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Repérage de différentes formes de fragilité à partir de l’enquête du Crédoc

PARTIE I. DE QUOI ET DE QUI PARLE-T-ON ? ÉTAT DES LIEUX DE DIFFERENTES SOURCES DE

PARTIE 2 ARTICULATION DES DIFFERENTES FORMES DE FRAGILITE ÉPROUVEES PAR LES

1. Repérage de différentes formes de fragilité à partir de l’enquête du Crédoc

La pauvreté

L’enquête permet d’approcher les trois définitions possibles de la pauvreté, à savoir :

• La pauvreté via la perception des minimas sociaux : l’enquêté indique en effet s’il perçoit le RSA. Les autres minimas sociaux (comme l’AAH ou l’ASS) ne sont, en revanche, pas évoqués. 177 personnes disent percevoir le RSA.

• La pauvreté ressentie via le sentiment déclaré d’appartenir aux « défavorisés » : l’enquêté doit indiquer à quelle catégorie il a le sentiment d’appartenir, depuis les privilégiés jusqu’aux défavorisés.

271 personnes disent appartenir à la catégorie des défavorisés

• La pauvreté monétaire via le niveau de vie dans le foyer. Sont repérés comme pauvres toutes les personnes qui vivent dans un foyer dont le niveau de vie (ensemble des revenus rapportés à la taille du foyer) est inférieur à 60% de la médiane.

416 personnes sont pauvres selon cette approche monétaire

Il n’est pas rare que ces trois conditions se recoupent puisque :

✓ 35% des bénéficiaires du RSA se sentent appartenir à la classe des défavorisés et 62% con- naissent la pauvreté monétaire ;

✓ Près d’une personne sur quatre qui se dit « défavorisée » perçoit le RSA (23%) et près d’une sur deux est pauvre monétairement (48%)

Une personne sur cinq (20%) relève d’une forme au moins de fragilité liée à la pauvreté dans l’en- quête Conditions de vie.

La maladie, le handicap

L’enquête fournit deux indicateurs sur ce thème :

• Le handicap via la déclaration d’un handicap, d’une infirmité ou d’une maladie chronique qui continuera à l’affecter dans l’avenir

813 personnes sont dans cette situation.

• Le sentiment d’un état de santé dégradé, via le sentiment d’être en moins bonne santé que les gens de son âge (état de santé peu ou pas du tout satisfaisant par rapport à des personnes du même âge).

600 personnes disent souffrir d’un état de santé dégradé Là aussi les deux situations sont corrélées :

✓ 40% des personnes qui déclarent un handicap ou une maladie chronique présentent un état de santé dégradé par rapport à leurs pairs (deux fois plus que dans l’ensemble de la popu- lation)

✓ La moitié des personnes qui déclarent un état de santé dégradé par rapport aux personnes de leur âge souffrent d’un handicap ou d’une maladie chronique (54% vs 27% dans l’en- semble de la population)

Un peu plus d’une personne sur trois (36%) relève d’une forme au moins de fragilité liée à la santé

La précarité liée à l’emploi

Le fait d’être au chômage au moment de l’enquête. 209 personnes sont au chômage

• Le fait d’être en emploi, mais avec une forme de contrat précaire, c’est-à-dire d’être en intérim ou en contrat à durée déterminée.

305 personnes sont dans une forme d’emploi précaire

• Le fait d’être en sous-emploi, c’est-à-dire d’être en activité mais avec un temps de travail qui semble insuffisante (temps partiel subi). Pour approcher cette situation, nous avons re- péré les personnes qui sont à temps partiel et qui, s’il fallait choisir entre davantage de temps libre et davantage de pouvoir d’achat, opteraient pour un accroissement de leur pouvoir d’achat.

Pour le coup, s’agissant de l’emploi, les différentes formes de fragilité sont plutôt exclusives les unes des autres, ne serait-ce que parce que les personnes hors emploi (au chômage) ne peuvent être en sous-emploi ou en situation de travail précaire.

Une personne sur cinq (21%) relève d’une forme au moins de fragilité liée à l’emploi

La précarité liée au logement

Les formes extrêmes de précarités (comme le fait d’être hébergé en foyer ou de dormir dans la rue) ne sont pas accessibles dans une enquête en population générale comme l’enquête Conditions de vie et aspirations. On peut, en revanche, approcher les difficultés de logement que sont le surpeuplement et les charges excessives de logement.

• Le fait d’être dans une situation de logement qu’on peut apparenter à du surpeuplement, lorsque l’enquêté indique que la taille du logement n’est pas suffisante pour une famille comme la sienne et que ce sentiment est corroboré par un indicateur plus objectif tenant compte du nombre de pièces disponibles et du nombre de personnes du foyer.

395 personnes se disent dans une situation de surpeuplement

• Le poids excessif des charges de logement dans le budget des enquêtés peut s’apprécier grâce à la réponse à une question sur le poste de dépenses du logement (lorsque les dé- penses de logement constituent une très lourde charge, voire quand elles constituent une charge à laquelle la personne dit ne pas pouvoir faire face).

361 personnes disent faire face à des dépenses de logement excessives Les deux formes de fragilité ne se recoupent que partiellement.

Au final, près d’une personne sur cinq (19%) présente une forme de fragilité liée au logement

La relégation territoriale

L’enquête pose la question du sentiment de relégation territoriale : c’est un indicateur subjectif, qui reflète le ressenti de la personne enquêtée qui a le sentiment de résider dans un territoire laissé pour compte par les pouvoirs publics.

• Le fait d’avoir « tout-à-fait » le sentiment de résider dans un territoire délaissé par les pou- voirs publics

332 personnes développent ce sentiment de relégation territoriale 11% des enquêtés disent être en situation de relégation territoriale

La solitude, l’isolement

Nous avons utilisé un indicateur construit à partir des relations déclarées avec des membres de sa famille et avec ses relations.

• L’isolement a été approché par la conjonction de deux situations : le fait de ne pas voir régulièrement des membres de sa famille et, dans le même temps, de recevoir chez soi des relations à une très faible fréquence (moins d’une fois par mois, voire jamais).

391 personnes sont dans cette situation objective d’isolement

13% des enquêtés sont en situation objective d’isolement relationnel vis-à-vis de leurs amis et de leur famille.

Lorsqu’on examine la prévalence des différentes formes de fragilité abordées ainsi dans l’enquête, on constate que :

• C’est la santé qui génère le plus de cas de fragilité : plus d’une personne sur trois est con- cernée

• Viennent ensuite l’emploi, la pauvreté et le logement. Chacun de ces thèmes met en difficulté environ une personne sur cinq

• L’isolement relationnel et la relégation territoriale, tels que définis plus haut, sont les deux formes de fragilité les moins répandues (un peu plus d’une personne sur dix)

Prévalence des différentes formes de fragilité dans la population française (en %)

Source : CREDOC, enquête Conditions de vie et aspirations, début 2018

2. Tous vulnérables : les deux tiers des Français présentent une