(i) Cet ouvrage esttrès-érudit : mais après l’avoirlu avec beaucoup d’attention, nous avons cru voir quil ne remplit pas tout-à-fait son objet. Il contient plu-*
sieurs discussions étrangèresàla médecinelégale.
L
au-teurn’a pas toujours puisé dans les meilleures sources
,
et nous ne craignons pas de trop avancer, en disant qu’un ouvrage exact et complet sur la médecine lé-gale est encore à faire.
i
C )
tient souvent à de très-légères circonstances,
comme
le prouve le fait suivant.Le
lonovembre
1788, je fus chargé parla municipalité de Paris, de visiter
un
por-teur de charbon, qui, à la suite d’une rixe avecun
de ses camarades, avoit reçu plu-sieurs coups et contusions eu diflérentespar-ties
du
corps, etnotamment
àla poilriim,où
il disoit soufîrir do grandes douleurs. Il étoit
au
lit lorsque je le visitai, etse plaignoit d’un violent point de côté, avec crachement desang. Etfectivement, les crachats, qu’il lan-çoit avec assez de force contre la muraille
,
paroissoient très -épais et teints en rouge.
L'état du pouls
du
blessé , son physique ex-térieurme
firent soupçonner qu’ilexagé-roit
beaucoup
sa maladie : j’eusmême
des doutes sur ses crachats. Je revins le voir au boutdedeux
heures, sansqu’ilm’attendît: jevoulus alors lefaire cracher; il refusa obs-tinément, en disantque
lecrachement
de sang étoit cessé.Pour
éclaircirmes
soupçons, j’examinai attentivement avecune
lumièreles crachats , dont l’empreinte étoit encore sur la muraille, et je fus bientôt convaincu
qu’ils n’étoient que l’effet de la pulpe de
pru-neaux
noirs, que lemalade
mâchoit quelque tems, et qu’il jettoit ensuite avecsa salive.Je
B
4(H)
le forçai d’avouer sa supercherie, et de con-venir qu’il en avoit usé
pour
faire croire son état plusfâcheux
qu’il u’étoit , etpour
obte-nir de son adversaireune
indemnité plus forte.Quand on
fait réflexion sur la nécessitéin-dispensable d’un rapport dans les procédures criminelles,
quand on
considèrecombien
cet acte devient intéressant, i°.au
jugepour
éclairer sa religion et tranquilliser sa cons-cience ; 2°.
aux
accuséspour
sauverleurhon-neur
etsouvent
leur vie, lorsqu’ils sontin-nocens
; 3°.au
publicmême pour
lemain-tien
de
l’ordre social :quand
enfinon
songecombien
la rédaction d’un tel rapport exigede
connoissances et d’attention,on
estdisposé à croireque
des loix ont fixé les règles lesplus sûres, établi les précautions les plus sages
pour
prévenir la défectuosité de ces actes’ judiciaires, etempêcher
les funesteseffets de leur inexactitüde.
La
raison, l’huma-nité disentque
ces loix doivent exister :ce-'
pendant
le fait est qu’elles n’existent pas, en sorteque
, dans le casoù
ils’agit de l’honneur,
quelquefois
même
de la vie d’un citoyen, lerapport d’un seul
homme
qui, quelqu’ins-truit qu’on le
suppose
, est encoresujet àl’er-reur , est presque la seule Ipi qui règle la
( 25 )
décisfon de la justice, tandis que
pour
validerun
acte civil, qui intéresse tout au plus la fortune , on exige la signature dedeux hom-mes
de loi, souventmême
celle des témoins.Un
des cas les plus iiuportans et des plus délicats à traiter de la médecine légale, c’est celui qui a trait à l’infanticide..On
connoîtl’édit de Henri
H
de i556, quicondamne
à la
mort
toute fille convaincue d’avoir celé sa grossesse et fait périr son fruit. Mais cet édit ne pouvoit,comme
l’observç judicieu-sement le criminaliste Laconibe , avoir son exécution, s’il paroissoit, par le rapport des chirurgien.s,que
l’enfant n’étoit pasvenu
à terme,ou
étoit né mort.La
sévérité de cet édit n’admet aucune distinction : cependantil
y
en a de trè.s-grandes à établir.Une
filledevenue mère,
encore plus par libertinageque
par foiblesse , accouche en secret , et sa-crifie le seul témoin qui peut constater son crime : voilà lavéritable coupable, parcequa
ce meurtre est l’eSet d’un dessein prémédité ; mais regardera-t-on
comme
également cou-pable, celle qui, victime d’une séduction préparée et opérée avec art,trompée
pardes promesses quesoningénuité luiafait regardercomme
sacrées, devient grosse,et est surprise par les douleurs' de l’accouchement, aumo-,
-'
(
26
)meut où
elle s’y attendoit lemoins
?Ne
sa-chant, dans l’égarement 'de ses sens, ni ce qu’elle doit faire, nice qu’ellefait,elle accou-che presque sans connoissance, etson enfant périt par défautde
soins. Mérite-t-elledonc,
cette
malheureuse,
d’être traitéecomme
cellequi a détruit
sciemment
et à dessein sonfruit ?
Est-elle encore véritablement coupable , celle dont l’enfant
ou
naîtmort, ou meurt eu
naissant, après quelle a pris toutes les pré-cautions qu’exige la