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Cette thèse est axée sur la variabilité spatio-temporelle de la qualité de l’eau potable dans les petits réseaux. Les résultats obtenus permettent d’identifier des stratégies et des outils afin d’améliorer la gestion au quotidien. Les propositions concernent soit l’amélioration du suivi effectué par les opérateurs, soit les actions préventives afin d’éviter la détérioration de la qualité de l’eau potable.

Les recommandations qui touchent au suivi de la qualité de l’eau concernent les aspects suivants (actions concrètes de 1 à 5, présentées plus bas) :

 la gestion du chlore résiduel en raison de ses caractéristiques représentatives de la qualité de l’eau dans le réseau de distribution;

 le choix des différents scénarios de l’indice de la qualité de l’eau potable et le point d’application dans le réseau pour leur application;

 la détermination des paramètres cruciaux pour déterminer des périodes de risque.

Les recommandations préventives et de gestion se concentrent sur les aspects suivants (actions concrètes de 6 à 8, présentées plus bas) :

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 la détermination des périodes de risques;

 la diminution du risque de détérioration de la qualité de l’eau potable;  l’optimisation des facteurs humains opératoires.

Ces différents aspects du suivi et de la gestion peuvent être améliorés en intégrant les connaissances découlant des résultats de la thèse, notamment en suivant les actions suivantes, relativement facilement réalisables.

1. Le chlore résiduel libre doit être considéré comme un paramètre de référence dans les petits réseaux. Son suivi dans les petits réseaux doit être renforcé. Ce suivi doit être réalisé de manière régulière, le plus fréquemment possible et dans le plus grand nombre de points possible. L’impact de la variabilité de ce paramètre sur la variabilité d’autres paramètres importants de la qualité de l’eau (BHAA, SPD, etc.) doit davantage être pris en compte par les opérateurs dans la prise de décisions routinière;

2. L’opportunité de se servir du chlore résiduel comme indicateur du temps de séjour doit être davantage considéré, et ce faute d’outils et d’information de nature hydraulique, généralement coûteux à générer par les petits réseaux ;

3. L’utilisation de l’indice de la qualité de l’eau potable est fortement recommandée. Le choix de scénario de suivi doit dépendre des besoins spécifiques, mais également des caractéristiques du réseau. Dans le cas d’une forte variabilité spatiale de la qualité de l’eau dans le réseau de distribution (temps de séjour élevé, demande importante de chlore), il est recommandé de combiner les expressions temporelle et spatiale. L’indice doit être considéré comme un outil complémentaire pour faciliter l’évaluation globale de la qualité de l’eau et pour des fins de gestion. Il ne doit pas toutefois remplacer l’évaluation de la qualité par des paramètres individuels sur lesquels s’appuie la conformité règlementaire.

4. Les résultats ont démontré que la qualité de l’eau dans le premier point du réseau est un assez bon indicateur de la qualité de l’eau dans l’ensemble du réseau. En cas de moyens financiers limités, l’utilisation de ce point devrait être favorisée pour le suivi et pour l’application saisonnière de l’indice.

5. L’UV254 de l’eau brute et la température maximale de l’air sont les paramètres à privilégier lors de l’analyse de l’eau brute en vue de déterminer des périodes de risques,

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c’est-à-dire dans lesquels la qualité de l’eau potable pourrait être compromise. Les coûts relativement faibles pour générer l’information sur ces paramètres est un avantage majeur.

6. Afin d’appliquer le modèle permettant d’identifier les périodes portant un risque élevé, il est recommandé de développer un outil visuel à l’aide de graphiques (tel que l’exemple présenté dans le troisième chapitre); qui représente plusieurs scénarios combinant l’UV254 de l’eau brute et la température maximale de l’air, ce qui faciliterait l’utilisation du modèle par les opérateurs.

7. La réduction maximale de la teneur en matière organique naturelle de l’eau brute devrait être envisagée afin de minimiser les risques de détérioration de la qualité de l’eau potable. Malgré les coûts relativement élevés pour les petits réseaux, l’aménagement de systèmes de traitement des eaux de surface pour enlever la turbidité et la MON est probablement la stratégie la plus efficace qui permettrait aux petits réseaux (cas particulier de Terre-Neuve et Labrador) de diminuer les concentrations de SPD en dessous des normes réglementaires ou des valeurs guides des recommandations sur la qualité de l’eau potable. De plus, un traitement adéquat (qui inclut la filtration), réduirait le risque microbiologique représenté par les protozoaires potentiellement présents dans les eaux brutes. Chaque province canadienne devrait donc se doter d’un cadre législatif qui exige un traitement accru des eaux de surface pour l’approvisionnement municipal (incluant les petits réseaux).

8. La formation des opérateurs doit être mise de l’avant. Une certification des opérateurs d’eau potable devrait être rendue obligatoire avant l’entrée en fonction, indépendamment de la taille du réseau, dans toutes les provinces canadiennes (c’est déjà le cas du Québec). De plus, des conférences ou des formations continues devraient être plus accessibles afin que l’ensemble des opérateurs de petits réseaux puissent y participer. Les opérateurs de petits réseaux sont souvent seuls à opérer et n’ont pas de temps à consacrer aux déplacements. Certaines formations devraient donc être assurées directement sur place. Dans ces formations, une attention particulière devrait être portée à la gestion de la désinfection par le chlore, en particulier à l’amélioration de la compréhension par les opérateurs de la gestion du chlore résiduel en réseau et à l’impact de cette gestion sur la qualité globale de l’eau potable (chimique et microbiologique).

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Également, il est primordial d’assurer la sensibilisation des opérateurs, afin qu’ils soient conscients de leur responsabilité au sein de la municipalité. Selon les résultats obtenus, une implication volontaire plus importante des opérateurs améliore les facteurs de motivation et d’autonomie, qui sont les facteurs variables ayant un impact majeur sur la qualité de l’eau potable.

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