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2.5 L’évolution de L’Encyclopédie de la jeunesse de 1923 à 1969

2.5.2 La refonte de 1949

En 1949, parait une édition révisée de L’Encyclopédie de la jeunesse. Un avant-propos d’Émile Chartier remplace la préface de l’édition française. Chartier écrit : « [L’Encyclopédie de

la jeunesse] a été refondue entièrement par des professeurs de l’Université de Montréal ou par des

spécialistes agréés par elle. […] [l’Université de Montréal] lance aujourd’hui cette édition entièrement remaniée, d’accord avec la Compagnie Grolier, comme si l’œuvre était la sienne236 ».

Cette refonte implique une mise à jour du contenu : « [e]lle a fait prolonger, à peu près jusqu’à la fin de la seconde guerre [sic] mondiale, les chapitres qui s’arrêtaient à 1923 […]237 ». Les

innovations dans les différents domaines et les progrès de la société sont ainsi traités. Chartier précise que la mise à jour s’applique aussi au chapitre portant sur le Canada. L’actualisation du contenu est importante, car elle permet à la série de demeurer pertinente et utile après plus de 20 ans de publication. D’ailleurs, depuis 1923, L’Encyclopédie de la jeunesse a été profitable aux enfants

235 Ibid., p. v.

236 L’Encyclopédie de la jeunesse, vol. 1, Montréal, Société Grolier limitée, 1949, p. iv. 237 Ibid.

qui l’ont consultée. Elle semble même avoir acquis une certaine notoriété qui est utilisée pour la mettre en valeur :

À qui n’est-il pas arrivé de s’ébahir devant les connaissances aussi précises qu’étendues manifestées par certains enfants? et qui, les ayant interrogés sur la provenance de leur étonnante érudition, n’a pas obtenu cette invariable réponse : « Mais, j’ai appris cela dans l’Encyclopédie de la Jeunesse ! » Nous savons tel avocat encore jeune, dont la compétence universelle émerveille tous ceux qui l’écoutent ou le lisent et qui doit les premiers linéaments de sa vaste culture au cadeau que le père fit à son fils, quand celui-ci eut atteint ses sept ans, d’un exemplaire de l’ouvrage.238

La série a un impact sur l’avenir des enfants, puisque les connaissances qu’ils apprennent grâce à elle leur serviront toute leur vie. L’ouvrage a toujours visé à instruire les jeunes et par la longévité de la publication, l’auteur peut affirmer qu’il a fait les preuves de son « utilité indiscutable239 ». En

outre, immédiatement à la suite du nouvel avant-propos de Chartier, celui de 1923240 présentant le

chapitre canadien est reproduit. Il permet d’insister sur l’importance de l’éducation nationale des enfants, ce dont il n’est pas question dans l’avant-propos de 1949.

Par ailleurs, bien qu’une centaine de pages de contenu disparaissent, un quatorzième tome s’ajoute et le contenu de l’encyclopédie subit un grand remaniement. Les deux sujets principaux du « Livre de la nature » se retrouvent maintenant dans des chapitres distincts qui offrent un contenu plus spécifique : « Les animaux » et « Les plantes ». Les articles du premier chapitre décrivent les différentes classes d’animaux, leurs comportements et leur répartition géographique, alors que ceux du deuxième présentent les différents végétaux, leur cycle de vie et leur rôle dans la nature. De plus, la thématique des sciences gagne en importance avec l’ajout du nouveau chapitre « Sciences », enseignant le vocabulaire scientifique et expliquant les différents éléments et

238 Ibid. 239 Ibid., p. iv.

240 Il s’agit en fait de la reproduction de l’avant-propos de l’édition de 1938, car il est question de treize chapitres sur

concepts scientifiques de base. En outre, on supprime le chapitre « Les grands voyages ». Avec ces modifications la série compte dorénavant quatorze chapitres.

Tableau 2.2 – L’évolution des chapitres de 1923 à 1949

1923 - 1942 1949 - 1969

La Terre et son histoire La Terre

Le livre de la nature -

Tous les pays Tous les pays

Les grands voyages -

Histoires, contes et récits Histoires, contes et récits

Qui? Pourquoi? Comment? Qui? Pourquoi? Comment?

Choses qu’il faut connaître Choses qu’il faut connaître

Hommes et femmes célèbres Hommes et femmes célèbres

Pages à lire et à retenir Pages à lire et à retenir

La vie et la santé La vie et la santé

Jeux, travaux et occupations Jeux et occupations

Le livre du Canada Canada

Les Beaux-arts Beaux-arts

Les animaux Les plantes Sciences

Sources : L'Encyclopédie de la jeunesse. Qui? Pourquoi? Comment?, vol. 1, Montréal, Société Grolier, 1923, p. I-II. ; L'Encyclopédie de la jeunesse. Tout ce que l'on peut désirer

connaître, écrit dans un style que tout le monde peut facilement comprendre, vol. 1,

Montréal, Société Grolier, 1928, p. 7-8. ; L’Encyclopédie de la jeunesse, vol. 1, Montréal, Société Grolier limitée, 1949, p. ix-x.

En ce qui a trait aux éléments paratextuels, les tomes perdent les frontispices et le visuel des articles se modernise. Les bordures des pages et les paragraphes de présentation de chaque article disparaissent, ce qui permet d’aérer le texte. Quant aux couvertures, elles changent peu241, ne

laissant pas deviner la refonte de l’ouvrage.

241 Pour consulter la première de couverture et le dos des éditions de 1949 à 1958, se référer à l’annexe VII « Premières

Les nouveautés de l’édition de 1949 demeureront jusqu’à la fin de la publication, en 1969. La refonte de l’ouvrage modernise l’encyclopédie. Il s’agit de la première édition suivant la Deuxième Guerre mondiale, une période pendant laquelle l’édition pour la jeunesse se développe rapidement et une multiplication des collections pour les jeunes se produit. Publiée depuis plus de 20 ans, L’Encyclopédie de la jeunesse doit se mettre à jour pour demeurer un choix intéressant dans cette offre grandissante.

Dans l’édition de 1949, la section « Rédacteurs et Collaborateurs » apparait et elle inclut la direction artistique. J. B. McDonnell est désigné comme le rédacteur en chef de l’Encyclopédie

Grolier, de même que Eudore Piché et Robert Poirier242, les rédacteurs adjoints. Rappelons que la

première édition de l’Encyclopédie Grolier parait au Québec en 1947. En comparant les collaborateurs de celles-ci et ceux de l’édition de 1949 de L’Encyclopédie de la jeunesse, nous remarquons qu’elles ont neuf collaborateurs communs243, en plus des rédacteurs et d’Émile

Chartier qui signe la préface de l’Encyclopédie Grolier. Les mêmes noms se retrouvent d’un ouvrage à l’autre, car la Société Grolier a collaboré avec des spécialistes affiliées à l’Université de Montréal pour certaines de ses séries encyclopédiques dont L’Encyclopédie de la jeunesse (1923),

Pays et nations (1938), l’Encyclopédie Grolier (1947) et La science pour tous (1963).

242 Bien que dans L’Encyclopédie de la jeunesse, Robert Poirier soit identifié comme un rédacteur adjoint de

l’Encyclopédie Grolier, son nom n’apparait pas parmi les rédacteurs et les collaborateurs de l’ouvrage. Nous ignorons s’il s’agit d’une erreur de L’Encyclopédie de la jeunesse.

243 Il y a 66 noms inscrits dans la « Liste des principaux collaborateurs » de l’Encyclopédie Grolier. (Encyclopédie Grolier, op. cit., 1947, p. [v-vi].) Huit de ces hommes participent aussi à L’Encyclopédie de la jeunesse de 1949 : Frère

Bernard, Jean Bruchési, Pierre-Paul Langis, Léon Lortie, Irénée Lussier, Georges-Émile Marquis, Jacques Rousseau, Raymond Tanghe. De plus, Rodolphe Dubé y participe aussi, il est inscrit sur la page de titre de l’Encyclopédie Grolier comme un « spécialist[e] éminen[t] ». (Ibid., page de titre).