Partie I Notions fondamentales 1
2.1 Relation binaire sur un ensemble
R´e´ecriture
Sommaire
2.1 Relation binaire sur un ensemble . . . . 26
2.2 Syst`eme de r´e´ecriture . . . . 28
2.2.1 Cas non conditionnel . . . . 28
2.2.2 Cas conditionnel . . . . 29
2.3 Sp´ecification ´equationnelle . . . . 30
2.3.1 Un syst`eme de r´e´ecriture particulier . . . . 30
2.3.2 Pourquoi orienter les ´egalit´es ? . . . . 31
2.3.3 Unification . . . . 32
2.3.4 Paires critiques . . . . 33
2.3.5 La proc´edure de compl´etion de Knuth-Bendix . . . . 34
2.4 Compl´etude suffisante . . . . 34
2.5 R´e´ecriture modulo un ensemble d’´egalit´es . . . . 36
2.5.1 Relation binaire modulo un ensemble d’´egalit´es . . . . 36
2.5.2 R´e´ecritureR, Eet compl´etude suffisante . . . . 37
Dans ce chapitre, nous commen¸cons par rappeler quelques d´efinitions utiles sur les relations
binaires, et en particulier sur les relations d’ordre et leurs variantes. Nous effectuons ensuite une
mise au point sur la notion de syst`eme de r´e´ecriture et sur celle de sp´ecification ´equationnelle.
Les ´egalit´es sont sym´etriques, cela signifie qu’on peut les appliquer dans les deux sens. Nous
verrons qu’il peut ˆetre pertinent cependant de ne restreindre leur application qu’`a un seul sens,
afin de les transformer en r`egles de calcul. Nous effectuerons ensuite quelques rappels sur la
notion d’unification qui joue un rˆole central en informatique, aussi bien pour prouver que pour
calculer. Nous parlerons ´egalement de lacompl´etude suffisante, qui est une propri´et´e importante
des syst`emes de r´e´ecriture, et sur laquelle repose en grande partie la correction des syst`emes
de recherche de preuves pr´esent´es dans les parties III et IV. Nous d´efinirons par ailleurs un
sous-ensemble de positions caract´eristiques `a l’int´erieur des termes qui seront utilis´ees par ces
syst`emes : les positions d´efinie-maximales. La derni`ere section de ce chapitre est d´edi´ee `a la
r´e´ecriture modulo un ensemble d’´egalit´es. Plusieurs relations de ce type peuvent ˆetre d´efinies.
L’une d’entre elles est la relation de Peterson et Stickel `a partir de laquelle nous proposons
une d´efinition d’unsyst`eme de r´e´ecriture modulo suffisamment complet. Nous expliquerons alors
l’int´erˆet que les positions d´efinie-maximales poss`edent ´egalement dans le cas de la r´e´ecriture
modulo. Pour cela, il est d’abord n´ecessaire de d´efinir une propri´et´e deconservation des termes
constructeurs sur les ensemble d’´egalit´es.
2.1 Relation binaire sur un ensemble
De nombreuses d´efinitions et propri´et´es de base des syst`emes de r´e´ecriture peuvent ˆetre
´enonc´ees de fa¸con abstraite, via les relations binaires sur les ensembles.
D´efinition 2.1 Un ensemble T ´etant donn´e, on appelle relation binaire sur T tout
sous-ensemble du produit cart´esienT ×T.
Remarque: Une relation est souvent not´ee →, et on ´ecrit a → b pour signifier que deux
´el´ementsaetb sont en relation.
On suppose donc que → est une relation binaire sur un ensemble T, et on rappelle les
d´efinitions suivantes
D´efinition 2.2 – → est r´eflexive si∀t t→t.
– → est sym´etrique si∀t ∀t
0t→t
0⇒t
0→t.
– → est antisym´etrique si∀t∀t
0((t→t
0)∧(t
0→t))⇒t=t
0.
– → est transitive si∀t ∀t
0∀t
00((t→t
0)∧(t
0→t
00))⇒t→t
00.
Les diff´erentes fermetures de→ seront d´esign´ees de la mani`ere suivante :
– →
=est la fermeture r´eflexive.
– →
+est la fermeture transitive.
– →
∗est la fermeture r´eflexive transitive.
– ↔ est la fermeture sym´etrique.
– ↔
∗est la fermeture r´eflexive, sym´etrique et transitive.
La fermeture r´eflexive, sym´etrique et transitive est appel´eerelation d’´equivalenceou de
conver-sion. On dira alors qu’un ´el´ement t∈T
– est r´eductiblesi, et seulement si il existet
0tel quet→t
0;
– est en forme normalesi, et seulement si il n’est pas r´eductible ;
– est une forme normale de ssi, et seulement si s→
∗t ett est en forme normale. On note
alorst=s↓.
Remarque: Si→ est une relation sur l’ensemble des termes, une forme normale d’une
substi-tution est d´efinie par xσ ↓= (xσ) ↓ pour tout x ∈ Dom(σ). On dira alors qu’une substitution
est une substitution normalis´ee (ou substitution irr´eductible) si elle co¨ıncide avec l’une de ses
formes normales.
Les relations binaires sont souvent utilis´ees pour faire des comparaisons. Nous en
profi-tons pour rappeler ici quelques d´efinitions utiles sur les relations d’ordre et leurs variantes.
D´efinition 2.3 Une relation binaire sur un ensembleE est
– unordre strict si elle est non r´eflexive et transitive ;
– unquasi-ordre si elle est r´eflexive et transitive ;
– unordre si elle est r´eflexive, antisym´etrique et transitive ;
– un (quasi-) ordre total si x6y ou y6xpour tousx, y ∈E.
Un ordre strict est g´en´eralement not´e avec le symbole<. Si<est un ordre strict, et si on d´efinit
6parx6y six < youx=y, alors6est un ordre ; si6est un ordre, alors <d´efinie parx < y
si x6y etx6=y est un ordre strict ; enfin si 6est un quasi-ordre, x≷y six 6y et y6x est
une relation d’´equivalence, etx < y six6y ety x est un ordre strict.
2.1. Relation binaire sur un ensemble
Exemple 2.1 SoitE un ensemble, etE
∗le mono¨ıde libre engendr´e parE. On dit queuest un
pr´efixede v, et on noteu6v, s’il existeu
0∈E
∗tel quev=uu
0. La relation 6ainsi d´efinie est
alors une relation d’ordre.
Une propri´et´e fondamentale des ordres est la bonne fondation.
D´efinition 2.4 Un (quasi-) ordre 6 est un (quasi-) ordre bien-fond´e (ou (quasi-) ordre
noeth´erien), si, et seulement si, il n’existe pas de suites infiniment d´ecroissantes du type
s
0> s
1> s
2> . . ..
Nous pr´esentons ci-dessous trois constructions g´en´erales de (quasi-)ordres bien fond´es.
D´efinition 2.5 Pour tout entieritel que 1≤i≤n, supposons que6
isoit un (quasi-)ordre bien
fond´e sur un ensembleE
i. D´efinissons le (quasi-)ordre6
nsur le produit cart´esienE
1×. . .×E
npar (x
1, . . . , x
n)6
n(y
1, . . . , y
n) six
i6
iy
ipour touti.
Proposition 2.1 Le quasi-ordre6
nainsi d´efini est bien-fond´e si, et seulement si chaque6
iest
bien fond´e.
D´efinition 2.6 Pour tout entieritel que 1≤i≤n, supposons que6
isoit un (quasi-)ordre bien
fond´e sur un ensembleE
i. D´efinissons le (quasi-)ordre6
lexsur le produit cart´esienE
1×. . .×E
npar (x
1, . . . , x
n)6
lex(y
1, . . . , y
n) six
i6
iy
ipour touti, ou il existeitel quex
j=y
j(oux
j≷
jy
jdans le cas d’un quasi-ordre) pour toutj < i etx
i<
iy
i.
Proposition 2.2 Le (quasi-)ordre 6
lexainsi d´efini est bien-fond´e si, et seulement si chaque6
iest bien fond´e.
Remarque:Lorsque tous les6
isont ´egaux `a un mˆeme (quasi-)ordre 6sur un ensemble E,6
net6
lexd´esignent alors respectivement l’extension cart´esienne et l’extension lexicographique de
6au produit cart´esienE
n.
Unmulti-ensembleest un ensemble avec occurences multiples de ses ´el´ements. Plus pr´ecis´ement,
si E est un ensemble, un multi-ensemble sur E est une application M : E → N; M(x) est
alors le nombre d’occurences de x dans M, pour x ∈ E. Les ´el´ements d’un multi-ensemble M
sont les ´el´ements x de E tels que M(x) 6= 0. On utilise aussi une notation ensembliste pour les
multi-ensembles : on ´ecrira par exempleM ={{a, a, a, c}}, au lieu de M(a) = 3, M(c) = 1, et
M(x) = 0 six6=a, c. L’ensemble des multi-ensembles finis sur E est not´eM (E).
D´efinition 2.7 Soit 6 un quasi-ordre sur E; l’extension 6
mulde 6 `a M(E) est d´efinie par
M 6
mulM
0siM est obtenu `a partir deM
0en rempla¸cant une occurence d’un ´el´ementxde M
0par un multi-ensemble d’´el´ements tous plus petits (ou ´equivalents) `ax pour le (quasi-)ordre6.
De fa¸con plus op´erationnelle, les r`egles suivantes d´ecrivent l’extension multi-ensemble stricte
<
mul:
Bigger M ∪ {t}>
mulN ∪ {s} M∪ {t}>
mulN
sit > s
Erase M∪ {t}>
mulN ∪ {t} M >
mulN
Success M∪ {t}>
mul∅ T
Proposition 2.3 [DER 79b] Si 6est bien-fond´e,6
mulest ´egalement bien-fond´e.
Un des probl`emes op´erationnels essentiels du calcul, tel qu’il est pratiqu´e `a travers la
program-mation, est celui de la terminaison.
D´efinition 2.8 La relation →est terminante (ou fortement normalisante, ou noeth´erienne, ou
bien fond´ee) si toute s´equence de r´eductions est finie.
Remarque:On dit qu’elle est faiblement terminante (ou faiblement normalisante) si tout terme
admet une forme normale.
Exemple 2.3 La relation t→t
0est terminante, mais pas t→t.
La confluence est une propri´et´e fondamentale de toute mod´elisation du calcul comme processus
de r´eduction : elle signifie l’ind´ependance du r´esultat du calcul vis `a vis du chemin de r´eduction
suivi.
D´efinition 2.9 La relation binaire →surT estconfluente entsi, pour toutt
1, t
2, sit→
∗t
1et
t→
∗t
2, il existe t
0tel quet
1→
∗t
0ett
2→
∗t
0La confluence a comme cons´equence que la relation de conversion s’identifie `a la r´eduction `a un
mˆeme terme : c’est la propri´et´e de Church-Rosser
Proposition 2.4 Si la relation → est confluente, alors x ↔
∗y ´equivaut `a l’existence de z tel
quex→
∗z ety→
∗z.
Une relation terminante et confluente est alors appel´eeconvergente.
D´efinition 2.10 La relation binaire→surT estconvergentesi elle est confluente et terminante.
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Preuve par induction dans le calcul des séquents modulo
(Page 50-53)