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Étude 1

Dans un premier temps, nous avons voulu déterminer les changements électrophysiologiques spécifiques à la discrimination des sons verbaux et non verbaux en lien avec différents stades du développement de l’enfant. Les études antérieures ont souvent associé les réponses de la MMN verbale et non verbale (par exemple des tonalités simples ou complexes) à l’efficience du traitement langagier auprès de diverses populations cliniques et typiques (Ahmmed, Clarke, & Adams, 2008; Bishop & Hardiman, 2010; Fellman et al., 2004; Jansson-Verkasalo et al., 2004; Lovio et al., 2010; Näätänen et al., 1997). D'autres études portant plus spécifiquement sur le développement attentionnel ont utilisé la MMN non verbale en réponse à des tonalités simples ou complexes afin d’évaluer les processus préattentionnels auditifs chez les enfants et les adultes (Escera, Alho, Schroger, & Winkler, 2000; Kilpelainen et al., 1999). Toutefois, peu d’études se sont intéressées aux processus développementaux distincts de la MMN verbale et non verbale. Une caractérisation plus approfondie des processus de discrimination auditive dans le développement de l’enfant apparait donc essentielle pour mieux comprendre le développement des aires auditives respectivement impliquées dans le traitement des sons du langage et celui des processus préattentionnels auditifs. À l’aide d’un plan d’étude transversal et d’un paradigme oddball, nous avons présenté des stimuli verbaux (les syllabes Ba et Da) et non verbaux (tons synthétisés à partir des deuxièmes et troisièmes formants des stimuli verbaux, Ba : 1578 Hz/2800 Hz; Da : 1788 Hz/2932 Hz) à des participants en santé, âgés de 3 à 32 ans. Les participants ont été répartis en trois groupes selon leur âge (jeunes enfants de 3 à 7 ans; enfants d’âge scolaire de 8 à 13 ans et

adultes). Les différences liées à l’âge ont été examinées en contrastant l’amplitude et la latence de la MMN verbale et non verbale entre les groupes d’âge.

Les résultats obtenus indiquent que la discrimination des stimuli non verbaux a évoqué une négativité de plus grande amplitude que celle évoquée par les stimuli verbaux chez tous les groupes d'âge. De plus, des effets liés à l’âge des participants ont été trouvés. Quel que soit le type de stimulus présenté, une augmentation de l’amplitude de la MMN a été trouvée avec l'âge croissant des sujets. Les différences de latence en fonction du type de stimulus présenté et de l’âge des participants se sont également révélées significatives. Ainsi, lors de la présentation des stimuli verbaux, les deux groupes d'enfants ont montré une latence plus tardive de la MMN que les adultes. Ce résultat suggère une certaine immaturité de la réponse de discrimination verbale à l’âge préscolaire et scolaire. En revanche, lors de la présentation des stimuli non verbaux, seul le groupe d’enfants plus jeunes a démontré une réponse significativement plus tardive que celles des adultes, alors que la latence de réponse des enfants d’âge scolaire ne différait pas significativement de celle des adultes, indiquant une réponse préattentionnelle auditive plus mature à cet âge.

Étude 2

La deuxième étude de cette thèse visait plus spécifiquement à déterminer si la MMN et les PEAs en réponse aux stimuli verbaux et non verbaux pouvaient être utilisés comme marqueurs du développement préattentionnel auditif et langagier de l’enfant né prématurément afin d'aider à identifier rapidement les enfants à risque de retards langagiers ou cognitifs. En utilisant le protocole validé lors de la première étude, nous avons analysé les réponses

corticales d’enfants âgés de 3, 12 ou 36 mois, nés prématurément (âge corrigé pour les enfants de 3 et 12 mois, âge réel pour les enfants de 36 mois) et à terme, en réponse aux stimuli verbaux et non verbaux. Pour clarifier le lien entre les réponses électrophysiologiques et le développement cognitif et langagier de l’enfant, nous avons également analysé les corrélations entre les paramètres des composantes électrophysiologiques et les résultats de chaque enfant obtenus suite à une évaluation du langage et de la cognition à l’aide du Bayley-III.

L’utilisation de ce protocole et la présentation des stimuli verbaux et non verbaux ont permis de mesurer une réponse P150 de latence plus tardive chez les enfants nés prématurément de tous les âges comparativement aux enfants nés à terme. Ces enfants ont également montré une MMN de latence plus tardive que les enfants nés à terme, mais uniquement lorsque les stimuli verbaux ont été présentés. De plus, les latences tardives de la MMN, la P150 et la N250 en réponse aux stimuli verbaux, un âge gestationnel et un poids à la naissance plus petit, corrélaient significativement avec des scores plus faibles à l’échelle du langage expressif du Bayley-III.

Par ailleurs, des effets liés à l’âge ont également été observés lorsque les réponses des deux groupes ont été analysées conjointement. En réponse aux sons verbaux et non verbaux, les enfants âgés de 3 mois ont démontré des réponses MMN significativement plus tardives que celles mesurées chez les enfants âgés de 12 et 36 mois. Les résultats ont également montré qu’en réponse aux stimuli verbaux, les latences des composantes P150 et N250 diminuent progressivement avec l’âge (3 mois > 12 mois > 36 mois). En revanche, lorsque les stimuli

non verbaux ont été utilisés, seuls les enfants âgés de 3 mois ont montré des latences de la P150 et de la N250 plus tardive que les enfants de 12 et 36 mois.