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4.3 L’évolution de la segmentation sociale des lycées franciliens entre

4.3.2 Le rôle des procédures d’affectation

La rupture provoquée en 2008 par l’introduction de la procédure auto-matisée d’affectation post-troisième dans l’académie de Paris et l’instauration concomitante d’un bonus spécifique en faveur des élèves boursiers demandant une affectation dans la voie générale et technologique constitue l’explication la plus plausible de la diminution de la segmentation sociale observée dans les lycées parisiens depuis la fin des années 2000.

Comme cela a été rappelé dans le chapitre 1, l’académie de Paris est la seule parmi les académies franciliennes à avoir accompagné la mise en place de la pro-cédure Affelnet d’un bonus « boursier » qui leur donne une priorité importante par rapport aux élèves non-boursiers demandant à être affectés dans la voie générale et technologique. L’avantage procuré depuis la rentrée 2007 aux élèves boursiers dans le cadre des procédures d’affectation utilisées dans les académies de Créteil et de Versailles (où l’affectation de l’ensemble des élèves est automatisée depuis le début des années 2000) est bien moindre que dans l’académie de Paris, dans la mesure où les élèves qui demandent une affectation dans leur lycée de secteur restent toujours prioritaires par rapport aux élèves boursiers résidant en dehors du secteur. Dans ce contexte, on peut s’attendre à ce que la mise en place de la procédure Affelnet à Paris ait contribué plus largement à diminuer le niveau de segmentation sociale des lycées publics accueillant des secondes générales et technologiques que dans les académies de Créteil et de Versailles.

À l’appui de cette hypothèse,on observe que la segmentation sociale au sein des lycées publics à dominante générale et technologique a diminué de ma-nière très importante (-38 %) dans l’académie de Paris au cours de la période 2002-2012 (figure 4.5), alors qu’elle est restée globalement stable dans les aca-démies de Créteil et de Versailles au cours de la même période. La segmentation sociale des lycées GT publics parisiens, qui était en 2002 supérieure à celles des lycées cristoliens et versaillais, est devenue la plus faible parmi les académies fran-ciliennes depuis 2010. La diminution de la segmentation sociale dans les lycées GT publics parisiens s’est enclenchée en 2007 avant de se poursuivre entre 2008 et 2010 et de se stabiliser ensuite. La baisse observée en 2007 ne peut être attri-buée directement à l’adoption de la procédure Affelnet, qui a été utilisée pour la première fois à la rentrée 2008, et s’explique vraisemblablement par la mise d’un traitement plus favorable des demandes d’affectation exprimées par les élèves issus de milieux sociaux défavorisés, en application des dispositions nationales encadrant

FIGURE 4.5Segmentation sociale à l’entrée en seconde dans les lycées publics à dominante générale et technologique (2002-2012)

0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14 0,16 0,18

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Rentrée scolaire

Paris Versailles Créteil

NOTES: Voir notes de la figure 4.3.

CHAMP: Ensemble des élèves entrant en seconde dans les lycées publics franciliens à dominante générale et technologique.

SOURCES: Calculs des auteurs à partir des Bases Élèves 2002-2012 des académies de Créteil, Paris et Versailles.

l’assouplissement de la carte scolaire. En revanche, la poursuite de cette diminution à partir de 2008 est cohérente avec la mise en place du bonus boursier en 2008 et son renforcement en 2009.

L’analyse de l’évolution de la segmentation sociale dans au sein des lycées privés à dominante générale et technologique (figure 4.7a) et au sein des lycées à domi-nante professionnelle (figure 4.7b) ne laisse pas apparaître de divergence aussi marquée entre l’académie de Paris, d’une part, et les académies de Créteil et de Versailles, d’autre part, que pour les lycées publics à dominante générale et techno-logique. La segmentation sociale des lycées GT privés est restée globalement stable au cours de la période 2002-2012 dans les trois académies franciliennes. On ob-serve cependant une tendance à l’augmentation de la segmentation sociale au sein

FIGURE 4.6Segmentation sociale à l’entrée au lycée : lycées privés à dominante générale et technologique et lycées à dominante profession-nelle (2002-2012)

(a) Lycées privés à dominante générale et technologique

0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14 0,16 0,18

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Rentrée scolaire

Paris Versailles Créteil

(b) Lycées à dominante professionnelle

0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10 0,12 0,14 0,16 0,18

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Rentrée scolaire

Paris Versailles Créteil

NOTES: Voir notes de la figure 4.3.

CHAMP: Ensemble des élèves franciliens entrant en seconde dans les lycées privés à dominante générale et technologique et dans les lycées à dominante professionnelle.

SOURCES: Calculs des auteurs à partir des Bases Élèves 2002-2012 des académies de Créteil, Paris et Versailles.

des lycées à dominante professionnelle dans l’académie de Paris à partir de 2007, qui contraste avec la relative stabilité observée à Créteil et à Versailles. Les fac-teurs susceptibles d’expliquer cette augmentation sont moins aisés à identifier que dans le cas des lycées à dominante générale et technologique, dans la mesure où plusieurs phénomènes pourraient y avoir contribué : la fermeture de classes de se-condes technologiques dans les lycées polyvalents parisiens à partir du milieu de la décennie 2000, qui a pu avoir pour effet d’accentuer la segmentation sociale de ces établissements ; la généralisation d’Affelnet à la rentrée 2008 qui, sans bouleverser la procédure d’affectation dans la voie professionnelle, a pu contribuer à augmenter le poids des notes obtenues en troisième dans le classement des candidats, renfor-çant ainsi la segmentation sociale des lycées professionnels ; la réforme de la voie professionnelle en 2008 et en 2009, enfin, qui a pu accentuer la différentiation sociale des bacs professionnels par rapport aux anciens BEP.

4.3.3 L’évolution des différentes composantes de la