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Si nous prenons en considération les éléments biographiques et historiques que nous venons d’exposer, l’on est vite convaincu que le texte de Megrelidzé ne se laisse pas pertinemment décrire par le schéma tout aussi abstrait que simple, mais pour autant pas moins largement répandu dans l’imaginaire postsoviétique, selon lequel, sous un régime totalitaire tel que l’Union Soviétique, on a affaire à des individus pensants et autonomes qui luttent contre les impératifs théoriques idéologiquement prescrits et essayent, en même temps, de se protéger du mécanisme répressif de l’Etat en faisant recours à des techniques d’écriture spéciales. On va nous rétorquer que l’autobiographie de Megrelidzé est justement l’exemple d’un tel texte. Mais, à notre avis, cela ne relève que d’une première impression. En effet, Megrelidzé écrit son texte avec l’intention de convaincre les lecteurs de la vérité du sens littéral de ce qu’il écrit (la question de savoir à quel degré il est sincère et s’il ment est secondaire). Alors que l’opinion répandue parle de textes transmettant un sens qui diffère, voire, est contraire au sens littéral du texte. Ces tactiques d’écriture sont le plus souvent décrites par la métaphore de l’« écriture entre les lignes ». Mais comme même chez Leo Strauss57, l’auteur incontournable pour les questions liées

à ce phénomène, l’explication de cette métaphore reste toujours sommaire, elle éveille l’imaginaire le plus fantaisiste et se laisse utiliser comme une expression désignant une figure d’auteur rusé et en totale conscience de ses propres modes de faire. Cette image de l’auteur est redoublée par l’image d’un lecteur tout aussi savant, qui est en mesure de déchiffrer le sens recelé dans le texte du premier. Strauss souligne que ce type de littérature est adressé à une minorité intelligente des lecteurs58. Or l’obscurité générale sur ces questions a fait que dans le

discours postsoviétique, la capacité de lire « entre les lignes » a acquis des extensions démesurées, au point d’être parfois proclamée un attribut caractéristique de l’« homme soviétique ». On suppose ainsi une transparence entre les écrivains et les lecteurs, les deux étant pareillement compétents, alors que « la langue d’Ésope », qui est un autre terme courant pour désigner la dissimulation du sens dit vrai, ne serait qu’un jeu se déroulant entre eux, et ayant comme but de créer un écran de poussière aux yeux de la censure, qui est, à la fois dans son élément intellectuel et répressif, identifiée à l’Etat. Même si cette manière quelque peu exagérée

57 STRAUSS Leo, « Persecution and the art of writing” in Social Research, 8:1/4 (1941). 58 Ibid, p. 491.

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d’exposer les choses peut paraître outrée, elle n’est pourtant pas dénuée d’utilité, car elle souligne l’importance de réévaluer les notions qu’on a sur la censure. Le livre de Megrelidzé, qui a eu une histoire compliquée et dont nous disposons de trois versions, permet de faire ce travail sur un matériel concret. Mais sans avoir la prétention de tirer des conséquences larges, comme celles visées par Strauss, qui propose une analyse de la tension entre l’écrivain et l’instance de persécution applicable à toute étape historique de la pensée occidentale, on se concentrera sur le cas de l’Union Soviétique, et plus particulièrement sur celui de Megrelidzé.

Au cours de notre analyse des écrits de Megrelidzé, quand cela sera nécessaire, nous soulignerons les points relevant de la censure ou de l’altération du texte, ainsi que les effets qu’elles produisent. Mais au préalable, nous voudrions proposer quelques remarques générales à ce sujet. Il est important de tenir compte du fait que toute lecture de textes produits sous les conditions d’un régime politique totalitaire a besoin d’être consciente de ses propres prémisses, ou, si l’on veut, des prémisses du texte qu’on envisage de lire. Et en vue, justement, d’une meilleure identification de ces prémisses, je propose d’insister sur la notion de censure en prenant comme point de départ le cas de la monographie de Megrelidzé. Mais évidemment si on parle de prémisses, cela ne veut point dire qu’il s’agirait de quelque chose qui serait donné hors du texte. Au contraire, à certains égards, c’est le texte lui-même qui peut laisser transparaître ses propres prémisses et c’est sur cela que je voudrais mettre l’accent dans ce qui suivra. Sur ce point on retiendra les remarques faites par Strauss, qui souligne l’importance qu’une perspective sur l’intégralité du texte peut avoir pour sa lecture intelligente.

La suggestion que nous voudrions avancer consiste à distinguer entre deux instances de la censure. D’un côté, c’est la censure objective, et de l’autre côté, la censure subjective qui, à son tour, peut se manifester de deux manières : négative et positive. La première de celles-ci, c'est-à- dire la censure objective, consiste en un contrôle extérieur, qui s’effectue après coup, alors que la deuxième, c'est-à-dire la censure subjective, est le contrôle intérieur, ou, autrement dit, l’autocensure que l’auteur lui-même met en place pour garantir la conformité de son texte à des impératifs extérieurs qui lui sont bien connus et ne sont pas questionnables dans le cadre du texte donné. Il peut s’agir de censure subjective négative ou positive, suivant que la conformité est obtenue en dissimulant les éléments inacceptables, pourtant présents dans le texte comme sa partie essentielle (c’est-à-dire, incontournable), ou en mettant un accent trop prononcé sur des éléments qui font partie de l’inventaire conceptuel ou symbolique de l’idéologie, mais qui, si on

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tient compte de l’intégralité du texte, n’ont qu’un caractère accidentel. Cela veut dire que le texte ne perdrait rien du point de vue de son argumentation intrinsèque, si on lui enlevait les éléments de l’autocensure positive.

C’est l’ensemble de toutes ces instances de censure qui constituent ce que nous avons appelé les prémisses de lecture. Cette grille de lecture permet de gagner une vue beaucoup plus nuancée et concrète du texte, ce qui demeurerait insaisissable, si on restait dans le cadre du schéma auteur/autorité. Qui plus est, ce dernier schéma ne permet pas de prendre en compte l’existence d’auteurs qui ne sont pas opposés à l’autorité, c’est-à-dire ceux qui, tout en partageant les convictions marxistes, se caractérisent par une créativité conceptuelle et ne se laissent pas décrire dans des termes binaires. C’est, justement, pour apporter plus de nuances dans cette problématique que l’on peut introduire la notion de culture philosophique soviétique proposée par Evert Van der Zweerde dans sa monographie consacrée à l’historiographie soviétique de la philosophie59 qui, selon la définition de l’auteur, est la discipline responsable de l’auto-

conscience historique de la philosophie soviétique. Quant à la philosophie soviétique, elle est ici comprise dans un sens large, pas uniquement et surtout pas en premier lieu comme une théorie, mais comme un médium par lequel le régime soviétique s’auto-légitimise et se garantit un fonctionnement effectif, mais qui, de l’autre côté, doit être contrôlé pour que la production de représentations qui mettraient le régime dans une lumière désavantageuse soit bloquée. Ainsi, conclut Van der Zweerde, en Union Soviétique, il n’y avait pas de lieu pour une discussion métaphilosophique (c’est-à-dire pour une discussion sur la philosophie officielle), ce qui a transformé la philosophie soviétique en une science cumulative, au lieu qu’elle soit le lieu d’affrontements. De notre côté, on voudrait préciser qu’évidemment il y a eu des discussions voire des querelles au sein de la philosophie soviétique, surtout à une première étape de son histoire (cela est bien décrit par Van der Zweerde aussi). Mais effectivement, ces discussions n’ont jamais interrogé les cadres dans lesquels elles émergeaient. Ce cadre était constitué par des signifiants tels que le matérialisme, ou la dialectique. Les discussions concernaient donc la question de la conformité de telle ou telle conception à ces critères. Mais ceux-ci n’ont jamais été eux-mêmes questionnés (c’est pour cela que nous éviterions de les appeler concepts – justement parce qu’ils n’étaient pas discutables – et préférons l’appellation « signifiants »). L’on discutait,

59 Evert Van der ZWEERDE, Soviet historiography of philosophy, Istoriko-Filosofskaja Nauka. Springer

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donc, sur les meilleurs modes de conformer les méthodes des divers domaines de savoir à ces impératifs. Dans ce sens, Van der Zweerde a tout à fait raison quand il définit la culture soviétique, entre autres, comme le pourvoyeur des critères de distinction de la philosophie et de la non-philosophie. Dans ce travail, à plusieurs reprises, nous devrons revenir plus fondamentalement à ce point magistral. Mais ce qui nous intéresse maintenant, c’est un autre aspect de la culture soviétique, telle qu’elle est définie par Van der Zweerde : « 'Soviet philosophy' does not denote a philosophical school or theory, but an historically limited type of philosophical culture, a complex of opportunities, restrictions, institutions, organisations, and traditions, within which philosophy was done. » La culture philosophique est comprise ici comme un savoir normatif internalisé : elle implique « the ways in which philosophical texts were to be produced, with the ideological conditions of philosophical discussions, and with the possibilities and impossibilities of making one’s ideas public. »60

La culture philosophique soviétique se trouve donc en étroite relation avec les mécanismes de la censure. Ce n’est qu’elle qui peut rendre intelligible chaque occurrence concrète d’intervention dans le texte. Ayant préalablement distingué les trois instances de la censure, nous pouvons voir qu’il s’agit d’interventions qui diffèrent en caractère. La particularité des

Problèmes fondamentaux de la sociologie de la pensée est que ce livre, grâce à son histoire,

illustre simultanément ces trois instances de censure. Les éléments de la censure objective (l’intervention après-coup) se laissent repérer par une simple comparaison entre diverses versions du texte (ce n’est que la toute première version qui manque de pair – qui lui précéderait – pour être comparée). Mais quant aux éléments de la censure subjective (l’intervention préventive), la tâche est plus compliquée. Comme, par principe, la censure subjective ne se manifeste en aucun support fixé (tel un texte), elle ne peut être saisie qu’en tant que résultat d’une reconstruction. Mais pour réaliser cette reconstruction on a besoin de mettre en conjonction deux versants : d’un côté, en accord avec l’idée de Strauss, c’est une analyse du texte dans son entièreté et sa mise à l’épreuve selon le critère de cohérence, qui peuvent nous aider à discerner entre ce qui est essentiel du texte et ce qui y est accidentel (relevant de la censure positive), et, de l’autre côté, c’est la prise en compte de ce qui, suivant le raisonnement de Van der Zweerde, se laisse décrire comme la culture philosophique soviétique.

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Passons donc au livre. La censure, on l’a déjà dit, est présente dans ce livre, tout d’abord, en qualité d’une instance extérieure. Celle-ci n’est pas l’Etat, ni une institution étatique à proprement parler, mais un groupe de collègues, hautement placés dans la hiérarchie de l’institution académique. Ils exécutent la censure en se reportant non pas à un observateur plus haut placé ayant une autorité supérieure à la leur, mais à la communauté des collègues elle- même. Il n’est donc pas étonnant que ce type de contrôle s’exerce grâce à une procédure réglementée. Ainsi, dans l’avertissement à l’édition de 1965, l’éditeur du livre, Anguïa Botchorichvili, donne quelques précisions sur le procédé de la censure, qui est toujours désigné par l’euphémisme « édition » :

« La question de l’édition du livre a été posée en 1956. A l’Académie des Sciences de la République Soviétique de la Géorgie une commission spéciale a été créée, constituée par les professeurs : Ch. Dzidzigouri, S. Nariqachvili, S. Tsereteli, G. Tchitaïa, Th. Charachenidze. Le livre a été remis à la commission pour qu’elle formule un avis. La commission a estimé que l’ouvrage n’avait pas perdu de son importance scientifique, ni de son actualité. Nous [lire : « moi » - nous notons] avons effectué la révision et correction définitives du livre en prenant en compte toutes les

remarques suffisamment fondées des lecteurs [nous soulignons]. »61

En réaction à l’édition de 1965, les représentants du département de philosophie de l’Université de Rostov-sur-le-Don ont adressé leurs recommandations à l’Académie des Sciences de la Géorgie (c'est-à-dire à l’organe qui avait été chargé de cette édition). Ils ont souhaité que le livre soit réédité, en vue d’une augmentation du tirage, de la correction des erreurs orthographiques, mais ils insistaient également sur la nécessité d’une intervention dans le texte pour qu’il soit mis en meilleure adéquation avec les principes du marxisme-léninisme. A titre d’exemple spectaculaire, et pour illustrer le niveau de discussion, citons le passage respectif en entier :

« L’ouvrage de Megrelidzé n’est pas assuré contre certaines imperfections. Il est douteux que l’emploi de l’adjectif “quasi-indépendant” comme le fait l’auteur soit pertinent pour caractériser le rôle actif des idées. Dans notre littérature il est déjà de coutume d’utiliser à cet effet la notion de

61 Ангиа БОЧОРИШВИЛИ, «От редактора» in Контстантин МЕГРЕЛИДЗЕ, Основные проблемы

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l’“autonomie relative de l’idéologie”. La supposition selon laquelle sous le communisme la conscience sociale détermine l’être social, et non pas l’inverse, est contestable et manque d’argumentation. A notre avis, la question de la philosophie de B. Spinoza est, également, mise dans une lumière erronée. A ce propos, l’avis de K. Megrelidzé est quelque peu en contradiction à l’interprétation établie dans la littérature marxiste contemporaine de la qualification que le penseur du XVIIe siècle donnait au matérialisme et à l’athéisme. »62

Aucune de ces trois recommandations, venant des philosophes chez qui la lecture de l’ouvrage de Megrelidzé avait produit le plus d’enthousiasme, et dont le but, paradoxalement, était une plus stricte réalisation de la censure objective, n’a été prise en compte dans la troisième édition de l’ouvrage en 1973, effectuée par le même éditeur. Nous n’irons pas plus loin en conjectures concernant le caractère de la communication entre les deux institutions se situant dans deux républiques soviétiques différentes. Et soulignerons seulement que ce qui par les critiques a été qualifié comme un traitement déviant de la philosophie de Spinoza, avait été mis en valeur déjà dans l’introduction à l’édition de 1965, écrite par l’éditeur, comme un « jugement original, qui repense d’une manière critique certaines des opinions généralement répandues » 63

sur Spinoza.

A cette censure de caractère objectif, se rajoute donc la censure subjective, c'est-à-dire l’autocensure de l’auteur. Celle-ci se manifeste sous deux formes : d’abord, négative – c’est le cas quand l’auteur enlève du texte ce qu’il y aurait mis si l’aberration idéologique ne s’imposait pas –, et puis positive – par exemple quand l’auteur rajoute dans le texte des éléments que, pour la même raison, il n’y aurait pas mis. Conjointement les trois instances garantissent au texte une conformité à des impératifs idéologiques. La censure objective est anticipée par l’autocensure, qui implique à la fois une censure négative, par la renonciation aux éléments indésirables, et une censure positive, par l’insertion des éléments désirables. Pour l’illustrer, nous pourrions revenir aux exemples de Marr et Staline dans le texte de Megrelidzé. Dans sa version originale, la référence à Staline est un élément qui relève d’une censure positive64, alors que celle à Marr est

62 ბრონსკი ნ., ქოზაევი ა., « კაპიტალური ნაშრომი აზროვნების სოციოლოგიის შესახებ » in

საქართველოსკომუნისტი, N3. p. 94.

63 Ангиа БОЧОРИШВИЛИ, «От редактора» in Контстантин МЕГРЕЛИДЗЕ, Основные проблемы

социологии мышления. Op. cit, 1965. p. 6.

64 Plus bas nous proposerons une analyse plus nuancée des occurrences de Staline dans ce texte, mais la

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une référence essentielle. Par contre, une fois la conjoncture changée, dans les années 60, les deux deviennent des éléments indésirables aux yeux de la censure objective. Non seulement Marr est délégitimé par Staline en 1949, mais Staline lui-même est délégitimé par le fameux « rapport » secret divulgué au XXe congrès du Parti communiste soviétique par son secrétaire général Nikita Khrouchtchev, dénonçant le « culte de la personnalité ».

Maintenant que nous avons proposé une première caractérisation des instances de la censure, nous pouvons reprendre avec plus de vigueur le point indiqué à titre préliminaire dans le chapitre précédent et mieux articuler ce en quoi le texte auquel nous avons affaire peut être envisagé comme un palimpseste. Il s’agit effectivement d’un objet textuel complexe qui a une matérialité à couches multiples. Il n’est pas identique à soi-même : non seulement parce qu’il est une coagulation des multiples instances de censure qui se laissent décortiquer dans une perspective synchronique, mais également par le fait que l’on a à affronter des moments temporellement différés. Autrement dit, on a deux points temporellement différés, dont chacun a son propre assortiment de censures. Au surplus, chacune de ces instances de censure se laisse saisir différemment, par comparaison ou par reconstruction.

Mais évidemment, cette description reste abstraite tant qu’on ne voit pas cette complexité dans la chair du texte in concreto. A cet effet, dans les trois chapitres suivant, nous reprendrons trois aspects qui, au cours de l’histoire du livre, ont fait preuve du plus grand dynamisme d’interpretation. D’abord il s’agira de la question de la psychologie soviétique qui, dans les trois instances temporelles de l’histoire du livre, se présente différemment. Ensuite, c’est la question du titre de l’ouvrage, dont on dispose de quatre versions, et de la place du terme « sociologie » à travers la conjoncture en changement. En connexion avec ce terme en concurrence avec l’autre terme de « phénoménologie », nous tenterons de toucher un point de la censure négative qui est l’aspect le plus hypothétique au sein de la problématique de la censure. Et enfin, nous nous contenterons de nous concentrer sur l’usage de la figure de Staline, relevant de l’autocensure positive. Par ces trois points nous espérons donner un tableau suffisamment complet de l’aspect proprement diachronique du livre, de son histoire, pour ensuite passer à l’exposition de la conception de Megrelidzé à partir de la version originale de 1937. Cela toutefois ne signifie pas que, à cette nouvelle étape, nous aurons enfin affaire à un texte unidimensionnel et que l’on pourra complètement se passer de cette problématique. En effet, la complexité du livre se manifeste déjà dans sa version originale, notamment par son hétérogénéité assez prononcée. Le

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livre est non seulement hétérogène, mais, pourrait-on même dire, éclectique, non seulement par les questions qu’on y trouve posées, mais également en vertu de la diversité des attitudes théoriques ou des prémisses auxquelles recourt l’auteur.

Avant de passer aux trois points qui viennent d’être annoncés, deux remarques nous semblent essentielles.

La première concerne l’aspect formel de la censure. Si l’on voulait classifier les types d’éliminations entreprises pour l’édition du livre en 1965, on pourrait en dégager trois. La première, la plus élémentaire, consiste en l’effacement des noms propre, dont la mention a été rendue impraticable suite au changement de la conjoncture (tels sont Bekhterev, Pavlov, Staline Marr, etc). Il s’agit parfois d’une élimination du nom seulement (par exemple, dans les simples énumérations de noms), ou bien de l’élimination d’une phrase contenant un nom, ou d’une partie de la phrase dans laquelle le nom est inséré. Deuxièmement, il s’agit des passages qui comportent une certaine charge émotionnelle. Cela peut être une critique âpre, voire agressive, ou un éloge excessif. Dans le cas de ce type d’éliminations, les raisons de ces appréciations ou dépréciations ne sont pratiquement jamais touchées et restent tout à fait lisibles. Ce n’est donc pas l’essentiel des qualifications qui tombe sous le coup de la censure, mais leurs expressions les