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SOURCE: FAO. 2020. FAOSTAT [en ligne]. Rome. http://www.fao.org/faostat/fr/#home 0

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Primaires (légumes) Total racines et tubercules

Total légumineuses Primaires (fruits)

Total agrumes Total céréales

RENDEMENT (TONNES/HECTARE)

Asie Afrique

DEUXIÈME PARTIE TRANSFORMER LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES POUR UNE ALIMENTATION SAINE ET ABORDABLE

aussi élevés. Pour les racines et tubercules, les fruits et légumes, les niveaux de rendement en Afrique du Nord et australe sont similaires à ceux de l’Asie, mais sont beaucoup plus faibles dans les autres sous‑régions.

Les rendements sont faibles car la productivité totale des facteurs (PTF) est à la traîne dans la région. Il est essentiel d’accélér la croissance de la PTF si l’Afrique veut passer à une intensification agricole durable, loin d’une stratégie de croissance de la production par l’expansion des superficies. Pour y parvenir, un investissement plus important dans la recherche et la vulgarisation, actuellement faible (tableau 13), est nécessaire.

Les retours sur investissement dans la recherche agricole sont élevés. Par exemple, un méta‑examen de 292 études couvrant la période 1953 à 1997 a révélé que les taux moyens de rentabilité de la recherche agricole étaient de 60 pour cent dans les pays en développement et de 49,6 pour cent pour l’Afrique457. Une étude plus récente a révélé que le taux de rendement de la recherche en Afrique était de 22 pour cent, en moyenne, toujours un rendement élevé458. Les dépenses de recherche agricole ont un impact plus fort sur la productivité que les dépenses agricoles non liées à la recherche459. Lorsqu’elles sont introduites ensemble, les technologies agricoles et les nouvelles pratiques peuvent augmenter considérablement la productivité et réduire les prix des denrées alimentaires dans les pays à faible revenu. La recherche montre que pour les aliments de base, ces efforts combinés pourraient réduire les prix des denrées alimentaires jusqu’à 49 pour cent pour le maïs, jusqu’à 43 pour cent pour le riz et 45 pour cent pour le blé460. Parallèlement, des investissements publics dans les routes, l’irrigation et l’électricité sont nécessaires et améliorent le retour sur investissement dans la recherche et la vulgarisation.

À Madagascar, les communautés ayant des taux d’adoption plus élevés de technologies agricoles améliorées ont obtenu des rendements plus élevés et ont par conséquent bénéficié de prix alimentaires plus bas, de salaires réels plus élevés pour la main‑d’œuvre non qualifiée et ont obtenu de meilleurs indicateurs de bien‑être.

Les auteurs concluent qu’«une meilleure diffusion des technologies agricoles semble le moyen le plus efficace d’améliorer la productivité

agricole et de réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans les régions rurales de Madagascar.

Mais l’amélioration des infrastructures de transport rural, des systèmes d’irrigation améliorés, le maintien des troupeaux de bétail, une sécurité physique améliorée, des taux d’alphabétisation accrus, un régime foncier sûr et un accès raisonnable aux services de vulgarisation jouent tous un

rôle positif en encourageant la croissance de la productivité et la réduction de la pauvreté»461. La recherche agricole nationale et les capacités de vulgarisation sont essentielles pour adapter les nouvelles technologies aux conditions locales et promouvoir les cultures et le bétail pertinents sur le plan local qui, autrement, reçoivent peu d’attention. Les dépenses agricoles de recherche et de vulgarisation n’ont augmenté que de 0,6 pour cent en 1980‑1990 et de ‑0,5 pour cent en 1990‑2000, mais ont ensuite fortement augmenté entre 2000 et 2014, passant de 1,7 milliard de dollars à 2,5 milliards de dollars (aux prix de parité de pouvoir d’achat de 2011)462. Cependant, les trois quarts de cette croissance se sont produits en Afrique du Sud, en Éthiopie, au Ghana, au Nigéria et en Ouganda.

Exploiter les retombées de la recherche internationale est plus difficile en Afrique en raison de la spécificité des caractéristiques agro‑écologiques463. En outre, la petite taille de nombreux pays africains rend difficile la réalisation d’économies d’échelle dans la recherche et le développement.

Tirer parti de la recherche et de la vulgarisation exigera également que les agriculteurs puissent atteindre une échelle et accéder aux marchés.

Les faibles économies d’échelle limitent la portée et la capacité des petits exploitants à mécaniser ou à adopter de nouvelles technologies agricoles et à se relier à la chaîne d’approvisionnement urbaine. L’évolution rapide des technologies de l’information et de la communication peut offrir de nouvelles formes de vulgarisation agricole, contribuer à améliorer l’intégration du marché, réduire les coûts de transport, fournir de meilleures informations sur les prix et faciliter les échanges commerciaux464. Les données de 34 pays africains indiquent que la prolifération des TIC, en particulier la technologie mobile, a stimulé la production agricole465. Les TIC joueront également un rôle important dans le renforcement de la résilience au changement climatique.

En outre, les fédérations régionales d’agriculteurs telles que l’Organisation panafricaine des producteurs agricoles (PAFO) et les plates‑formes sous‑régionales associées jouent un rôle important en facilitant le transfert de technologie de

production, en aidant les agriculteurs à atteindre une échelle et en plaidant pour des politiques gouvernementales de soutien. Les organisations paysannes peuvent également faire en sorte que les petits agriculteurs bénéficient de leur adhésion aux chaînes d’approvisionnement en aidant à négocier des contrats équitables avec les transformateurs et les commerçants et en aidant les agriculteurs à respecter les normes de qualité et de sécurité alimentaire.

Le soutien aux agriculteurs, et en particulier aux jeunes et aux agricultrices, est essentiel pour assurer une croissance inclusive et la transformation du système alimentaire. Le commerce, y compris le commerce intra‑régional, peut également aider les agriculteurs à atteindre une plus grande échelle, et la question du commerce intra‑régional est examinée plus en détail ci‑après.

La sécurité des droits de propriété privée et le bon fonctionnement des marchés fonciers sont reconnus comme des facteurs potentiellement importants pour stimuler l’investissement, la productivité et des revenus agricoles plus élevés, ainsi que pour réduire le potentiel de conflit. En outre, cela peut aider à attribuer les terres de manière plus optimale, en particulier lorsque les marchés du crédit ne sont pas bien développés. La sécurité foncière peut favoriser l’investissement des agriculteurs dans leurs propres terres et encourager une meilleure conservation et gestion des sols466,467,468. Une bonne gouvernance et une bonne gestion des terres sont indispensables à tout effort visant à réduire la pauvreté et à stimuler une croissance et une transformation économiques inclusives. Cependant les résultats pour l’Afrique ont révélé que la réforme du régime foncier a de faibles conséquences sur la productivité, peut‑être au fait que les droits fonciers coutumiers garantissent déjà la sécurité foncière, un manque d’épargne empêchant les agriculteurs d’investir et un manque d’investissement dans les infrastructures publiques.

Tout ceci affaiblit l’impact de la réforme foncière469. L’importance d’une bonne gestion des terres pour la transformation agricole, le développement, la paix et la sécurité est reconnue par les chefs d’État africains dans la «Déclaration sur les problèmes et enjeux fonciers en Afrique» de l’Union africaine, qui

exhorte les États membres à «prendre les mesures décrites dans le Cadre et Principes directeurs sur les politiques foncières en Afrique pour éclairer leurs stratégies d’élaboration et de mise en œuvre de leur politique foncière nationale»470. Le cadre et les directives reflètent un consensus sur les questions foncières et servent de base à l’engagement des gouvernements africains dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique foncière et une base pour la participation populaire à une meilleure gouvernance foncière471.

En outre, l’autonomisation des femmes, notamment par un meilleur accès à la terre et un meilleur contrôle sur celle‑ci, est une étape essentielle vers la réduction de l’écart entre les sexes dans l’agriculture, conduisant à des gains considérables de productivité et de production (voir également la discussion dans la section «Agriculture, élevage et pêche »). L’amélioration des revenus du ménage et de la position de négociation des femmes au sein du ménage améliorerait le bien‑être des enfants des ménages touchés, baisserait les prix des denrées alimentaires et améliorerait la sécurité alimentaire et la nutrition, en plus d’obtenir des résultats positifs/de meilleurs résultats en matière de santé et d’éducation.

Il est également impératif que le secteur privé s’engage à œuvrer pour une alimentation saine et abordable. Compte tenu des ressources gouvernementales limitées, les partenariats public‑privés (PPP) constituent une approche innovante pour rassembler les entreprises, le gouvernement et la société civile, pour aider à moderniser l’agriculture, améliorer la productivité et stimuler la croissance de l’agriculture et des chaînes d’approvisionnement alimentaire, et contribuer à un développement inclusif et durable. Les PPP peuvent combiner l’efficacité opérationnelle et économique du secteur privé avec le rôle du secteur public dans l’instauration d’un environnement propice et en tant que régulateur pour garantir que les préoccupations en matière de santé publique et d’environnement soient prises en compte.

La promotion de la croissance agricole et de l’investissement et de l’engagement privés doit inclure un environnement favorable aux entreprises.

Cependant, les décideurs doivent faire des

compromis entre les producteurs, les consommateurs et les intermédiaires lorsqu’ils prennent des décisions

politiques pour l’agriculture par rapport à d’autres secteurs et même dans différents sous‑secteurs agricoles. Les décideurs politiques poursuivent différents objectifs gouvernementaux par le biais d’un ensemble de politiques qui, soit fournissent des incitations à l’agriculture par le biais, par exemple, de subventions, soit pénalisent le secteur sous une forme ou une autre. De cette manière, les décisions politiques du gouvernement affectent le coût des aliments nutritifs, directement ou indirectement.

Les politiques nationales sur le commerce, la

commercialisation et/ou les mesures de taux de change introduisent des distorsions dans les prix que les agriculteurs reçoivent pour leurs produits.

Ces distorsions sont mesurées comme l’écart des prix à la production par rapport aux prix de référence internationaux, ce dernier étant le prix non faussé qui prévaudrait en l’absence de politiques et dans des conditions de marché parfaites. Le taux de protection nominal (TPN) est un indicateur clé qui mesure ces distorsions.

FIGURE 43