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Chapitre 3 – Cadre théorique

3.3 Révision de la théorie

En 2016, une révision de la théorie a été publiée afin d’accentuer l’importance de certains éléments et d’ajouter des concepts ainsi que des propositions. Premièrement, la définition des autosoins a légèrement été modifiée. Auparavant, elle se concentrait sur les choix qui maintiennent une stabilité physiologique en lien avec des comportements de gestion et de maintien via un processus naturaliste de prise de décisions. La nouvelle définition devient plus axée sur le fait que la reconnaissance des symptômes est primordiale et que tout ce qui englobe les comportements d’autosoins est influencé par ce processus naturaliste de faire des choix : « les autosoins sont définis comme un processus de décision naturaliste qui influence les actions qui maintiennent la stabilité physiologique, facilite la perception des symptômes et oriente la gestion de ceux-ci [traduction libre] » (Riegel et al., 2016).

Trois différences entre les deux versions de la théorie peuvent être soulevées. En premier lieu, il y a émergence d’un nouveau concept, soit celui de la perception des symptômes. Les sensations physiologiques sont considérées comme des symptômes si celles-ci sont anormales (Riegel et al., 2016). Puisque plusieurs patients atteints d’IC ont de la difficulté à cerner et identifier leurs symptômes, et qu’en plus ils en ressentent un grand nombre, les auteures ont jugé important de l’incorporer à la théorie. Ainsi, la perception des symptômes devient un construit essentiel aux autosoins, puisque les patients exécutent leurs comportements de maintien

habituel et ce n’est que lorsqu’ils reconnaissent un ou plusieurs symptômes qu’ils décident de réaliser un comportement de gestion qu’ils jugent approprié en lien avec le ou les symptômes constatés (Riegel et al., 2016).

En second lieu, une distinction a été soulevée quant aux comportements autonomes et ceux qui sont encouragés par les professionnels de la santé. Chaque comportement, qu’il soit de maintien ou de gestion, a une composante autonome et une composante consultative avec un professionnel (Riegel et al., 2016).

En troisième et dernier lieu, la dernière révision apportée à cette théorie est d’intégrer de manière plus centrale la prise de décision naturaliste. Les éléments de personne, d’environnement et de facteurs reliés au problème sont influencés par les connaissances, les compétences, les expériences et les valeurs de la personne en cause (Riegel et al., 2016). Ainsi, bien qu’un patient puisse assurer normalement ses autosoins de maintien, il peut y avoir des facteurs qui viennent influencer sa capacité à prendre de bonnes décisions et cela influence directement la réalisation des autosoins. Le processus naturaliste de prise de décisions (voir la Figure 3) prend en compte le fait que les décisions prises dans la vraie vie le sont dans des contextes variés d’insécurité et de contraintes et il est donc très difficile de prévoir les décisions qui seront prises. Cela explique en grande partie pourquoi plusieurs patients prennent des décisions inconsistantes en lien avec leur IC (Riegel et al., 2016).

Figure 3 – Prise naturaliste de décisions en lien avec la définition revue des autosoins, en incluant le concept

de perception des symptômes. La situation est influencée par la personne, son problème et son environnement et le passage à l’action (réaliser les autosoins) est, quant à lui, influencé par les expériences, les connaissances, les compétences et les valeurs des patients. Figure traduite avec la permission de Wolters

Kluwer Health, inc.: [Riegel, B., Dickson, V. V., & Faulkner, K. M. (2016). The Situation-Specific Theory of Heart Failure Self-Care: Revised and Updated. Journal of Cardiovascular Nursing, 31(3), 226-235.

3.3.1 Nouvelles propositions théoriques

Suite à la publication de la théorie originale en 2008, dans laquelle quatre propositions avaient été présentées, la liste des propositions a été étendue à huit et a été raffinée, chacune des propositions pouvant d’ailleurs être testée, ce qui ajoute de la validité à cette théorie. Les nouvelles propositions sont :

1. Les comportements d’autosoins sont influencés par des facteurs uniques ;

2. Les groupes de symptômes physiques et émotionnels influent sur les autosoins de manière unique et importante ;

3. Les décisions concernant les autosoins peuvent être conscientes ou subconscientes. Les décisions conscientes et subconscientes reflètent les choix dictés par l'interaction de facteurs liés à la personne, au problème et à l'environnement ;

4. Les comorbidités réduisent la capacité des patients atteints d'IC à différencier la cause de leurs symptômes et nuisent à l'auto-efficacité en matière d’autosoins ;

5. L’auto-efficacité liée aux autosoins sert de médiateur et/ou modère la relation entre les prédicteurs des autosoins, les autosoins de maintien la perception et la gestion de symptômes, et/ou résultats-patient. Une auto-efficacité plus élevée en lien avec les autosoins est associée à de meilleurs autosoins et à de meilleurs résultats d'IC ;

6. Des niveaux modérés à élevés d’accomplissement d’autosoins sont nécessaires pour améliorer les résultats reliés à la gestion de l’IC ;

7. À mesure que l'auto-efficacité des autosoins augmente, les comportements d'autosoins autonomes augmentent également ; et

8. La maîtrise des autosoins de maintien précède la maîtrise de la perception des symptômes, qui précède les comportements de gestion des symptômes. Autrement dit, les autosoins semblent être un processus linéaire allant du maintien à la perception des symptômes à la gestion de ceux-ci. La gestion des symptômes est le comportement le plus élevé et le plus raffiné en matière d’autosoins et c’est celui qui nécessite le plus de connaissances et de compétences.

3.4 Lien de la théorie spécifique des autosoins en IC avec la

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