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Représentation des accidents domestiques

Revue de littérature

A. Représentation des accidents domestiques

Nous avons choisi de commencer notre débat en questionnant les parents sur leur représentation des accidents domestiques pédiatriques. Nous avons donc débuté la séance en leur demandant s’ils se sentaient concernés. Même si tous les parents présents ont eu une expérience d’accident domestique, trois parents se disent concernés par ceux-ci et le dernier dit ne pas se sentir concerné « plus que ça ». Il l’explique spontanément par le fait que son seul enfant n’a eu qu’un seul accident domestique sans conséquences.

Nous avons voulu ensuite savoir si le thème des accidents domestiques chez les enfants était pour eux une problématique majeure de santé. À cette question, les parents ont unanimement répondu par la négative.

Cette réponse corrobore nos lectures qui tentent de comprendre pourquoi la cause des accidents domestiques n’est pas reconnue par la population comme un sujet important de santé publique. Selon Grossetête (2013) ce manque de visibilité des accidents domestiques s’explique par le fait que leurs conséquences sont largement sous-estimées dans les espaces politico-administratifs, médiatiques et associatifs.

Un papa va même expliquer qu’il pense que la prévention des accidents domestiques n’est pas quelque chose de primordial dans le sens où, pour lui, un accident domestique n’est pas aussi grave qu’une noyade dans une baignoire. Bien que nous ayons commencé notre débat en présentant les statistiques suisses de l’accidentologie domestique (notamment la mortalité), nous nous rendons compte qu’il semble y avoir une dissociation entre les accidents domestiques et accidents graves. Nous pouvons supposer qu’il existe une méconnaissance sur la définition d’un accident domestique. Peut-être aurions- nous dû insister sur cette définition en début de débat, en précisant qu’un accident domestique peut être bénin mais également mortel.

3. Prévention primaire

A. L’environnement

Selon Morrongiello, B. A., Ondejko, L. & Littejohn, A. (2011), la modification de l’environnement domestique comme moyen de prévention des accidents est une stratégie qui fonctionne, mais qui est relativement peu utilisée. Et si un accident survient à domicile, le plus souvent, l’environnement n’est ni repensé, ni aménagé de façon différente.

Ces informations sont corrélées avec les informations ressorties lors du débat. Une mère raconte avoir utilisé des barrières d’escalier durant un temps chez elle, puis les avoir enlevées après deux chutes de son enfant. Un père dit avoir utilisé les caches prises un temps chez lui, et les avoir enlevés définitivement après avoir trouvé une vis dans un des trous de la prise, un jour où il avait oublié de les remettre.

Nous avons donc tenté de comprendre cette problématique.

Les parents qui vivent en Suisse sont souvent informés des moyens de prévention existants pendant les premières années de vie de leur enfant. À leur naissance, quelques précieux conseils sont donnés par les infirmières et sages-femmes. Le bureau de prévention des accidents fait parvenir régulièrement un courrier sur le thème de la prévention des accidents à tous les parents. De nombreux sites internet traitent du sujet. Il existe également une exposition « la maison géante » qui permet de découvrir l’environnement domestique vu par l’enfant. Enfin, il y a de nombreux articles parus dans la presse suisse traitant du sujet.

Dans nos recherches, nous avons souvent trouvé le schéma de maison, avec une description complète de chaque pièce et des risques associés. On y trouve des chiffres représentant les risques encourus et les moyens existants pour éviter l’accident. L’environnement domestique est un paramètre facilement modifiable permettant d’influencer la survenue d’un accident et c’est un élément clef de la prévention.

Au cours du débat, nous avons cherché à savoir si les parents se sentaient concernés par cette prévention et si elle était adaptée. Nous avons compris que l’information sur l’environnement intéressait peu les parents. Ils disent tous avoir lu au moins une fois un prospectus à ce sujet, mais ne se souviennent pas de ce qu’il

contenait. Ils ne se souviennent pas avoir eu des informations à la maternité non plus.

Selon eux, la modification de l’environnement est utile lorsque l’enfant est petit. Cette idée avait déjà émergé dans un article (Tsoumakas, K., Dousis, E., Mavridi, F., Gremou, A. & Matziou, V, 2009) où la recherche avait montré que les parents adhéraient d’avantage à la prévention des accidents domestiques chez les enfants avant leur troisième année de vie. Les parents expliquent qu’à partir d’un certain âge, non défini précisément, l’enfant est en capacité d’identifier et d’éviter le danger. Ainsi, cacher le danger à l’enfant, c’est l’empêcher d’apprendre par lui même. Un parent dit, à ce sujet : « le danger, il faut qu’il le voit pour qu’il comprenne ».

D’autre part, les moyens de prévention ne semblent pas éviter le danger, mais attiser la curiosité de l’enfant. En conséquence, si le moyen de prévention est oublié, le risque d’accident semble augmenté. L’enfant est imprévisible, l’accident aussi.

Les parents connaissent-ils les réels dangers de la maison pour leur enfant ? Apparemment non. Lors du débat, les parents banalisent l’accident qui se produit à l’intérieur du domicile, comme la brûlure, et le compare à d’autres accidents qui semblent plus graves à leurs yeux : comme l’accident de balançoire ou la noyade. Ils savent que l’enfant peut avoir un traumatisme crânien mais semblent le banaliser. Nous pensons qu’ils n’ont pas conscience des conséquences dramatiques qu’un tel choc peut avoir au niveau cérébral.

Les parent connaissent-ils les stades de développement de leur enfant afin d’adapter leur environnement ? Visiblement, les parents ont tendance à sous estimer le stade de développement physique de leurs enfants, en pensant qu’ils ne peuvent pas grimper à tel endroit ou réussir à ouvrir telle bouteille. De plus, ils surestiment leurs capacités cognitives, mais nous traiterons de ce point dans un chapitre suivant. Les parents disent manquer d’information à ce sujet et en demandent. Il existe un fascicule PIPADE’S qui explique les risques encourus par rapport à l’âge de l’enfant et à son stade de développement.

L’environnement du domicile est un point clé de la prévention des accidents domestiques. Pour sensibiliser les parents à ce sujet, il faut leur faire prendre conscience de l’enjeu d’un aménagement adapté à l’enfant. D’après eux, la publicité qui marcherait serait les « images chocs » car elles arrivent à les heurter et les toucher suffisamment pour qu’ils y prêtent attention. On peut noter que c’est

de cette façon, entre autres, que la prévention routière a réussi à faire passer des messages de sensibilisation, et à diminuer le nombre de morts sur les routes. Ils ont certainement besoin de voir ce qu’il peut se passer, pour y être sensibilisé. Peut-être qu’en parlant plus concrètement des risques encourus, leur intérêt pour la protection environnementale changerait...

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