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A Rendez-vous pré-conceptionnel :

ACCOMPAGNER LES PATIENTES QUI SOUFFRENT D’UN TROUBLE BIPOLAIRE DANS LEUR ACCES A LA

V. A Rendez-vous pré-conceptionnel :

Tout d’abord, il nous semble nécessaire de rassurer les futurs parents, en effet, une grossesse est possible chez les patientes souffrant d’un trouble bipolaire.

Lors de cette consultation, nous aborderons :

- l’histoire de la maladie psychiatrique : l’âge du début du trouble, l’historique des thymorégulateurs, le nombre de décompensations thymiques par an, leur fréquence et leur sévérité (hospitalisations ? Tentatives de suicide ?), l’état thymique actuel, l’observance médicamenteuse et la compliance au suivi. Également, nous rechercherons les psychothérapies et les groupes de psychoéducation.

- la recherche des autres antécédents médicaux, d’autres traitements et la consommation de toxiques pouvant compliquer la grossesse, car ce sont des comorbidités fréquentes dans le trouble bipolaire

- les antécédents gynécologiques : grossesse rapprochée, prématurité et petit poids de naissance chez un premier bébé, antécédents psychiatriques dans le post-partum.

- le mode de vie de la patiente et de son conjoint, la stabilité de leur couple, leur niveau social, la qualité de l’entourage familial et amical, les antécédents personnels (somatiques et psychiatriques) du conjoint.

121 - la recherche d’antécédents psychiatriques dans la famille, et les décompensations thymiques dans le post-partum chez les ascendants.

Cet entretien nous permettra ainsi, de mieux connaître la patiente et son entourage, leurs difficultés et ressources, afin de réfléchir à un plan d’intervention individualisé pour la future grossesse.

Cet entretien aura aussi, pour but d’adapter les thérapeutiques à un projet de grossesse, ainsi une monothérapie sera privilégiée si possible et comme nous le rappellent les recommandations, l’acide valproique est contre-indiqué chez la femme en âge de procréer et sera donc remplacé lors de cette consultation.

Également, la question de la poursuite des thérapeutiques durant la grossesse sera abordée avec la patiente en lui présentant clairement les avantages et inconvénients liés à la poursuite du thymorégulateur durant la grossesse. Elle pourra ainsi y réfléchir afin de prendre une décision éclairée. Il faudra aussi informer la patiente qu’un arrêt brutal du thymorégulateur peut l’exposer à un risque de rechute particulièrement important.

Cet entretien aura aussi pour mission d’expliquer la nécessité d’une collaboration entre spécialistes informés, afin d’assurer à la patiente et à son futur bébé, une prise en charge adaptée, aux différents temps de la grossesse et du post-partum.

Également, si ce n’est pas le cas, nous conseillons à la patiente de participer à des groupes de psychoéducation sur le trouble bipolaire, afin de mieux connaître sa maladie et de limiter les rechutes.

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V. B. Le déroulement de la grossesse :

- Dès l’annonce du début de grossesse, une collaboration sera nécessaire entre les psychiatres et les professionnels de la grossesse (gynécologues et sage-femme). L’idéal serait d’avoir des correspondants « fixes » dans chacune des spécialités afin de faciliter les échanges.

- Comment va s’organiser le suivi de cette grossesse ?

Tout d’abord, nous verrons le suivi psychiatrique durant la grossesse :

Dès le début de grossesse, la proposition aux futurs parents d’une co-consultation, entre le psychiatre référent et le pédopsychiatre spécialiste en périnatalité, nous semble pertinente.

Cette co-consultation pourra se reproduire, à différents temps de la grossesse puis du post-partum, au rythme des parents et abordera différents objectifs, sur l’ensemble de la grossesse, que nous verrons ci-dessous.

A chacune de ces consultations, « un temps libre » permettra aux futurs parents de poser des questions.

- Elle permettra aux deux médecins, de se présenter comme les interlocuteurs privilégiés de cette prise en charge, sur le plan psychiatrique.

- les différentes thématiques du rendez-vous pré-conceptionnel seront abordées et mises à jour.

- leurs perceptions sur le début de la grossesse : joie, peur etc

- Concernant la prise en charge médicamenteuse, les avantages et inconvénients de la poursuite des thymorégulateurs durant la grossesse seront présentés, à nouveau, au couple. Les médecins informeront les futurs parents, et la notion d’une balance bénéfice / risque, concernant à la fois la future mère et le futur bébé, sera établie avec eux. La décision finale appartiendra bien sûr au couple, après un délai de réflexion si nécessaire.

- Concernant la prise en charge non médicamenteuse, des groupes de psychoéducation sur le trouble bipolaire et la grossesse pourront se mettre en place en associant bien-sûr le père, aidant principal. Une prise en charge psychothérapeutique pourra également être proposée, si la patiente ou le couple le

123 demande. Ainsi, des psychologues référentes spécialistes en périnatalité pourront intervenir.

- Les comorbidités somatiques, anxieuses ou addictives, fréquentes dans les troubles bipolaires, seront également recherchées et prises en charge.

- Également, d’autres objectifs pourront être abordés avec les futurs parents, comme la rédaction de directives anticipées. Le but sera de permettre à la future mère d’exprimer à l’avance ses volontés, concernant sa prise en charge future, en cas de décompensation thymique et d’incapacité à donner son consentement. Il s’agira d’une réflexion commune entre les médecins concernés et la famille.

- la visite de l’Unité Parents Enfants du CHU Sainte-Marguerite pourra aussi être proposée au couple, en précisant bien sûr que cette étape ne sera pas forcément nécessaire. Il s’agit d’un soutien à la maternité, où la relation mère-bébé est privilégiée, en évitant la séparation. Cette relation mère bébé sera étayée par des soignants, sans se substituer aux mères.

Ensuite, nous verrons le suivi gynécologique durant la grossesse, chez la patiente qui souffre d’un trouble bipolaire :

- Il s’agira d’un suivi classique de grossesse (Rendez-vous rythmés, échographies, éventuellement échocardiographie fœtale, bilans sanguins, mesures de prévention) marqué par des spécificités : collaboration nécessaire avec l’équipe de psychiatrie périnatale, et avec l’équipe de la maternité.

- Un entretien prénatal précoce pourra être proposé également aux futurs parents, durant le 4ème mois, et sera réalisé par une sage-femme, dans l’idéal formée aux troubles psychiatriques. Son approche est médico-psycho-sociale.

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V. C. La fin de grossesse, l’accouchement et le post-partum :