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RECOMMANDATIONS NATIONALES 1. Conseil National de l’Alimentation (CNA)

BILAN À 6 ANS

1.8.1. RECOMMANDATIONS NATIONALES 1. Conseil National de l’Alimentation (CNA)

Le Conseil National de l’Alimentation (CNA) créé en 1985, est une institution consultée par les ministres chargés de l’agriculture, de la santé et de la consommation. Son rôle est de définir la politique alimentaire en formulant des avis et des recommandations. Il peut être notamment consulté sur :

- l’adaptation de la consommation aux besoins nutritionnels, - la sécurité des aliments pour les consommateurs,

- la qualité des denrées alimentaires,

- l’information des consommateurs sur les produits alimentaires.

Le CNA n’est pas une commission d’experts, il est composé de personnes exprimant une très grande diversité de points de vue : des représentants de la filière agro-alimentaire, des consommateurs, des scientifiques et des administrations. (55) Son rôle est de proposer des stratégies d’actions à une question posée par les ministres, réponses qui sont le résultat d’une concertation entre ses différents membres. La particularité de son travail tient dans son instance, une structure hybride représentant toutes les composantes de la « chaîne alimentaire ».

En 2003, le CNA a été amené à la demande des ministres à donner un avis sur l’obésité infantile. En 2005, l’avis n°54 portant sur la prévention de l’obésité infantile était adopté à l’unanimité. Il ne s’agit pas de l’œuvre d’experts réputés et indépendants mais d’une grande diversité de points de vue liés à des acteurs économiques. Le CNA permet également de rapporter les réalités de terrain, les critiques et attentes des usagers, l’acceptabilité des mesures préconisées par les experts.

Il ressort de cet avis qu’une action nationale continue inscrite sur le long terme est indispensable dans la prise en charge de la maladie chronique qu’est l’obésité de l’enfant. Une promotion de la santé et du bien-être prime, en évitant une stigmatisation du statut d’obèse. Des mesures spécifiques pour les populations vivant dans des conditions socio-économiques

défavorables sont à mettre en place de manière prioritaire compte tenu des données épidémiologiques actuelles.

Afin de permettre une meilleure communication entre les différents intervenants concernés, le CNA suggère la nomination d’un délégué interministériel à la lutte contre l’obésité infantile, au côté du PNNS. Tous les acteurs économiques et associatifs pouvant participer à cette stratégie nationale de lutte contre l’obésité infantile doivent être mobilisés. Leur action doit initialement se situer au niveau local, et des relais doivent être instaurés pour une meilleure coordination et une plus grande efficacité.

La prise en charge de l’obésité doit se faire du stade initial du développement de l’enfant jusqu’à la fin de l’adolescence, sans négliger l’âge adulte. Les champs d’intervention prépondérants sont le système d’éducation et de formation, la réglementation et l’autorégulation, la recherche-domaine à promouvoir et développer, le système de santé et le domaine de la communication. Le CNA est à même de proposer des actions dans chacun des cinq champs. (56)

1.8.1.2. Programme National Nutrition Santé (PNNS)

Avant 2000, il n’existait pas de politique nutritionnelle de Santé publique en France et nous étions l’un des pays européens, avec le Portugal, le plus en retard en la matière. Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) a donc été mis en place en janvier 2001 par le ministère de la Santé au début de la présidence de l’Europe par la France.

Il avait pour objectif d’améliorer l’état de santé de la population française en agissant sur le facteur majeur que représente la nutrition. Mené de 2001 à 2005, le PNNS1 a bénéficié majoritairement de financements de l’Etat, mais également de manière directe ou indirecte d’aides financières dans le cadre d’actions engagées par d’autres structures impliquées dans des programmes de santé.

Le PNNS1 prévoyait neuf objectifs prioritaires concernant l’alimentation, l’activité physique et le statut nutritionnel :

- augmenter la consommation de fruits et légumes, - augmenter la consommation de calcium,

- augmenter la consommation de glucides,

- réduire l’apport d’alcool chez ceux qui consomment des boissons alcoolisées, - réduire de 5% la cholestérolémie moyenne,

- réduire de 10 mmHg la pression artérielle systolique chez les adultes,

- réduire de 20% la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les adultes et interrompre l’augmentation, particulièrement élevée au cours des dernières années, de la prévalence de l’obésité chez les enfants,

- augmenter l’activité physique quotidienne (la sédentarité étant un facteur de risque de maladies chroniques, doit être combattue chez l’enfant.)

Neuf objectifs spécifiques complémentaires visaient des populations ciblées.

Un logo spécifique a été mis en place pour une meilleure reconnaissance par les acteurs de santé ainsi que par le grand public des actions développées par le PNNS. Celles-ci devaient promouvoir, dans l’alimentation, les facteurs de protection et réduire l’exposition aux facteurs de risque vis-à-vis des maladies chroniques. Il en découlait six stratégies :

- informer et orienter les consommateurs vers des choix alimentaires et un état nutritionnel satisfaisant,

- prévenir, dépister et prendre en charge les troubles nutritionnels dans le système de soins,

- impliquer les industriels de l’agro-alimentaire et la restauration collective ainsi que les consommateurs,

- mettre en place des systèmes de surveillance alimentaire et nutritionnelle de la population,

- développer la recherche en nutrition humaine : recherches épidémiologiques, comportementales et cliniques,

- engager des mesures et actions de santé publique complémentaires destinées à des groupes spécifiques de population.

(57, 58)

Le bilan après 5 ans d’activité s’est avéré assez positif. Le grand public était bien averti des actions du PNNS (par exemple le message « au moins 5 fruits et légumes par jour » est connu d’une grande majorité de la population). Les actions expérimentales de distribution de fruits dans les écoles maternelles ont été un succès. Enfin les documents du PNNS qu’ils soient

destinés au grand public (par exemple les guides alimentaires « La santé vient en mangeant et en bougeant.») ou aux professionnels de santé (disques de mesure de l’IMC, brochures de synthèse…) ont été très bien perçus par les professionnels de santé.

Certains points restaient cependant à perfectionner. Les Comités de Liaison Alimentation Nutrition (CLAN) ayant pour fonction d’améliorer l’état de santé des patients en établissement de santé restaient insuffisamment développés. Par ailleurs l’évaluation des réseaux de prise en charge de l’obésité infantile (REPOP) montrait une bonne motivation des professionnels y participant mais de nombreux points à améliorer : la nécessité d’augmenter le nombre et l’implication des professionnels n’appartenant pas encore au réseau et d’optimiser le dossier médical partagé. (59)

Concernant le surpoids et l’obésité chez les adultes et les enfants, le PNNS avait pour objectif l’interruption de l’augmentation de l’obésité et du surpoids chez les enfants. L’Etude Nationale Nutrition Santé a été réalisée en 2006-2007 pour évaluer par enquête alimentaire les consommations alimentaires en regard des objectifs du PNNS. Elle était complétée de mesures anthropométriques. Il est prévu de la répéter tous les 5 ans. En 2006-2007, selon les références de l’IOTF, 18% des enfants (16% des garçons et 19% des filles) sont en surpoids ou obèses, dont 3% des garçons et 4% des filles sont classés comme obèses.

Parallèlement, plusieurs études récentes montrent un ralentissement de l’augmentation des prévalences de surpoids et d’obésité chez les enfants. L’étude INCA2 par exemple, coordonnée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) confirme cette stabilisation de la prévalence du surpoids entre 1996 et 2006, tant dans le groupe d’âge des 3 à 10 ans (16,9% contre 14,1%, non significatif) que dans celui des 11 à 14 ans (11,7% contre 15,3%, non significatif). Cette étude individuelle et nationale portant sur les comportements alimentaires sera renouvelée tous les 5 ans, elle permettra de disposer de données actualisées concernant le comportement alimentaire des français. (17)

Une relation de causalité entre la stabilisation de la prévalence de l’obésité et la mise en place des actions du PNNS ne peut pas être affirmée avec certitude, cependant cette modification de tendance nutritionnelle est contemporaine au développement des actions du PNNS. Elle est de plus, récente, après de nombreuses années d’augmentation. (58, 61)

Le bilan de 2006, globalement positif, a permis à la France de devenir l’un des pays les plus avancés en matière de politique de santé publique. Un deuxième plan a donc fait suite: le PNNS2 pour 5 nouvelles années (2006 2010), qui a pour but de consolider et amplifier les actions mises en place par le PNNS1. Ses grandes lignes directrices concernent :

- des actions de prévention tournées sur l’éducation nutritionnelle,

- des actions de dépistage précoce et de prise en charge des troubles nutritionnels tels que l’obésité ou la dénutrition, avec une organisation au sein de réseaux de prise en charge de l’obésité associant des médecins généralistes ou pédiatres mais aussi les collectivités ou les associations,

- des actions de ciblage sur les populations défavorisées et les personnes précaires, - le renforcement de l’effort de recherche et d’expertise en matière nutritionnelle et

de lutte contre les phénomènes de stigmatisation. (61)

1.8.2. ENQUÊTES NATIONALES