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Raisons des choix de ces activités ainsi que leurs apports

5. Présentation et analyse des résultats

5.3 Raisons des choix de ces activités ainsi que leurs apports

Les sept institutrices nous ont présenté les motivations qui les poussent à conduire ces activités avec leurs élèves. Elles ont toutes des raisons qui leur sont propres, en lien avec les

apports que ces activités permettent et partagent certaines convictions. Les enseignantes E5 et E7 précisent que les raisons de leurs choix sont entre autres venus des observations qu’elles avaient pu faire lors de stage et de discussions avec leurs collègues. Les apports que ces activités permettent selon les enseignantes peuvent être répertoriées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 5 : Apports des activités mentionnés par les enseignantes

E1 E2 E3 E4 E5 E6 E7

Sentiment de sécurité oui oui oui oui oui oui

Socialisation, règles de conduite oui oui oui oui

Apprentissages oui oui oui oui

Responsabilisation oui oui oui

Autonomie oui oui

Assurance oui oui

Climat harmonieux oui oui

Le sentiment de sécurité est l’apport le plus cité dans nos entretiens (6/7 enseignantes). Certaines enseignantes (E1, E3, E4) relèvent cet aspect bénéfique à la suite du sentiment de bien-être procuré par la dimension de répétitivité. Elles n’ont pas clairement verbalisé ce lien mais nous pouvons le supposer. Marsollier (2012) et Morisette (2002) considèrent ce sentiment de sécurité comme devant être satisfait pour entrer dans des apprentissages. Tous deux expliquent que la sécurité doit être affective, vis-à-vis des pairs et de l’enseignant mais elle doit aussi être intellectuelle. Pour l’enseignante E1, le sentiment de sécurité découle de la répétition des activités, tandis que pour les enseignantes E3 et E5, il est issu du sentiment de bien-être offert par ces pratiques. L’institutrice E7 pense plutôt que les enfants se sentent en sécurité lorsque leurs besoins fondamentaux sont remplis. En effet, elle précise que :

Les enfants, surtout les petits, ont besoin de se sentir entourés, écoutés et respectés à l’école. C’est important pour eux de savoir que l’enseignante et leurs copains les apprécient et les valorisent. Ces activités permettent justement de créer des moments où ces valeurs sont mises en avant et développées parce qu’elles sont vécues en collectif.

Nous considérons les « valeurs » dont parle cette enseignante comme une réponse directe aux besoins de sécurité de l’élève développés par Marsollier (2012).

La satisfaction du besoin de sécurité est importante pour ces six enseignantes même si elles ne formulent pas de liens directs entre ces besoins et le bien-être des élèves, leurs propos en sont le reflet. Nous pouvons conclure que l’origine du sentiment de sécurité varie selon les

enseignantes. Leurs avis sont complémentaires et présentent plusieurs particularités des activités ritualisées pouvant susciter le sentiment de sécurité des élèves.

La socialisation est également une des raisons de la mise en place de ces activités pour cinq enseignantes sur sept. Les enseignantes E1, E2 et E3 précisent que les activités apportent des apprentissages en lien avec la communication au sein d’un groupe. L’enseignante E2 vise la socialisation par la mise en place des activités ritualisées : apprendre la vie en communauté et adapter son comportement en conséquence. De plus, l’enseignante E3 précise que cela permet le développement de la collaboration et de l’entraide au sein des élèves. L’enseignante E5 explique quant à elle que ces moments permettent l’appropriation de règles de conduite.

Les apprentissages sont un autre apport et une raison pour lesquels les enseignantes animent ces activités en classe. Les enseignantes E2, E5, E6 et E7 en expriment divers comme par exemple : la temporalité, l’expression orale, les chiffres. Nous analysons plus loin la nature des apprentissages.

La responsabilisation, relevée par trois enseignantes, rejoint la notion d’autonomie qu’elles recherchent à faire acquérir à leurs élèves. L’enseignante E2 parle même d’« auto-responsabilisation » de la part des enfants lorsqu’ils sont dans ce type d’activités. Cela signifierait que les élèves jouent des rôles actifs dans le fonctionnement de ces pratiques ritualisées. Toutefois, l’enseignante E2 ne décrit pas comment cela se passe concrètement.

L’autonomie, apport relevé auprès des enseignantes E1 et E4, est une raison de l’existence des activités ritualisées et également un objectif visé au travers d’elles. D’une part, les institutrices désirent rendre leurs élèves autonomes et d’autre part, elles savent qu’elles peuvent parvenir à cet objectif en pratiquant ces activités au sein de leur classe. Nous constatons ici le lien étroit qui est présent entre la justification de ce choix professionnel et son apport. Pour l’enseignante E1, les activités ritualisées permettent « aux enfants de savoir ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire » et deviennent ainsi autonomes face à ces tâches.

L’enseignante E1 et l’enseignante E5 pensent qu’un sentiment d’assurance serait développé par ces pratiques. L’institutrice E1 planifie de telles activités car les élèves savent ce qu’ils ont à faire et la manière dont cela se passe. Ils ne sont ainsi pas « perturbés ». Nous

pouvons supposer qu’ils ressentent de l’assurance, s’ils ne se sentent pas déstabilisés. L’enseignante E5 partage cet avis en parlant de « réassurance ». Cette institutrice partage le point de vue de sa collègue E1. Alban-Arrouy et al. (2009) vont aussi dans ce sens. En effet, ces trois auteures parlent de la nécessité que l’élève a de se sentir rassuré et seule l’automatisation de l’activité, au travers de sa possible anticipation, peut procurer cela.

Un autre apport observé par deux enseignantes (E1 et E3) est le climat harmonieux que procurent les activités ritualisées. La première institutrice nous a expliqué ceci : « Ça crée une sorte de climat harmonieux qui fait que ça te tranquillise. T’as moins d’angoisses quand tu sais que le matin tu vas commencer comme ça ». Ce constat signifierait que ces pratiques calment les élèves parce qu’elles sont répétitives, donc facilement reconnaissables par ces derniers et sécurisantes. Cela créerait une ambiance appréciée des élèves et de l’enseignant-e.

L’observation des élèves a été mentionnée par une enseignante (E6). Elle explique que ces activités sont un moyen d’observer ses élèves dans leurs apprentissages. Elle met à profit ces tâches pour faire acquérir de nouvelles connaissances auprès des enfants et vérifier leur compréhension. Par conséquent, nous pouvons aisément imaginer les activités ritualisées comme un outil pour mesurer l’intégration de savoirs.