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Le choix d’une méthodologie appropriée à une recherche nécessite de comprendre sa visée et ainsi, permettre d’établir une cohérence entre ce qui est étudié et comment il est étudié. La présente recherche vise avant tout à explorer et décrire les perceptions de l’intégration scolaire en langue parlée complétée selon le point de vue d’enseignants, de parents et d’élèves.

Par ailleurs, comme il a été établi que peu de recherches ont étudié ce sujet, la recherche exploratoire et descriptive semble fortement appropriée puisque, comme le soulignent Deslauriers et Kérisit (1997), la recherche exploratoire comporte des phénomènes pertinents qui n’ont pas encore été étudiés alors que la recherche descriptive vise à décrire une situation circonscrite. C’est donc dans cette optique qu’il a été possible de se familiariser avec les perceptions liées à l’intégration des élèves sourds utilisant la LPC et de fournir des informations sur ce contexte tout en déterminant des facteurs pouvant influencer les perceptions de cette intégration

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scolaire. Mais au-delà de la recherche exploratoire et descriptive, encore faut-il utiliser une approche qui convient à l’étude de ce phénomène social et qui saura répondre au caractère de découverte et de compréhension de cette recherche.

2. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

Jusqu’à présent, il a été établi que la définition de la perception adoptée se conçoit comme un processus social personnel à travers duquel l’individu crée sa propre réalité significative. De la sorte, cette perception “vue de l’intérieur” suppose l’accès à un discours élaboré personnellement qui nécessite le recours à une démarche de recherche qualitative. D’ailleurs, cette approche vise à se rapprocher le plus possible «du monde intérieur» des participants partageant «dans des échanges symboliques» (Van der Maren, 1996, p. 103) en rendant compte des préoccupations telles quelles sont vécues dans leur quotidien (Deslauriers et Kérisit, 1997). Ces derniers auteurs renchérissent également par le fait que «la recherche qualitative s’ancre dans la dialectique des représentations, des actions et des interprétations des acteurs sociaux par rapport à leur environnement» (Deslauriers et Kérisit., p. 93). Ainsi, le type d’informations auquel nous voulons avoir accès serait difficilement qualifiable autrement. De surcroit, Savoie-Zajc (2004, p. 124) explique que la recherche qualitative permet «de mieux comprendre le sens qu’une personne donne à son expérience». De plus, le nombre peu élevé de sujets n’aurait pas permis la validité de données quantitatives. Ainsi, une approche qualitative permet l’analyse plus poussée de ce type de données (Deslauriers et Kérisit, 1997; Lessard-Hébert, Goyette et Boutin, 2006; Savoie-Zajc, 2004; Van der Maren, 1996).

De plus, dans un paradigme interprétatif (Lessard-Hébert, Goyette et Boutin, 2006; Savoie-Zajc, 2004), il est possible d’avoir accès aux perceptions à travers le discours des élèves atteints d’une déficience auditive, de même que celui des parents et des enseignants. À cet égard, Fortin (2005, p. 234) mentionne que dans ce type d’approche méthodologique, «l’accent est mis sur le processus interactif par lequel

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les individus donnent une signification à une situation déterminée». Ce qui est tout à fait cohérent avec les objectifs visés par cette recherche.

La recherche qualitative, au même titre que la recherche quantitative, est soumise à un certain nombre d’étapes qui lui permettent de garantir la rigueur et l’objectivation de la recherche. Ces étapes sont l’échantillonnage, la collecte des données et finalement, les méthodes d’analyse des données.

3. ÉCHANTILLONNAGE

L’échantillonnage est crucial pour l’analyse future des données puisqu’il influence, et du fait même, limite les conclusions qu’il sera possible de tirer de cette analyse. L’échantillonnage qualitatif suppose habituellement de petits échantillons de personnes, orientés plutôt que pris aléatoirement, qui seront étudiés en profondeur (Miles et Huberman, 2003). Dans cette optique, Van der Maren explique qu’un échantillonnage raisonné permet de construire «un modèle de l’individu en se basant sur les idées a priori (une théorie, un postulat) concernant les caractéristiques que devraient posséder les individus de l’échantillon» (Van der Maren, p. 322). Dans la présente étude, tout comme le préconise Mucchielli (2009), il s’agit alors de sélectionner un certain nombre d’individus considérés comme prometteurs pour l’étude de la situation.

Afin de mieux comprendre comment se sont effectuées les procédures de recrutement et le type de personnes recherchées pour cette étude, les prochaines sections donnent davantage de détails.

3.1 Recrutement

Pour procéder au recrutement des participants, des lettres de sollicitation (annexes M à P) ont d’abord été distribuées par l’entremise d’organismes œuvrant

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auprès de la population ciblée: Association du Québec pour enfants à problèmes auditifs (AQEPA), l’Association des malentendants québécois (AMQ), le Centre québécois en déficience auditive (CQDA), le Service d’interprétation visuelle et tactile (SIVET), l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ) et finalement l’Institut Raymond Dewar (IRD).

Dans ces documents explicatifs, il est possible de retrouver les objectifs de la recherche, de même que les critères de sélection et le moyen de communiquer avec la chercheuse. Les participants intéressés ont eux-mêmes communiqué avec la chercheuse et c’est donc de cette façon qu’il a été possible de recruter des parents d’enfants sourds et des jeunes présentant une déficience et utilisant la LPC. Lors de cet échange, les objectifs de la recherche de même que les modalités de participation ont été précisés et un rendez-vous a été fixé, le cas échéant.

Dans un cas tel que celui-ci, Van der Maren (1996) préconise une méthode d’échantillonnage en cascade, c’est-à-dire qu’à partir de ces premières initiatives de recrutement, différentes personnes œuvrant dans le domaine de la déficience auditive pourront référer des noms de participants-enseignants potentiels. C’est à travers cette deuxième vague de recrutement que les enseignants ont été ciblés. Un deuxième envoi de documents explicatifs a donc été dirigé vers les enseignants des jeunes sourds participants.

Bien qu’aucune région particulière du Québec n’ait été ciblée, la majorité des organismes se situent à Montréal ou à Québec. Toutefois, les membres de ces organismes peuvent se retrouver partout dans toute la province. C’est donc en fonction des participants qui se sont manifestés que deux régions se sont davantage démarquées: la Montérégie et l’Estrie.

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3.2 Critères de sélection

Afin de répondre aux objectifs de cette recherche, l’échantillon de sujets interviewés était composé de parents, d’élèves et d’enseignants répondant à certains critères. L’échantillonnage en cascade a permis d’obtenir les participants d’une même situation, c’est-à-dire, le jeune sourd, un de ses parents et son ou ses enseignants. Toutefois, il n’y avait pas de restrictions quant à la participation; certains jeunes et leur parent ont été rencontrés sans que leur enseignant se soit manifesté.

Au total, nous avons rencontré dix-sept personnes: six jeunes, six parents et cinq enseignants. Les critères d’admissibilité sont présentés dans les prochains paragraphes.

3.2.1 Participants-élèves

Les facteurs d’inclusion devant être respectés pour composer l’échantillon d’élèves était que 1) les élèves devaient avoir obtenu un diagnostic de surdité sans d’autres déficiences (intellectuelle, langagière, développementale); 2) les élèves devaient avoir appris à utiliser la langue parlée complétée; 3) les élèves devaient avoir été intégrés dans leur milieu scolaire ordinaire depuis minimalement 2 ans; et 4) les élèves devaient être âgés entre 13 et 21 ans.

Le premier critère est présent pour avoir un vécu similaire entre les participants. Par exemple, si un élève intégré est à la fois sourd et dysphasique, il serait alors difficile de savoir si les perceptions de la situation d’intégration se rapportent davantage à la surdité ou au trouble langagier. Le deuxième critère permet d’exclure les élèves qui utilisent uniquement une approche purement oraliste ou purement gestuelle qui pourraient avoir des expériences complètement distinctes des élèves utilisant la LPC. Le critère trois a permis de sélectionner des élèves qui avaient une plus grande expérience d’intégration et qui pouvaient possiblement davantage

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s’exprimer sur le sujet que des élèves du primaire. Le dernier critère s’étend, dans le cadre normal des études, du secondaire au collégial. La raison en est que, comme il a été mentionné plus tôt, la Loi sur l’instruction publique accepte que la personne handicapée ait la possibilité de terminer son secondaire à l’âge de 21 ans, si les conditions le nécessitent, ce qui est souvent le cas avec la population sourde. Alors, il est possible pour un élève sourd d’être âgé de 21 ans et de poursuivre ses études au secondaire et c’est pourquoi l’âge a été étendu jusqu’à 21 ans. À cet égard, des mesures spécifiques aux participants entre 18 et 21 ans ont été prises quant au consentement éthique puisqu’ils n’avaient pas besoin de l’assentiment parental pour participer à la recherche.

3.2.2 Participants-parents

Les parents qui ont été sélectionnés avaient un enfant sourd répondant aux critères ci-dessus, et ce, quand bien même que l’enfant participait ou non à la collecte de données, et ce, pour avoir des expériences d’intégration comparables.

3.2.3 Participants-enseignants

Au même titre que les parents, les enseignants devaient avoir accueilli l’élève sourd répondant aux critères durant l’année scolaire en cours ou lors d’une année précédente.