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Au Québec, le Ministère du Développement Durable, de l’Environnement et des Parcs est responsable du suivi de la qualité des eaux récréatives via le programme Environnement-Plage depuis 1973 (MDDEP 2006). Ce programme volontaire a comme objectif d’informer la population de la qualité bactériologique des eaux de baignade des plages publiques via des analyses d’échantillons d’eau prélevés durant la saison estivale. Chaque plage participant au programme se voit attribuer une cote selon la moyenne géométrique des coliformes fécaux de tous les échantillons prélevés pour chaque séance d’échantillonnage, ainsi qu’à la fin de la saison selon la moyenne de tous les échantillons. Les cotes en vigueur pour ce programme sont présentées dans le tableau suivant.

Tableau I. Classification bactériologique des eaux récréatives selon le programme Environnement-Plage (eaux douces)

Moyenne géométrique des coliformes fécaux Cote attribuée

0 à 20 ufc/ 100 ml Excellente

21 à 100 ufc/100 ml Bonne

101 à 200 ufc/100 ml Passable

201 et plus ufc/100 ml Polluée

Suivant chaque séance d’échantillonnage, les responsables des plages sont avisés des résultats et la cote attribuée à la plage est affichée près de la zone de baignade. Lorsque les résultats d’analyse démontrent que la qualité de l’eau est de catégorie D, la municipalité où est située la plage doit procéder à l’interdiction d’accès à la zone de baignade, et ce jusqu`à ce que les responsables de la plage puissent démontrer que l’eau est de nouveau conforme aux normes ci-haut. La fréquence des séances

d’échantillonnage est déterminée selon la cote obtenue l’année précédente. Une plage cotée A sera donc échantillonnée une fois par été et même parfois aux deux ans, une plage cotée B sera quant à elle échantillonnée trois fois et les plages cotées

C ou D, ainsi que les nouvelles plages seront échantillonnées cinq fois durant la saison de baignade. Une description détaillée du protocole se retrouve dans une section du guide d’application du programme présenté en annexe.

Recommandations canadiennes

Les recommandations concernant la qualité des eaux récréatives au niveau canadien sont émises par Santé Canada. La dernière version remonte à 1992, et se retrouve dans les Recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada (Santé Canada 1992). Selon ce document, la moyenne

géométrique d’au moins cinq échantillons prélevés dans une période maximale de 30 jours ne devrait pas excéder 200 E.coli /100 ml (eau douce). Il est aussi indiqué que si l’expérience démontre que plus de 90 % des coliformes fécaux prélevés sont des E. coli, la mesure de ceux-ci est adéquate selon cette même norme. Il n’est toutefois pas question de recommandations concernant la fréquence des séances

d’échantillonnage couvrant toute la saison de baignade. Il est de plus mentionné qu’une inspection environnementale annuelle devrait être effectuée avant chaque saison estivale, afin d’identifier toutes les sources de contamination potentielles situées sur le territoire à partir duquel s’écoule l’eau qui se retrouvera dans une aire de baignade et ainsi effectuer un meilleur suivi.

Santé Canada procède actuellement à la révision de ses recommandations au sujet de la qualité des eaux utilisées à des fins récréatives au Canada. La troisième édition du document a été rédigée en 2009 et fût disponible pour la consultation publique jusqu’en 2010 (Santé Canada 2009b). Dans ce dernier, il est recommandé de surveiller les eaux récréatives pour toutes possibilités de contamination fécale au moyen de l’indicateur bactérien E. coli, en ce qui concerne les eaux douces, sans toutefois mentionner de limites quantitatives. Il est de plus indiqué que la fréquence d’échantillonnage devrait être hebdomadaire afin d’assurer une protection adéquate de la santé humaine. En outre, l’approche à barrières multiples est favorisée et inclue de nouveau la recommandation d’une inspection environnementale annuelle afin de

recenser les caractéristiques de l’environnement proximal des eaux récréatives et de détecter toutes sources de contamination fécale.

Recommandations de l’Organisation mondiale de la santé

Selon l’OMS, l’approche à barrières multiples est privilégiée pour l’évaluation de la contamination fécale des eaux récréatives et elle se traduit par deux principales composantes (WHO 2003):

1. L’inspection sanitaire de l’environnement des plages.

2. L’évaluation de la qualité microbiologique de l’eau (mesure d’indicateurs).

La première composante devrait être effectuée annuellement et aurait comme objectif l’identification des sources les plus importantes de contamination fécale pouvant avoir un impact sur la qualité de l’eau. Les sources considérées devraient comprendre celles d’origines humaines, agricoles et fauniques. La deuxième composante d’évaluation de la qualité microbienne des eaux récréatives devrait quant à elle comporter quelques étapes spécifiques : l’échantillonnage initial pour l’évaluation de la variabilité spatiale, l’échantillonnage intensif et évaluation des résultats et finalement, le suivi pour les années futures avec un échantillonnage réduit. Les plans d’échantillonnage doivent être représentatifs de l’étendue des conditions présentes dans l’environnement de la plage. Une fois combinées, ces composantes ont pour objectif ultime la classification des plages selon le risque et le niveau actuel de pollution fécale. Les principaux objectifs de cette classification sont de fournir de l’information au public sur la sécurité relative des eaux et d’aider dans l’identification et la promotion d’interventions de gestion efficaces et assurer une qualité d’eau adéquate pour la baignade.

Le guide de l’OMS n’indique cependant pas de limite maximale acceptable pour les niveaux d’indicateurs de pollution fécale. Quatre catégories sont toutefois proposées selon la concentration d’entérocoques et le risque de maladies gastro-intestinales associé pour les eaux marines. Pour les eaux douces, il est indiqué qu’étant donné

que ces eaux représentent habituellement un risque plus faible pour la santé

humaine, l’application des recommandations pour les eaux marines pourrait fournir un guide conservateur (WHO 2003).

Télédétection, télé-épidémiologie et eaux récréatives