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7. Discussion

7.3. Recommandations pour la pratique soignante

Il est maintenant nécessaire de ressortir les recommandations pour la pratique soignante en mettant en évidence les améliorations à promulguer en cas de décès subit dans un service d'urgence. Les études s'accordent à dire que la formation, la nécessité d'une équipe pluridisciplinaire et la présence de protocoles sont des éléments essentiels. Les différents chapitres ci-dessous les présentent afin de proposer une meilleure prise en charge. Les interventions vues précédemment, seules, ne suffisent en effet pas pour une bonne pratique. Il est donc nécessaire de développer ces éléments.

7.3.1. Sensibilisation et formation du personnel

Les infirmières travaillant dans un service d’urgences sont dans une position unique pour aider les proches après l'événement de crise d’une perte soudaine. Cooke, Cooke et Glucksman (1992) rapportent que dans très peu de cas, les étudiants sont autorisés à accompagner l'infirmière ou le médecin pour apprendre les habiletés et compétences de prise en charge; ceci à cause du sujet sensible. L'infirmière ne peut donc apprendre par l'enseignement et l'imitation des pairs, d'où la nécessité de la formation. La nature exigeante de ce rôle spécialisé apparaît évidente en soi. Cependant, beaucoup d'infirmières manquent d'informations, de préparation éducative spécifique et de

20 Traduction libre de l'auteur.

formation pour répondre aux besoins de ce groupe vulnérable (Adamowski et al., 1993;

Cooke, Cooke & Glucksman, 1992; Li, Chan & Lee, 2002; Tye, 1993; Tye, 1996). Tye (1993) par exemple, a constaté que 42% de son échantillon d'infirmières des urgences, n'a pas reçu d'enseignement formel lié à la mort. 52% se sent non préparé pour ce rôle, malgré le fait que son échantillon contienne un large éventail d'âge, d'expériences et de grades. Bien qu'il semble y avoir un accent croissant mis sur l'importance de la mort dans l’enseignement aux infirmières; pour le personnel qualifié, il y a beaucoup moins de disposition conçue spécifiquement pour s’adresser aux besoins immédiats d’une personne soudainement endeuillée (Tye, 1996). Cette constatation est peut-être inquiétante à la lumière de nombreux auteurs dans ce domaine qui prétendent que la formation est un élément crucial dans la gestion efficace du deuil subit (par exemple, McGuiness 1986; Lyons 1988, Sherr 1989, Wright 1991; Yates et al., 1990; Ewins &

Bryant, 1992, cités par McDonald, Butterworth & Yates, 1995 et par Tye, 1993).

L'étude de Cooke, Cooke et Glucksman (1992) recommandent plus précisément que les

urgences passent en revue la formation donnée au personnel, et que ce dernier en

reçoive une régulièrement. Cette recommandation prend source dans les souhaits et

demandes des infirmières, avec un accent placé sur des habiletés, des compétences de

conseil et de communication. Comme il est suggéré par Durlak et Riesenburg (1991,

cités par Tye, 1993), il est recommandé que la formation dispensée doit concerner les

besoins particuliers des endeuillés subitement. Elle devrait par conséquent se concentrer

sur les compétences psychosociales et interpersonnelles, la connaissance de soi et les

attitudes personnelles envers la mort et les mourants. Bien que l'enseignement ne soit en

aucun cas la seule variable qui peut avoir une influence dans ce contexte, il est clair qu'il

a un effet sur la connaissance et les habiletés exigées par les professionnels de services

médicaux. En absence de tout enseignement ou formation, beaucoup d’infirmières

apprennent par l'exposition répétée aux décès brutaux (Tye 1996). Il y a donc des

indications claires qu'une certaine forme d'enseignement sur ce sujet est fortement

désirée. Cependant, la forme de l'enseignement ne fait pas l'unanimité dans la littérature

(Tye, 1996). La plupart des débats semblent se concentrer autour d’une approche

principalement didactique ou résultant de l'expérience qui est vue comme la méthode la

plus appropriée et efficace dans ce contexte (Hurtig & Stewin, 1990, cités par Tye,

1996).

7.3.2. Démarche pluridisciplinaire

Un processus de qualité sur l'annonce de décès notamment implique une approche d'équipe dans laquelle tous les membres du personnel sont conscients de leurs rôles (Olsen, Buenefe & Falco, 1998). Il est important qu’il y ait un consensus entre les différents intervenants pour harmoniser la prise en charge (Adamowski et al., 1993). La clarification du rôle de l'équipe va ainsi diminuer la confusion et le chevauchement (Ibid.). Cette équipe peut intégrer des infirmières, des médecins, des assistants sociaux, des aumôniers, etc. Il a été démontré qu’une infime partie du personnel des urgences interrogée a une équipe bien définie (Walters & Tupin, 1991 ; Anderson, 1993 ; Greenberg et al. 1993, cités par Olsen, Buenefe & Falco, 1998).

Jumelée à la sensibilisation et à la formation du personnel, une démarche pluridisciplinaire structurée permet d’atténuer la douleur des proches lors du décès subit (Adamowski et al., 1993). De plus, Reilly et Cohen (1983, cités par Olsen, Buenefe &

Falco, 1998) ont prouvé qu'un protocole écrit dans lequel les rôles des membres de l'équipe sont clairement définis, améliore le processus de deuil pour les familles.

L'implication principale pour la pratique, est donc la nécessité de fournir et de maintenir une « culture de prise en charge »

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dans l'équipe pluridisciplinaire. Cette notion, exposée par Saines (1997), encourage les infirmières à développer leur pratique professionnelle dans un cadre ouvert et une atmosphère non menaçante.

7.3.3. Présence d'un protocole

Le protocole est, dans l'étude d'Adamowski et al. (1993), l’approche la plus appropriée.

Elle répond aux besoins immédiats, nécessite un engagement sans se soucier de la disponibilité de l’équipe externe et exprime le désir du personnel à avoir une ligne directrice efficace. De plus, toujours selon ces auteurs, les familles passent moins de temps à l’hôpital. Ceci a pour conséquence que les infirmières retournent effectuer ses autres tâches plus tôt et que les familles se retirent dans un environnement plus intime.

Olsen, Buenefe et Falco (1998) proposent également un protocole de prise en charge et d’approche des familles. Ces derniers notent les bénéfices d'un tel protocole : réduction du stress, amélioration du processus de deuil et optimisation de la prise en charge.

21 Traduction libre de l'auteur.

Cooke, Cooke et Glucksman (1992) et LeBrocq et al. (2003) argumentent la nécessité

d'établir des directives basées sur des preuves, dans les premières étapes du deuil pour

construire une base pour le rétablissement. LeBrocq et al. (2003) démontrent que

l'utilisation d'un protocole donnent des idées de coping à l'équipe et de la

reconnaissance. Ceci fait augmenter leur confiance. Il convient de souligner qu'un tel

outil doit être utilisé comme un guide pour l'évaluation et non pas strictement appliqué

(Tye, 1993). Il s'agit de l'adapter au cas par cas.