraiment envie de m’évader un peu, d’aller dans d’autres zones et puis peut-être que ça peut être incompatible si à côté on veut faire une vie de famille. Donc je suis en train de réfléchir en ce moment là-dessus et ce n’est pas encore vraiment clair dans ma tête. Je ne pourrais pas vous donner une réponse. (ETE)

J’ai souvent bougé, j’ai trop bougé, et à un moment donné il faut s’installer. J’aimerais bien comme tout le monde fonder une famille. Le rêve de tout le monde. Se stabiliser. (EMT- Varennes)

Pour d’autres, il n’est même pas envisageable de planifier de projets étant donné la distance qui la sépare de son copain.

J’habite ici, je suis liée quand même à l’INRS, à ce centre-là, j’ai mon copain dans une autre ville alors il n’y a pas de grosses questions à se poser : on habite à 300 km de distance alors, c’est tout. On ne peut pas faire de gros projets. (ETE)

Quoi qu’il en soit, la recherche d’une stabilité (géographique, financière, professionnelle) au terme de sa carrière académique, évoquée par certains étudiants, est nécessairement préalable au projet de fonder une famille.

J’aimerais avec mon fiancé fonder une petite famille pas trop grande. Mais avant ça j’aimerais avoir une stabilité, pas seulement côté argent, mais ça aide beaucoup. Idéalement, on aimerait acheter quelque chose à nous, mais on a certains paramètres pour acheter. On se dit qu’on peut commencer à louer et mettre de l’argent de côté. Avoir une stabilité d’argent et de profession et ensuite on verra. (IAF)