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Chapitre 6. Méthodologie d’enquête : étude des trois bassins versants sélectionnés Dans un premier temps, nous avons choisi d’étudier le bassin versant de la rivière des Pluies, à

3. La ravine Saint-Gilles

La ravine Saint-Gilles correspond à un cas original dans l’ensemble de la région sous le vent à La Réunion. Au sein du contexte climatique tropical humide de La Réunion, la ravine draine le flanc ouest du Piton des Neiges depuis 2 390 m d’altitude, entre le Maïdo et le Grand Bénare, jusqu’à la mer, avec un tracé d’environ 20 km de long et un bassin versant topographique de 32 km2. Cette région est hydrologiquement défavorisée. En effet, l’Ouest est à l’écart des précipitations en saison humide et la sécheresse chronique y est tant hydrologique qu’agricole.

Le bassin versant de Saint-Gilles est limité au nord par le cap La Houssaye et, au sud, par la

ravine Trois-Bassins. D’est en ouest le territoire s’étend du rempart du Maïdo jusqu’au littoral de l’Ermitage. C’est un des bassins versants filiformes de la planèze du Grand Bénare. L’essentiel de celui-ci (85 % amont) est sec, jusqu’à Saint-Gilles les hauts, et seuls les 15 % aval présentent un cours d’eau pérenne. Les eaux météoriques s’infiltrent dans les coulées de laves associés à la première période d’édification de la phase différenciée (entre 350 et 210 ka). Ces coulées forment dans la zone amont un empilement d’environ 900 m d’épaisseur (Michon, 2017). Les formes ont donc été créées par l’érosion, par l’écoulement des eaux de pluie ou par ruissellement en nappes le long des pentes. Notons aussi que l’érosion chimique joue un rôle dans ces reliefs, ainsi que les fortes températures qui favorisent la destruction des basaltes. Au niveau de cette ravine on retrouve trois bassins : Cormoran, Aigrettes et le bassin à Malheur. Ces derniers correspondent aux zones de résurgences des capacités hydriques. Les précipitations sont irrégulières, variant selon les années et les saisons (saison des pluies ou saison sèche).

Figure 16 : Délimitation du terrain d’étude, le bassin versant de la ravine Saint-Gilles Le bassin versant de Saint-Gilles fait partie de la commune de Saint-Paul et se caractérise par la présence du complexe récifal frangeant le plus important de l’île : 9 km de long sur 450 m. Les exutoires correspondent au trois ravines majeures : Saint-Gilles, l’Hermitage et Trois-Bassins, les deux dernières étant à écoulement saisonnier. Les trois bras principaux de la ravine Saint-Gilles sont la ravine Fond Maunier, le Bras Canot et le Bras d’Aïel. Au sein de ce bassin versant l’érosion est un facteur naturel qui joue un rôle majeur. En effet, celle-ci fut amplifiée par les aménagements humains (Ballet et al., 1988) : déforestation, défrichement, construction

d’infrastructures, forte croissance urbaine, activités agricoles, etc. La zone du bassin versant relève de la communauté d’agglomération du TCO et de la compétence Gemapi, qui s’ajoute au PLU, SAGE et SDAGE préalables.

Les zones urbaines concernées par le bassin versant de la ravine Saint-Gilles sont principalement Saint-Gilles les hauts, Saint-Gilles les bains et, pour le littoral, de Boucan Canot à La Saline les bains. L’augmentation de l’urbanisation a entraîné une augmentation de la vulnérabilité de ce territoire, qui est différent de bon nombres d’espaces métropolitains avec des inondations classiques par submersion du lit. En effet, la ravine Saint-Gilles est encaissée sur la plupart de son lit, sauf au niveau des radiers, ce qui en fait une première zone à risque. Pour la ravine principale, les inondations qui concernent vraiment les habitations sont les petits ruissellements sur la planèze et le risque de submersion marine (sachant qu’environ 40 000 réunionnais habitent en amont du lagon de l’Ermitage). Les différentes problématiques qui peuvent expliquer ces ruissellements sont le mitage urbain avec des champs de canne (à la sortie du lotissement, buse qui sort dans un champ de canne) et la multiplication des petites exploitations. Ce ruissellement n’est cependant pas spécifique à ce bassin versant. Les photographies suivantes, issuent du PPRI de Saint-Paul, illustrent ces inondations à différentes périodes :

Figure 17 : Photographies des inondations à Saint-Gilles (PPRI Saint-Paul, 2016)

Différents travaux d’aménagement récents viennent s’ajouter au fonctionnement du bassin versant de Saint-Gilles. En premier lieu, l’enlèvement des andains au profit de la Nouvelle Route du Littoral. Secondement, le Papi à Saint-Gilles, qui est un plan de protection concernant l’Hermitage et la Saline-les-Bains, se base sur la construction de digues. Les aménagements concernent donc 1 600 habitations et équipements, ainsi que le lagon. Les digues seront construites en amont de l’ancienne RN1a et sont censées permettre la création de sept bassins d'expansion de crue. Ces mesures en amont du littoral doivent jouer un rôle dans la pollution du lagon. Les ouvrages prévus dérivent ou bloquent certaines ravines en concentrant les écoulements sur le fossé Villa Bourbon, la ravine de l’Hermitage et la ravine Trois-Bassins. À termes, les travaux auront donc un impact sur le ruissellement dans la zone.

6.2 Méthodologie d’enquêtes par questionnaire

Le choix d’effectuer des enquêtes par questionnaire est celui d’une méthodologie hypothético-déductive. La démarche a été de partir d’hypothèses pour inférer en vertue de ces idées selon les données collectées. La valeur de nos hypothèses est ainsi éprouvée. Nos hypothèses principales concernent le lien entre la mémoire du risque et les caractéristiques des habitants (notamment l’âge et l’ancienneté du ménage dans le quartier de résidence).