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Ralentissement de la demande adressée

Dans le document PERSPECTIVES 2012-2013 (Page 141-145)

PAYS ÉMERGENTS : FIN DE LA SURCHAUFFE

1. Ralentissement de la demande adressée

L’atonie de la croissance mondiale se traduit par une stagnation de la demande adressée aux pays émergents (graphique 2). Après un rebond très dynamique en 2009 et 2010, la demande adressée a nettement ralenti au début de l’année 2011. La crise de la dette en

zone euro s’est propagée sur les marchés mondiaux du fait de la chute des importations européennes. Les zones émergentes sont plus ou moins touchées par cette stagnation de la demande externe.

La demande adressée aux pays d’Asie a nettement ralenti en 2011, du fait de la dégradation de la conjoncture mondiale et de la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars. Ainsi, les exporta-tions en volume ont commencé à ralentir dès le deuxième trimestre 2011, et sont devenues négatives aux troisième et quatrième trimestres dans les pays d’Asie en développement rapide. Ce mouvement a été amplifié à l’automne 2011 par les violentes inondations qu’a connues la Thaïlande, où les exporta-tions ont chuté de 15% au quatrième trimestre. La Chine a enregistré un fort déficit commercial en février 2012 pour la première fois depuis un an. Seule l’Inde continue d’afficher des taux de croissance assez dynamiques de ses exportations en biens et services. Globalement, l’Asie a perdu des parts de marché en 2011. En Chine, l’appréciation du taux de change depuis 2005 accompagnée d’une dynamique des salaires très rapide a sensible-ment réduit la compétitivité-prix des exportations. Ces évolutions expliquent le retournement des parts de marché à l’exportation du

Graphique 2. Évolution de la demande adressée aux pays émergents 2003 = 100, cvs

Note : Voir la liste des abrévations de pays en fin de revue.

Sources : OCDE, FMI, calculs OFCE.

50 90 110 130 150 170 190 210

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Autre Amérique latine

MEX BRA

Asie en développement rapide CHN

KOR Ex-CEI PECO-NEM

70

pays depuis début 2010. Suite à la dégradation des performances commerciales de la Chine, le gouvernement chinois a déclaré que le yuan était proche de son niveau d’équilibre. La vigueur des importations chinoises continue cependant de soutenir la demande adressée à l’Asie. Depuis septembre 2008, les exporta-tions en valeur des pays émergents d’Asie (hors Chine) ont progressé de 15 % au total. Le dynamisme des exportations vers la Chine (+42 %) a permis de compenser la baisse des exportations vers la zone euro (-9 %) et la stagnation des exportations vers les États-Unis (+2 %). La Chine capte désormais près de 25 % des exportations de ces pays, soit l’équivalent de la zone euro (7,7 %), des États-Unis (9,5 %) et du Japon (7,6 %) réunis.

La demande adressée à l’Amérique latine s’est infléchie dès le deuxième trimestre 2011 mais contrairement aux autres régions, elle n’a pas baissé. Le rythme s’est maintenu autour de 0,5 % par trimestre pendant la deuxième moitié de l’année contre 2 % un an plus. Davantage diversifiée géographiquement que les autres régions émergentes, l’Amérique latine bénéficie de la situation des États-Unis et de l’Asie émergente relativement plus dynamique que celle de l’Europe ou du Japon. Entre le Mexique dont les exporta-tions sont orientées à 75 % vers les États-Unis, et les autres pays de la région tournés en moyenne à hauteur de 20 % vers les États-Unis (surtout Venezuela, Equateur, Colombie), 20 % vers l’Asie en déve-loppement (Chili, Brésil, Pérou) et 29 % vers leurs voisins régionaux, les exportations n’ont pas trop mal résisté au retourne-ment du commerce international. À l’exception de certains pays qui sont passés à travers ce mouvement tels que la Colombie, d’autres pays ont accusé un léger ralentissement de leurs ventes à l’étranger. Ainsi, le Brésil qui avait connu des rythmes exception-nels de 3 % en moyenne sur chacun des trimestres de 2010, reste sur un rythme de 2 % au deuxième semestre 2011. Sur les mêmes périodes, le Chili est passé d’un rythme de 5,4 % à 2,1 %. De même pour l’Argentine. Enfin, le Pérou et surtout le Mexique observent un retournement marqué de leurs exportations. Confronté à la stagnation des importations des États-Unis aux deuxième et troi-sième trimestres 2011 avant de reprendre légèrement au dernier trimestre, le Mexique a vu ses exportations baisser puis se stabiliser sur la période. Cette contre-performance, au regard des autres pays, bénéficie pourtant d’un effet compétitivité-prix positif enregistré

au début de 2008 suite à la dépréciation du taux de change effectif réel du peso et qui a permis au pays de regagner des parts de marché à l’exportation sur les produits industriels. Dans les autres pays, à l’exception du Brésil et dans une moindre mesure de la Colombie et du Pérou, la tendance est la même : redressement des parts de marché permise par la dépréciation des taux de change effectif réel des monnaies depuis plusieurs années. Le Brésil par contre, souffre d’une perte de compétitivité-prix de ses produits industriels notamment du fait de la forte appréciation de sa monnaie qui inquiète de plus en plus les autorités du pays.

Parmi les émergents, les pays d’Europe de l’Est ont été les plus affectés par le ralentissement du commerce mondial, du fait de leur proximité avec la zone euro et leur forte dépendance au commerce extérieur. La demande adressée à la zone n’aura donc connu qu’une année de reprise, avant de ralentir à nouveau fortement au cours de l’année et de chuter fin 2011. Cet impact du ralentisse-ment européen a été en partie atténué par l’effet de la crise de la dette européenne sur les taux de change de la zone. En effet, la fuite des capitaux vers la qualité a fait plonger les monnaies de la zone, considérées comme risquées, dès la mi-2008. Les taux de change effectifs réels ont dévissé de plus de 20 % dans la plupart des pays au second semestre 2008 puis se sont redressés en 2009, sans retrouver leurs niveaux d’avant-crise. Après dix ans d’appréciation continue de leurs monnaies, les pays de la zone ont donc connu une amélioration de leur compétitivité, avec une dépréciation de leur taux de change effectif réel sur l’ensemble de la période (-15 % pour la Roumanie, -6 % pour la Hongrie, -3 % pour la Pologne).

Pourtant la progression des parts de marché enregistrée en 2010 (+2,8 %) s’est interrompue en 2011. Les exportations, après un redressement en 2010, ont chuté de 11 % en ex-URSS depuis le premier trimestre 2011 et 7 % dans les nouveaux pays membres. Ce ralentissement s’avère particulièrement inquiétant dans les pays plus ouverts, dépendants du commerce extérieur comme la Répu-blique tchèque, la Bulgarie ou la Hongrie, où le retournement des exportations a fortement pesé sur l’investissement.

Dans le document PERSPECTIVES 2012-2013 (Page 141-145)