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Dans son ouvrage, à plusieurs reprises, Megrelidzé consacre des passages critiques, voire ironiques à Ivan Pavlov, physiologiste russe qui dans les années 1910 a élaboré la théorie de ce qu’il appelait l’activité nerveuse supérieure. Pavlov, qui avait 68 ans quand la révolution russe éclata, a gardé une relation ambiguë avec les principes du marxisme soviétique et n’a jamais tenté d’adopter, d’une manière délibérée, le matérialisme dialectique comme la base méthodologique de ses recherches. Or, comme Loren Graham le remarque dans sa monographie

Science, Philosophy, and Human Behavior in the Soviet Union67, la théorie de Pavlov comportait des traits qui la rendaient récupérable par la science soviétique. Par une interprétation tendancielle de certains points de sa théorie, ou par une manière d’en mettre certains en avant au détriment d’autres, la science soviétique s’est d’abord approprié la théorie pavlovienne68, et

67 Loren R. GRAHAM, Science, philosophy, and human behavior in the Soviet Union. Columbia University

Press, New York, 1987.

68 En Union Soviétique l’épistémologie philosophique dominante était la « théorie du reflet » prêtée à Lénine,

qu’il avait développée contre l’idéalisme. Le psychisme y est conçu comme le produit supérieur de la matière, c’est- à-dire, comme une fonction du cerveau humain (Cf. В. И. ЛЕНИН Материализм и эмпириокритицизм.

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ensuite, une fois que cette interprétation concrète eut été fixée et établie, elle fut transformée en un critère de distinction entre la vraie et la fausse science et instrumentalisée par le régime contre une partie des physiologistes en 1950.

Exposant les traits généraux de la théorie de l’activité nerveuse supérieure et la façon dont elle a été inscrite dans le contexte de la science soviétique qui se voulait matérialiste et dialectique, Graham remarque que Pavlov, qui était un héritier de la physiologie russe prérévolutionnaire, a été injustement représenté comme un psychologue qui voyait la méthode objective des sciences de la nature comme la seule méthode adaptée à l’étude du psychisme humain. L’objectif de sa mise dans une telle lumière était de prouver le caractère matérialiste de l’approche de Pavlov. Pourtant, selon Graham, il s’agit d’une qualification erronée, car elle fait économie du fait que Pavlov avait clairement insisté sur la différence qualitative entre le psychisme animal et le psychisme humain. Il y avait aussi la tendance à négliger le fait que Pavlov à la fois refusait de réduire la psychologie à la physiologie, et niait la possibilité d’une psychologie des animaux (qui étaient les sujets privilégiés de ses études), partant du constat que la vie intérieure de ceux-ci est, par principe, inatteignable. Comme il est bien connu, Pavlov a développé la théorie des réflexes inconditionnels et conditionnels sur la base des expériences qu’il effectuait sur le système nerveux animal. Il a trouvé que, à côté des formes du fonctionnement du système nerveux qui sont innées et héritées, il existe des réflexes qui s’appuient sur des formes innées mais qui sont acquis par l’organisme au cours de sa vie. Pour Pavlov cela est vrai pour tout psychisme, mais les instincts, c’est-à-dire les réflexes innés, sont moins caractéristiques de l’homme que de l’animal. Le comportement humain est en grande partie défini par des réflexes acquis, car l’homme possède un instrument additionnel qui permet à son psychisme de prendre des extensions illimitées. Cet instrument étant la langue, Pavlov a proposé la notion de « système secondaire de signaux » (par opposition aux « réflexes signaux » qui désignent des réflexes conditionnels) pour caractériser le psychisme humain qui,

Издательство политической литературы, Москва, 1986. p. 95). Quant à Pavlov, il a été recupéré comme l’auteur de la théorie scientifique qui aurait fourni à la théorie du reflet léniniste une base scientifique. Voici ce qu’en dit un dictionnaire des années 1950 : « Sa doctrine sur l'activité nerveuse supérieure est une des bases du matérialisme dialectique dans le domaine des sciences de la nature. Elle a doté d'une base rigoureusement scientifique la théorie

du reflet (V.) matérialiste. Pavlov a démontré que sans l'action exercée par le monde extérieur sur les organes des

sens ainsi que sur le cerveau, aucune activité psychique ne serait possible et que le psychisme animal est le reflet du monde objectif ambiant. » (« Pavlov Ivan Pétrovitch » in Marc ROSENTAHL, Pavel IOUDINE, Petit dictionnaire

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contrairement au mode de fonctionnement nerveux animal, ne se laisse pas décrire par le schéma « stimulus – réaction ».

Malgré les éléments de l’héritage théorique de Pavlov qui pourraient lui épargner la qualification de réductionniste, voulue par les soviets, et dans la bouche desquels cette qualification signifiait « matérialisme », il faut reconnaître que la notion pavlovienne de « système secondaire de signaux » est restée peu développée. Pavlov n’a pas pu articuler et donner à la psychologie un objet suffisamment autonome en l’espèce d’un « psychisme humain », ni une méthode de recherche qui lui serait propre. En revanche, chez lui, la tendance à tirer les explications de la physiologie demeure assez forte. A ce propos Megrelidzé écrit : « L’Akademik Pavlov généralise toute sorte de reflexes, tels les reflexes “alimentaires”, de “peur”, de “but” (?), de “liberté” (?) etc., et en tire des conclusions générales pour l’homme, parfois allant jusqu’aux généralisations sur la question de l’“esprit russe” et sur ses côtés faibles et forts. »69

Comme on l’a dit, cette tendance rendit la théorie de Pavlov pleinement récupérable par la science soviétique. Ainsi, par exemple, la continuité entre l’aspect physiologique et l’aspect psychologique (qui est admirablement exprimée dans la notion de « sécrétion psychique » décrivant le fait tiré de ses expérimentations sur les chiens, ou, d’une manière encore plus prononcée, dans le nom même qu’il donna à sa propre théorie – « théorie de l’activité nerveuse supérieure ») a été interprétée comme la réalisation du principe matérialiste et moniste. Autrement dit, le psychisme n’est que le type d’organisation le plus complexe de la matière, qui ne diffère pas fondamentalement de celui qu’on trouve aux niveaux organique ou biologique. Cette différence quantitative implique, pour Pavlov, la transition d’un type de causalité à un autre, ce qui, selon les interprétations faites du point de vue du matérialisme dialectique, était la réalisation du deuxième principe fondamental du matérialisme dialectique formulé par Engels, et notamment de celui de la transformation de la différence quantitative en une différence qualitative70.

69 Константин МЕГРЕЛИДЗЕ, Основные проблемы социологии мышления. Op. cit. 1937. p. 62.

70 Voici un passage de l’article dédié à Pavlov dans : M. ROSENTAHL, P. IOUDINE, Petit dictionnaire

philosophique, op. cit. Dans les formules de cette définition on trouve mobilisées toutes les catégories principales de

la dialectique matérialiste : « La doctrine de Pavlov est pénétrée de l'idée du développement, du changement continuel des choses ; elle renverse l'interprétation métaphysique des lois de l'activité psychique. Pavlov conçoit dialectiquement l'activité réflexe des animaux comme une substitution incessante de réflexes et une lutte de processus contraires : excitation et inhibition, irradiation et concentration, etc. La généralisation philosophique de la

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Au moment où, en 1936-1937, Megrelidzé fait ses remarques critiques contre Pavlov, la réflexologie de celui-ci joue déjà un rôle proéminent dans la science soviétique. Mais ce n’est qu’un peu plus tard, en 1950, qu’elle s’assurera une place monopoliste dans la physiologie et psychologie soviétiques. On pourrait dire que dans sa critique, Megrelidzé attaque justement l’aspect de la théorie de Pavlov qui la rendait acceptable du point de vue du matérialisme dialectique. Megrelidzé aborde la question de la réflexologie au moment où il développe sa critique des attitudes naturalistes dans les études de la pensée humaine. Tout en reconnaissant les progrès faits par Pavlov dans la sphère de la physiologie, Megrelidzé signale l’insuffisance de sa méthode qui, en dernière instance, cherche à traduire les phénomènes psychiques dans des termes mécanistes. Megrelidzé cite donc Pavlov : « l’explication véritablement mécaniste [des phénomènes psychiques – nous notons] demeure l’idéal de toute recherche naturaliste et scientifique. Au fur et à mesure qu’on s’approchera de l’accomplissement de cette tâche, tous ces phénomènes, leur mécanisme, seront expliqués d’abord par la chimie, et enfin par la physique. »71 Ainsi, conclut Megrelidzé, selon Pavlov, la physique est destinée à supprimer le

reste des sciences. Abstraction faite des nuances terminologiques par lesquelles se distinguent les discours des deux penseurs – Megrelidzé parle de « мышление» (la pensée) alors que Pavlov utilise le mot « ум » (l’intelligence, la raison) –, la constatation est à elle seule suffisante pour dégager le point critique majeur pour Megrelidzé. De son point de vue qui est, ne l’oublions pas, celui d’un marxiste convaincu, la pensée humaine est un phénomène intrinsèquement historique, et l’appareil conceptuel propre à la physiologie, comprenant des notions comme le réflexe, l’organisme, l’irritation etc. ne permettent pas d’en rendre compte. On voit ici se dégager deux manières concurrentes de tracer la ligne de démarcation entre ce qui est marxiste et ce qui ne l’est pas. Cette dualité traverse l’histoire intellectuelle soviétique. La première consiste en une approche ontologisante, qui trace cette distinction en fonction de l’opposition moniste/dualiste ou encore dialectique/mécaniste, alors que l’autre, qui est l’approche historisante, adopte comme

doctrine pavlovienne est d'une grande importance, car elle enrichit et concrétise les principes du matérialisme philosophique et dialectique marxistes, appliqués à la nature. Les découvertes de Pavlov représentent une arme dans la lutte idéologique contre toutes les manifestations de l'idéalisme et de l'obscurantisme. »

71 Иван ПАВЛОВ, « Последние сообщения по физиологии и патологии высшей нервной деятельности »

cité selon : Константин МЕГРЕЛИДЗЕ. Основные проблемы социологии мышления. Op. cit. 1937. p. 3. Notons en passant l’usage ici du mot « mécaniste » : avec le « matérialisme » et la « dialectique », la notion de « mécanicisme » fait partie de l’ensemble des signifiants constituant le cadre de la culture philosophique soviétique dans le sens expliqué au chapitre précédent. Mais à la différence des deux premières, celle-ci a une connotation strictement négative. Le fait que Pavlov utilise cette notion dans le sens positif, montre la justesse de l’affirmation de Graham selon laquelle Pavlov ne se pense pas dans les termes du marxisme soviétique.

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critère la distinction entre ce qui est historique et ce qui est anhistorique. Comme on le voit, Megrelidzé ne s’attarde pas sur le fait que Pavlov exige une explication « véritablement mécaniste » et n’exige pas que la rectification soit faite par le biais d’une substitution de la causalité dialectique à la causalité mécaniste. Tout au contraire, le cœur de la critique de Megrelidzé, qui s’en tient au critère historiciste, réside en ceci qu’il reproche à Pavlov ce grâce à quoi celui-ci a été récupéré par la science soviétique. Ainsi Megrelidzé écrit-il :

« Penser que de cette manière on peut comprendre la véritable “nature de l’homme” est tout aussi faux que la supposition des anciens scolastiques qui employaient une analogie inverse : ils prenaient les mouvements, les réactions, la croissance et la procréation des animaux pour les manifestations des buts éternels ainsi que pour une “recherche” de la vérité, et espéraient gagner de cette manière la compréhension parfaite et véritable des lois secrètes de la nature. »72

Megrelidzé reproche donc à Pavlov sa méthode anhistorique et prévient du danger monopoliste qui se cache derrière le réductionnisme. Mais il ne faut pas penser que cette critique, chez Megrelidzé, soit motivée uniquement par l’envie de faire place à l’approche qui sera la sienne et qui sera distante des sciences dures, mettant l’accent sur l’aspect historiciste dans l’étude de la pensée humaine. Dans ce réductionnisme Megrelidzé entrevoit un danger pour la science elle-même. Comme on l’a vu, en tirant les conséquences des propositions avancées par Pavlov, il parle de la suppression de toutes les sciences par la physique. Ce qui est effectivement advenu, par contre, c’est que, quand une dizaine d’années plus tard la réflexologie a acquis le monopole dans les études de physiologie et de psychologie, celles-ci se sont trouvées bloquées dans leur développement pendant des décennies. Si Megrelidzé a bien entrevu les possibles résultats du renforcement de la réflexologie, en revanche, il aurait eu du mal à prévoir les moyens par lesquels ce renforcement allait être mis en place. En effet, le renforcement de la réflexologie en Union Soviétique n’a pas été dû à des raisons proprement scientifiques, mais au fait que « l’enseignement de Pavlov » a été politiquement instrumentalisé. Autrement dit, dans la période du stalinisme avancé qui était accompagné par l’affermissement de la perspective qu’on vient de qualifier d’ontologisante, la réflexologie a été adoptée comme instrument pour purger les rangs des scientifiques. C’est en 1950 qu’a eu lieu ce qui est connu sous le nom de « la

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session pavlovienne » dédiée aux problèmes de la réflexologie et qui a été organisée sur la demande oblique de Staline. Hormis le fait que suite aux discussions auxquelles donna lieu la session certains des psychologues furent évincés de leurs activités scientifiques, la session eut des conséquences majeures également pour l’orientation future de la psychologie soviétique. Il fut imposé que la psychologie s’oriente vers la physiologie pavlovienne et trouve appui sur la nature réflexionnelle (рефлекторный) du psychisme.

Ces développements dans la psychologie soviétique expliquent le traitement que les passages relatifs aux psychologues et aux physiologistes ont reçu dans l’édition de l’ouvrage de Megrelidzé en 1965. On peut toujours y voir l’acharnement de Megrelidzé contre les réductionnismes, mais tous les passages comportant des mentions directes à Pavlov (sauf un passage où Megrelidzé se réfère à Pavlov d’une manière tout à fait neutre pour lui emprunter la définition du « réflexe »73) sont effacés. Il en va de même avec les noms des autres psychologies

soviétiques, toutes associées à la réflexologie. Ainsi la censure a-t-elle éliminé les passages critiques que Megrelidzé consacre aux psychologues suivants : Beritachvili, qui avait adopté la méthode expérimentale pavlovienne, est critiqué pour avoir tiré une conclusion douteuse quant à la capacité des chiens de garder des souvenirs visuels distincts ; Kornilov, qui était le premier à tenter d’élaborer une psychologie marxiste après la révolution, est critiqué pour avoir envisagé le comportement humain comme l’ensemble des réactions de l’organisme humain à son milieu ou encore d’avoir conceptualisé le langage (compris comme une capacité) comme un système de réflexes relevant des contacts sociaux ; et, enfin, Vygodskji, par rapport auquel Megrelidzé est le plus clément, est accusé de ne pas avoir pu se défaire de la réflexologie orthodoxe. Comme l’objet de ce chapitre est d’éclairer la question de la censure, on va se contenter de ces quelques remarques générales, avant de revenir à la question de la critique de Pavlov et de Vygotskij.

Pour résumer les effets que la censure, qui avait pris comme cible les parties du livre dédiées à des questions de psychologie, a produit dans la version de 1965 de l’ouvrage, on peut dire que les arguments critiques de Megrelidzé adressés à la réflexologie, et au privilège que celle-ci conférait à la physiologie dans la psychologie, sont tout à fait lisibles et n’ont rien perdu en complétude. Mais l’élimination des noms et des mentions de figures concrètes a conféré à ses raisonnements un caractère général et a arraché son texte à l’historicité qui lui est propre.

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Autrement dit, suite à l’intervention de la censure, il est devenu difficile d’entrevoir la manière dont Megrelidzé s’insère dans les débats des années 30 qui lui sont contemporains.

Enfin on voudrait attirer l’attention sur quelques points liés à l’étape suivante de l’histoire du livre. Dans la version de 1973, nous sommes témoins d’une réapparition de quelques mentions de Pavlov, ainsi que d’une partie de la critique de Vigotskj dans le texte. Cela n’est pas sans raison et pourrait être reconduit à des développements dans la psychologie soviétique qui ont débuté quelques années avant la parution de cette version de l’ouvrage.

Déjà dans l’année 1962 la question concernant les fondements philosophiques de la physiologie et de la psychologie a été de nouveau mise à l’ordre du jour.74 Dans le cadre des

discussions à ce sujet, deux positions diamétralement opposées se sont articulées. Les uns affirmaient que la théorie de Pavlov n’avait pas perdu de son actualité et pouvait toujours être envisagée comme le fondement de la psychologie, alors que les autres affirmaient que le paradigme pavlovien était désuet. Pourtant le consensus s’est instauré pour reconnaître que la physiologie et la psychologie avaient le même objet – l’activité nerveuse supérieure en tant que fonction du cerveau. Ces deux disciplines se différenciaient seulement par leurs perspectives, mettant l’accent, respectivement, sur les aspects psychologique et physiologique de ce même objet. Il résulta de ces débats que Pavlov ne fut pas détrôné, mais que l’on reconnut que sa théorie nécessitait d’être complétée par d’autres approches. Comme exemple d’une telle réorientation on pourrait citer un psychologue et philosophe géorgien représentatif de l’atmosphère dans laquelle la deuxième édition augmentée de l’ouvrage de Megrelidzé devait être préparée. Il s’agit d’Apollon Cherozia qui, en 1969 et 1973, publie deux volumes intitulés

Contribution à la problématique de la conscience et de l’inconscience qui, suivant la vague

d’une nouvelle politique soviétique qui atténuait son isolationnisme et s’orientait vers une émulation avec le reste du monde, tente de trouver un équivalent socialiste à la conception psychanalytique de l’inconscient propre au monde et au système scientifique bourgeois. Mais ce qui nous intéresse chez cet auteur, c’est son interprétation altérée, quoique toujours respectueuse, de Pavlov. Il va chercher une citation de Pavlov où celui-ci affirme que la méthode objective est applicable tant aux animaux qu’à l’homme, mais que dans le cas des humains elle fait preuve

74 « La problématique philosophique de psychologie » impliquait les questions comme la relation entre le

psychisme et son milieu, celle entre les procès psychiques et physiologiques, la question de la détermination psychique, relation entre les déterminants biologiques et sociaux, etc. Cf. Е. БУДИЛОВА, Философские проблемы в советской психологии. Наука, Москва, 1972. p. 6.

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d’insuffisance et révèle la nécessité d’introduire la méthode d’auto-observation ou introspection. Cherozia utilise donc l’autorité inébranlable de Pavlov et, par son interprétation, s’en sert pour légitimer l’introduction d’un élément subjectiviste dans le système de la science soviétique.75

Dans ces conditions permutées, la critique que Megrelidzé avait adressée à la physiologisation du psychisme est devenue acceptable, voire désirable. Ce changement d’atmosphère se confirme également par la qualification que, dans son article daté de 1978, Djioev donne à l’entreprise de Megrelidzé. Soulignant ses mérites, il écrit : « En mettant en opposition au naturalisme le point de vue marxiste, K. Megrelidzé visait une tendance qui avait réellement existé à son époque et qui consistait à réduire l’activité de la conscience humaine à des lois biologiques, aux réflexes physiologiques »76.