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E. La supplémentation orale en France en vitamine D

1. Recommandations actuelles concernant la supplémentation en vitamine D

vitamine D

L’objectif de la supplémentation en vitamine D est de parvenir à ce que la majorité de la population générale ait une concentration sérique en 25(OH)D comprise entre 20 et 60 µg/mL et que les patients à risque soient entre 30 et 60 µg/mL.

La supplémentation en vitamine D peut se faire par de petites doses quotidiennes (de 200 à 800 UI en général) ou par des doses plus importantes de façon intermittente (ampoules de 50.000, 80.000, 100.000, 200.000 UI de cholécalciférol et de 600.000 UI d’ergocalciférol en France). Par soucis d’observance, la seconde option est celle la plus souvent choisie. Dans ce cas il est conseillé de privilégier la vitamine D3 si les prises sont espacées, celle-ci permettant de maintenir un statut vitaminique satisfaisant plus longtemps que la vitamine D2 Figure 24. Dans les 3 premiers jours, l’augmentation de la concentration sérique en 25(OH)D est identique. Puis elle baisse pour la vitamine D2, jusqu’à revenir à la valeur de basale au bout de 14 jours alors que pour la vitamine D3, elle est toujours au-dessus de la valeur basale 28 jours après. (Armas

89 Figure 24 : Comparaison de l'évolution de la concentration sérique en 25(OH)D après

apport orale de 50.000UI de vitamine D2 ou D3.

A ce jour, on privilégie les administrations intermittentes à des dosages moins élevés et des intervalles de prises plus courts permettant ainsi de pallier les problèmes d’observance et de fluctuation des taux sériques.

Précédemment, un dosage sérique était prescrit et permettait de supplémenter de façon personnalisée les personnes en ayant besoin. Cependant, au vu de l’augmentation du nombre de prescriptions du dosage de la vitamine D en France et du coût que cela représentait au niveau du remboursement, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a demandé l’avis à la Haute Autorité de Santé (HAS) sur l’intérêt de ce dosage. L’HAS a rendu un rapport en 2013 limitant ainsi le remboursement de celui-ci à quelques indications. Ainsi la supplémentation en vitamine D n’est pas forcément précédée de l’évaluation de son statut sérique. (HAS 2013) L’augmentation de la concentration sérique en vitamine D lors d’une supplémentation n’est pas linéaire. Elle est plus importante lorsque les taux pré-thérapeutiques et la masse grasse sont faibles. (Briot et al. 2009)

Concernant la supplémentation en vitamine D chez l’adulte sans évaluation préalable de la 25(OH)D, Jean-Claude Souberbielle, Pharmacien à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris et spécialiste de la vitamine D, a émis des possibilités de traitements prophylactiques de

90 l’insuffisance en vitamine D. Il préconise chez les sujets de moins de 50 ans, sans pathologie et s’exposant raisonnablement au soleil en été, une supplémentation de 800 UI de vitamine D2 ou D3 par jour ou bien une ampoule de 100.000 UI de vitamine D3 tous les 3 mois avec un arrêt possible durant l’été. Pour les sujets plus âgés ou s’exposant moins au soleil, il préconise de prendre tout au long de l’année une ampoule de 100.000 UI de vitamine D3 tous les deux mois lorsque l’IMC est inférieur à 25 kg/m² et une par mois lorsque l’IMC est supérieur à 25 kg/m².(Souberbielle 2014a)

Chez les patients à risques ayant un traitement après avoir eu un dosage de la 25(OH)D, le Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses (GRIO), dont Jean-Claude Souberbielle fait partie, préconise le protocole que l’on retrouve dans le Tableau 6.

(Souberbielle et al. 2019)

Tableau 6 : Protocole de supplémentation en vitamine D proposé par le GRIO chez les patients à risques dont la 25(OH)D a été dosée.

Etape 1 : Dose de recharge Etape 2 : Traitement d’entretien

Si la concentration sérique de 25(OH)D est < 20 ng/mL

Prescrire une dose de 50.000 UI de vitamine D3 par semaine pendant 8 semaines

Prescrire une dose de 50.000 UI par mois de vitamine D3.

Au bout de 3 à 6 mois, redoser la 25(OH)D : - Si < 30 ng/mL : réduire l’intervalle entre

les prises (par exemple passer à 50.000 UI toutes les deux semaines)

- Si > 60 ng/mL (exceptionnel) : espacer les prises (par exemple 50.000 UI tous les deux mois) en attendant une éventuelle disponibilité de formes moins dosées.

Si la concentration sérique de 25(OH)D est > 20 ng/mL mais < 30 ng/mL

Prescrire une dose de 50.000 UI de vitamine D3 par semaine pendant 4 semaines

Concernant la femme enceinte la Société Française de Pédiatrie (SFP) préconise une supplémentation avec une dose de charge unique de 80.000 ou 100.000 UI au début du 7ème mois de grossesse.

91 Les recommandations de la SFP pour les enfants sont montrées dans le Tableau 7.(Vidailhet et

al. 2012)

Tableau 7 : Recommandation de la Société Française de Pédiatrie concernant la supplémentation en vitamine D chez les enfants.

Enfant Supplémentation recommandée

Nourrisson allaité 1.000 à 1.200 UI/j pendant la durée de l’allaitement

Enfant < 18 mois recevant un lait enrichi en

vitamine D3 600 à 800 UI/j

Enfant < 18 mois recevant un lait non

enrichi en vitamine D3 1.000 à 1.200 UI/j

Enfant de 18 mois à 5 ans

2 doses de charge trimestrielle de 80.000 UI ou 100.000 UI en hiver (une en novembre et

une en février)

Adolescent à partir de 10 ans

Possibilité de remplacées les deux doses trimestrielles par une dose semestrielle

unique de 200.000 UI quand le risque d’oubli de la deuxième dose est élevé.

Enfants à risques*

- Pour les enfants entre 1 à 5 ans et chez l’adolescent la supplémentation peut se faire toute l’année

- Possibilité de proposer les 2 doses de charge trimestrielle entre 5 et 10 ans - Possibilité de dosage dans certaines

pathologies et augmentation des doses si nécessaire.

*Les risques sont : la forte pigmentation cutanée, l’absence d’exposition au soleil ou le port de vêtement l’été, les maladies empêchant l’exposition au soleil, l’obésité, les enfants ayant une malabsorption digestive, une cholestase, une insuffisance rénale, un syndrome néphrotique, la prise de certains médicaments ou encore les enfants avec une régime alimentaire particulier (végétalisme par exemple).

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