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notions saines et judicieuses cependant, basées la plupart du temps sur des faits palpables et probants.
Que le médecin, après la constatation de certains cas sus¬
pects de provenance ostréaire, prenne à tâche de signaler le péril de l'huître contaminée et d'en recommander l'abstention
temporaire, il rencontrera partout des incrédules et ne sera
guère écouté par les intéressés.
Par contre, nombre de personnes s'abstiennent systématique¬
ment de manger l'huître saine pendant les mois sans li (mai, juin, juillet, août), alors que sa consommation est cependant
inoffensive. Depuis fort longtemps,en effet, cette précautionaété
reconnue vaine, et le décret du 9 janvier J882 qui interdisait la
vente et le colportage des huîtres pendant la période du frai a
été rapportédès le 30 mai 1889.
Les imprudents ne manquentpas de faire observerque
l'éclo-sion de la fièvre typhoïde est un fait rare, si l'on songe à la quantité des repas dans lesquelsentrentces mollusques quisont
un objet de consommation très répandue. Ils ajoutent,non sans
quelque raison, que d'ordinaire l'aliment est par lui-même par¬
faitement sain et que le plus souvent les accidents se bornent
à un simple dérangement intestinal avec les huîtres de bonne provenance et simplement avariées pour des causes banales (frai, manque de fraîcheur, etc.). Enfin que dans une grosse bourriche d'huîtres appelée à causer des désastres, comme ceux
qu'on narre, il n'y en a souvent qu'une ou deux d'infectées.
Aussi nos recommandations ne visent-elles pasla consommation
habituelle de ces mollusques, ce qui serait puéril, mais simple¬
ment l'abstention, temporaire nous le répétons, commandée par l'observation de cas graves de la nature de ceux que nous rela¬
tons dans ce travail.
Eh bien! même cette concession est rarement faiteà ceux qui
se préoccupent de la santé publique et le nombre de ceux qui
s'abstiennent de l'huître suspecte par la crainte de l'infection
est infime.
La vie est faite de dangers. Se privera-t-on des moyens ver¬
tigineux de locomotion dont nous a gratifiés notre époque de
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progrès, par la crainte des contusions ou des écrasements?
Pas
davantage.La cuisson de l'huîtreconseillée aux amateurs de cette denrée,
alors que sa contamination a été constatée, n'est guère acceptée
non plus si ce n'est parles Américains; ce moyen
de
se sous¬traire au péril ostréaire est trop simple et trop facile pour
faire
des partisans. D'ailleurs la cuisson dénature le mets en ques¬
tion. Elle lui enlève, au dire de tous les gourmets, ses qualités primordiales, sa fraîcheur et son goût
exquis. Le rejet de l'eau
saline que l'huître détient dans ses valves
diminuant le danger
mais en même temps la saveur de l'huître, cette autre mesure n'a pas non plus fait d'adeptes; c'est cependant une
précaution
bonne à prendre.
Ne pouvant pas obtenir grand chose du consommateur,
les
gardiens de la santé publique se sont adressés à l'animal, le supposant moins récalcitrant.Se basant sur les expériences qui nous ont appris que le
bacille disparaît plus ou moins rapidement de l'organisme de l'huître, on a pensé la rendre inoffensive par une immersion
de
huit à dix jours dans une eau indemne de toute bactérie. Mais
ilparaîtrait que cette sage mesure proposée par
l'Académie de
médecine, sur le conseil de M. Chanlemesse et qui semble au
premier abord des plus simples et des plus efficaces, serait pra¬
tiquement irréalisable si nous en croyons M. Mosny, qui
s'est
beaucoup occupé de cette question, et nous avons toutes sortesde raisons pour le croire. M. Bodin (1), qui signale cette appré¬
ciation du savant et consciencieux enquêteur, se demande si ce moyen serait toujours suffisant pour écarter le danger, puisque
nous avons une expérience de Klein (2) où le bacille a persisté
trois semaines dans les huîtres,particularité qui n'a rien d'éton¬
nant, ajoute l'auteur, aujourd'hui que nous savons que la pha¬
gocytose peut être plus ou
moins retardée
par toutes sortes d'influences inhérentes au milieu etàl'organisme infecté.
(1)Bodin, toc,cit.,p.12.
(2)Klein, toc. cit.
Par conséquent pasde résultat bien completnon plus à atten¬
dre de cette sage mesure.
C'est sans contredit du côté des parcs que notre sollicitude
devrasetourner.Laprophylaxiene pourraêtre bien faite, ditavec raison M. Bodin, qu'en tant que nous connaîtrons l'origine du
bacille infectant les parcs et les conditions de cette souillure de l'eau des établissements ostréicoles.
Le mode de contamination des eauxdes parcs où sont placées
les huîtres et le remède à apporter à cette contamination sont les deux données essentielles de cet intéressant problème de pratique (1);chaque fois que les parcs ou les eauxoù séjournent
les mullusques seront indemnes de bactéries malfaisantes, l'in¬
fection de ces dernières, tout exogène, ne pourra plus se réali¬
ser, et les amateurs d'huîtres consommeront alors cette denrée
avec la plus parfaite sérénité et la plus profonde quiétude. C'est
la grâce que nous leur souhaitons.
(1) Les desiderataconcernantl'assainissement etla salubrité des parcsà huîtressont facilesà formuleraprès examende ce quise passe. Mais s'il y a loin de la coupe aux lèvres, ily aloin assurémentaussi de la rédaction deces mesures à leurapplication pratique, àleurstricte exécution; énumérons-les cependant. Elles porterontsurl'ins¬
tallation des parcsnouveauxetsurla transformationdes parcs conlaminés.
Tout individuqui voudra établirun parc à huîtresdevra le placer dans des condi¬
tions tellesqu'ilnepuisse êtrecontaminé pardesgermespathogènes. Lesparcs nou¬
veaux devront donc être situés dans des endroits éloignés des égouts provenant d'agglomérations etplacésendehors de lazonecontaminéepar un coursd'eau quel¬
conque.Evidemment cette installationnouvelle des parcs seraplacéesouslecontrôle etsousla surveillance del'Etat, qui donnerason approbation d'après l'avis desmem¬
bres d'une commissiond'hygiène compétente. Voicipourlesparcs à créer. Lesparcs reconnuscontaminés devront être déplacés et les huîtres mises dans des endroits à l'abri de toute contaminationpossible. Quant auxparcs non examinésencore, desen¬
quêtesserontfaites sur la salubrité decesparcsparles membres duconseild'hygiène dudépartementoù ilsse trouvent etd'après le résultat de ces enquêtesces parcsse¬
rontmaintenus ou soumis aux transformations. Ces transformations seront toujours faitessousle contrôle dugouvernement.
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CONCLUSIONS
I. Même alorsqu'elle estlaiteuse, peuappétissante, avariée ou corrompue l'huître ne saurait engendrer de toutes pièces la
fièvre typhoïde chez ses consommateurs.
II. Elle ne peut devenir facteur de cette maladie qu'à la suite
d'un séjour suffisamment prolongé dans des eaux contaminées,
dans des parcs où le germe typhoïdique règne en maître, et après s'être chargée des bacilles aptes à engendrer l'infection
enquestion.
III. Par contre, l'huître imprégnée de ce fait desgermes de la
fièvre typhoïde doit être rejetée avecsoin de l'alimentation,
fût-elle en plus de belle venue, saine et prospère en apparence, ce
qui est souvent le cas.
IV. La cuisson supprime toutefois le danger inhérent à la
consommation de pareille denrée. Il sera prudent d'y recourir
en présence d'huîtres de provenance suspecte ou douteuse. En
tout cela, d'ailleurs, l'huître ne se comporte pas autrement que les denrées communes : eau, lait, légumes (salades, radis,cres¬
son), àjuste titre aussi considérées comme des agents de trans¬
mission du bacille typhique.
V. L'huitre devenue typhoïgène, immergée au large ou
replongée dans des eaux pures et indemnes des souillures
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tionnées, récupère en général promptement et complètement
son innocuitépremière.
VI. La prophylaxie, dans l'espèce, consiste toute entière dans
le rejet du marché de toutesles huîtres de mauvaise provenance (certificat d'origine); puis, dans le bon enlrelien constant et la
surveillance active des parcsdenos côtes.
Vu BON A IMPRIMER I
Le Président de la thèse, Dr G. MORACHE.
Vu :Le Doyen, B. de NABIAS.
VUET PERMISD'IMPRIMER I
Bordeaux, le 4 juin 1903.
LeRecteur, Gaston BIZOS.