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Recherches sur les représentations sociales de la santé et de la maladie

CHAPITRE 3: CADRE CONCEPTUEL, OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE

3.1. CONCEPT DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES

3.1.2. Recherches sur les représentations sociales de la santé et de la maladie

MALADIE CHEZ LES JEUNES

À la suite de Moscovici, plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’étude des représentations sociales, notamment à l’égard de la santé et de la maladie (Bayard, 2008; Levasseur, 2004; Lahlou, 1998; Herzlich, 2005). Par contre, seulement quelques chercheurs ont exploré, chez les jeunes, leurs représentations de la santé et de la maladie, de l’alimentation et du diabète (Baudrant et al., 2009; Lavallée et al., 2004; Christakis & Davous, 1997; Galli & Fasanelli, 1995). Ces études sont présentées dans les lignes qui suivent.

Galli et Fasanelli (1995) ont étudié les représentations sociales entretenues à l’égard de la santé et de la maladie chez des populations d’enfants d’âge scolaire. Pour ce faire, ils ont réalisé une activité d’association libre à partir du mot « santé » auprès de 86 enfants (45 filles et 41 garçons) de 8 et 9 ans provenant de trois écoles publiques napolitaines en Italie. Quatre-vingt-un enfants (40 filles et 41 garçons) du même âge et des mêmes écoles ont procédé à une association libre avec le mot «maladie». Les résultats de cette étude démontrent que les élèves associent le plus souvent la santé à des notions de bien- être, nourriture, corps, bonheur, maladies, médicaments, mouvement (i.e., action de jouer, courir et sauter), et que la maladie était associée aux notions de fièvre, lit, médicaments, médecin, rubéole, mort, hôpital, rhume, seringue et tristesse. La santé est liée aux idées de comportement et de mouvement et la maladie aux idées d’immobilité et d’outils médicaux.

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Christakis et Davous (1997) ont également interrogé des élèves (52 élèves, âgés de 10 ans), fréquentant trois écoles primaires situées dans des quartiers socio-économiques moyens d’Athènes, dont quatre sont atteints de maladies chroniques (épilepsie, eczéma, désordres psychosomatiques) et deux autres ont perdu récemment un grand-parent. Pour ce faire, les auteurs ont réalisé des entrevues individuelles et des entrevues de groupe (avec 3 à 5 enfants) afin de savoir comment les enfants se représentaient la santé et la maladie, les raisons de tomber malade et de ce qu’il faut faire pour guérir et être en bonne santé. Au début de chaque rencontre de groupe, on a demandé aux enfants de faire deux dessins devant représenter un homme malade et un homme sain. Les enfants se représentent un homme sain avec un visage content en train de marcher, courir et jouer, le plus souvent dans la nature tandis que l’homme malade est triste, alité, souvent dans un hôpital avec une jambe cassée; il regarde par la fenêtre de l’hôpital dont les volets font penser à des barreaux d’une prison. Il est prisonnier parce qu’il ne peut sortir pour aller jouer et contagieux pour les autres. Ces résultats sont similaires à ceux de Galli et Fasanelli (1995) dans le sens que la santé est reliée aux idées de comportements et de mouvement (bouger, courir) et la maladie à l’immobilité (coucher dans un lit d’hôpital). Les causes de la maladie (la maladie à laquelle les enfants se réfèrent est la grippe) cités par les enfants sont le froid et le mauvais temps, la pollution, les aliments tels que les chips, bonbons, hamburgers et chocolats (qui, selon les enfants, détruisent la santé et font grossir), le peu de possibilité de bouger ou jouer et la désobéissance (i.e., ne pas assez faire attention et marcher pieds nus, boire de l’eau glacée quand il ne le faut pas, manger des chips même s’ils savent qu’ils auront mal au ventre). La guérison est associée à la chaleur, à l’alitement, au médecin, à l’hôpital, aux médicaments et à

l’obéissance aux adultes (parents et médecin). Ils mentionnent également que pour être en bonne santé, il faut se protéger du froid, manger des choses saines (ex.: fruits et légumes), éviter les mauvaises choses (chips, chocolat etc), éviter de manger trop, faire de l’exercice, être propre et ne pas fumer.

Lavallée et al. (2004) ont, quant à eux, recruté des enfants de deux niveaux scolaires: maternelle et première année (n=91), leurs parents (n=82) et leurs enseignants (n=16) dans trois écoles primaires de quartiers socio-économiques différents de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys de la région de Montréal, afin d’explorer les représentations qu’ils se font de l’alimentation. Les résultats à l’association libre sur les mots «manger» et «santé» démontrent que les enfants de milieu défavorisé, les enfants de la maternelle et les filles associent l’acte de manger aux aliments constitutifs d’un menu traditionnel complet (ex.: spaghetti, soupe, pâté chinois etc…). Au contraire, les enfants de milieu favorisé, de sexe masculin et de première année ont une vision plus abstraite de l’acte de manger dans le sens que les associations référent au «repas», à la «bonne santé» et au fait de «grandir». La vision de la santé des enfants en milieu favorisé est associée à l’exercice. Les enfants du milieu défavorisé associent la santé à la bonne alimentation et «aller au parc» et à «boire».

Baudrant et al. (2004) ont étudié les représentations sociales du diabète et de son traitement, au moyen d’entretiens non directifs et semi-directifs et de la technique d’association libre, chez des jeunes âgés de 7 à 11 ans atteints de diabète (n=10) et leurs parents (n=10) recrutés dans un hôpital pour enfants de Toulouse. Les résultats

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indiquent les représentations des enfants sont basées sur leur vécu et sur ce qu’ils ressentent; ils racontent l’histoire de leur diabète avec ce qu’il faut faire et comment ils vivent cette maladie dans leur quotidien. Les représentations des filles et des garçons sont différentes: les filles semblent intéressées à acquérir des connaissances car elles posent des questions pour gérer au mieux leur diabète tandis que les garçons répètent les protocoles expliqués et demande souvent l’aide d’un proche. De plus, les filles utilisent des termes physiologiques pour d’écrire le diabète. Les garçons et les filles se ressemblent sur les représentations plus techniques de la maladie et aussi quel que soit l’âge.

Ces études portant sur les représentations sociales de la santé et de la maladie, de l’alimentation et du diabète démontrent clairement l’interaction entre l’individu et son environnement ainsi que les connaissances, les attitudes, les opinions et croyances que les jeunes ont à propos de divers objets de représentation.