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5. Présentation et analyse des résultats

5.7 Évolution des activités et des objectifs

Pour Dumas (2009), il est essentiel qu’il y ait une évolution dans les activités ritualisées. Le cas échéant, elles ne permettent plus d’apprentissages et elles s’installent dans une routine. Pour cette raison, il nous a paru important de questionner les enseignantes quant aux complexifications qu’elles proposent dans leurs activités. Nous les avons interrogées à propos de ces modifications et à l’évolution de leurs objectifs dans le temps.

Cinq enseignantes sur sept disent changer leurs activités durant l’année, une enseignante explique en modifier certaines et une dernière explique que ses rituels ne changent pas. Cependant, cette enseignante E4 explique plus tard que son questionnement évolue en fonction des apprentissages acquis. Nous pouvons en conclure que toutes les enseignantes complexifient leurs activités et modifient leurs attentes envers les élèves. L’enseignante E1 précise tout de même que « ça peut changer mais faut vraiment que ça soit bien installé avant de pouvoir le faire » et rejoint ainsi Dumas (2009). Cette enseignante stipule qu’il est nécessaire de faire évoluer ces activités sans pour autant les faire disparaître.

Il est intéressant de relever les propos des enseignantes E2 et E7 qui expliquent les raisons pour lesquelles elles modifient les activités et augmentent leurs attentes. Toutes deux déclarent qu’elles ressentent de l’ennui de la part de certains élèves et qu’elles se doivent de complexifier l’activité. L’enseignante E7 exprime ressentir « ce besoin d’aller plus loin » de la part de ses élèves et que les complexifications permettent de susciter leur intérêt. Elle ajoute que cela permet de ne pas « stagner dans les apprentissages ». Cette affirmation est d’ailleurs aussi mentionnée par l’enseignante E2 qui nous a expliqué que, sans modifications de sa part, « la progression des élèves est compromise ». Par ailleurs, l’enseignante E3 explique aussi qu’elle modifie ses attentes pour que l’activité ne tourne pas en rond.

Un autre point sur lequel s’accordent quatre enseignantes à propos de cette question est la différenciation que permettent ces activités. Elles expliquent, qu’au-delà de faire évoluer la tâche, elles la complexifient en fonction des élèves. L’enseignante E6 signale d’ailleurs que la différenciation est un des principaux avantages de ces activités. Cette enseignante relève qu’il y a bien sûr des attentes communes pour la fin de l’année mais que quelques aspects de ces activités sont plus difficiles pour certains. L’enseignante E3 nous dit qu’elle différencie ses attentes d’un élève à l’autre et étaye ses propos comme suit :

Pour certains, j’attends qu’ils formulent des phrases complètes lors de la présentation de la météo et pour d’autres, ça sera d’oser la présenter en quelques mots. Au fur et à mesure des mois, j’augmente mes attentes afin de les faire progresser.

Dans ce sens, l’enseignante E5 mentionne également qu’elle fixe parfois des objectifs différents en fonction des élèves durant la même période. Nous concluons ce point par les propos de l’enseignante E2 : « c’est le travail de toute enseignante que de pousser ses élèves au maximum tout en respectant le rythme de chacun ».

Concernant les complexifications des activités en elles-mêmes, les enseignantes E1, E2 et E5 s’accordent sur le fait qu’elles rendent les élèves de plus en plus responsables lors de ces activités. L’enseignante E1 explique que lorsque l’activité du calendrier fonctionne bien, elle fait participer davantage les élèves. Elle peut nommer un responsable qui va se charger de mener l’activité. C’est d’ailleurs une complexification que l’enseignante E5 a aussi amené. En effet, les propos de cette cinquième institutrice sont explicites à ce sujet :

Enfin bref, je posais les questions et j’interrogeais les élèves qui levaient la main. Mais maintenant, depuis janvier en fait, c’est un élève responsable qui vient faire la maîtresse et qui doit poser les questions [...]. Et parfois on aide et parfois ça fonctionne bien sans besoin d’aide.

L’enseignante E2 souhaite que les élèves deviennent plus autonomes et responsables au fil des mois face à l’activité. Son objectif pour le conseil de classe est qu’il soit, « petit à petit, leadé par les élèves eux-mêmes ». Ce souhait est partagé par l’enseignante E5 qui dit : « on pourrait imaginer, petit à petit de mettre des rôles quand ça fonctionne bien. Mais pour l’instant c’est encore difficile, surtout que j’ai commencé en décembre seulement ».

Finalement, les enseignantes donnent des exemples concrets des complexifications qu’elles proposent au sein de leurs activités. En ce sens, l’enseignante E3 explique, qu’en début d’année, les élèves peuvent s’aider d’«étiquettes-images» pour la météo mais que, de manière progressive, elle les enlève. Les élèves doivent alors présenter la météo en formulant des phrases complètes sans ce support. Quant à l’enseignante E6, elle mentionne que les questions posées aux élèves deviennent plus complexes. Au mois de février, elle demandait fréquemment aux élèves quel jour ils étaient la veille et quel jour ils seraient le lendemain alors qu’au début de l’année c’est elle qui le leur précisait. L’enseignante E4 explique aussi qu’elle pose des questions différentes aux élèves en fonction de leurs apprentissages. Pour finir, l’enseignante E5 nous a raconté qu’en début d’année, lors de l’appel, chacun devait retrouver et afficher son prénom alors qu’au mois de février, elle demandait parfois à l’élève responsable de faire l’appel de tous les prénoms de la classe. Elle a apporté cette modification car la majorité des élèves reconnaissent les prénoms des camarades.

L’analyse des réponses obtenues s’est avérée très intéressante du fait que certaines enseignantes ont expliqué les raisons de ces modifications. Elles sont en accord avec les propos de Dumas (2009) sur la nécessité à faire évoluer les activités ritualisées. De plus, les

quatre enseignantes qui ont relevé la différenciation que permettent ces activités nous ont fait prendre conscience de ce nouvel aspect. Effectivement, les élèves n’évoluent pas à la même vitesse et les modifications proposées ne sont pas accessibles à tous en même temps. Nous pouvons affirmer que chaque enseignante complexifie plus ou moins les activités proposées que ce soit par les questions posées, les aides apportées ou encore les rôles de chacun.