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II) De la personne au personnage de femme-chevalier, mécanismes topiques de la

2. Une Pucelle qui est intégrée à la lignée des prophètes et élus de Dieu

2.1. Jeanne d’Arc et la tradition des textes prophétiques de Merlin et patriotisme français

2.2.3. La révélation de la mission divine

La scène de la révélation de la mission divine à Jeanne d’Arc par l’archange Michel est sans nul doute l’un des épisodes les plus connus et les plus topiques de l’image littéraire qui a perduré de la jeune femme dans la culture populaire. Il s’agit en effet du point de départ de son existence en tant que Pucelle, qui va la pousser à renoncer à tout afin de servir l’autorité divine en tant que chef de guerre des soldats armagnacs et intermédiaire de Dieu. Traditionnellement, la scène prend place alors que la douce bergère Jeanne est en train de garder ses brebis avant que l’archange Michel ne vienne en tant que messager divine lui dévoiler la mission qui est confiée à la pieuse lorraine : mettre Charles sur le trône en tant que roi, et chasser l’envahisseur anglais et les ennemis du dauphin hors du territoire de France. Après des réactions qui peuvent différer quelque peu selon les œuvres, allant de l’effarouchement au refus initial d’accepter la mission, l’humble personnage de Jeanne finit par se placer au service de la volonté divine et commencer ainsi peu après son périple jusqu’à Chinon pour rencontrer le futur Charles VII.

La scène de l’annonciation par saint Michel à Jeanne d’Arc de la mission divine qui lui a été confiée par Dieu a été fortement représentée dans les œuvres littéraires contemporaines à la Pucelle, et nous en conservons l’exemple le plus développé dans le

Mystère du siège d’Orléans. À l’origine, il s’agit surtout des œuvres partisanes du camp

armagnac qui l’ont utilisée dans leurs œuvres, afin de participer à la création d’une image édifiante de la jeune femme pour servir leurs visées politiques. Le Mystère du siège

d’Orléans, quant à lui, a travaillé avec beaucoup de soin sur l’aspect divin de la campagne

menée par Jeanne d’Arc, en personnifiant la figure de Dieu et en mettant en scène sa décision d’envoyer l’archange Michel323 à Jeanne avant de jouer le dialogue entre l’ange et Jeanne.

De même, le long monologue de Dieu puis la discussion entre saint Michel et la jeune femme de Domrémy sont placés à un endroit stratégique de l’œuvre, puisqu’ils représentent l’articulation entre le sombre portrait de la situation de la France sous la guerre civile et le second tiers du livre où le personnage de la Pucelle apparaît et conduit les forces des Armagnacs à leur première bataille victorieuse qu’est la levée du siège de la ville d’Orléans. Dans ces circonstances, le monologue initial de Dieu se transforme en une adresse à l’archange saint Michel. Par l’emplacement du dialogue dans l’intrigue de la pièce, Dieu

173 occupe le rôle central d’élément déclencheur du rétablissement de la situation, la conception de la mission divine de la jeune femme présentée comme telle dès le début de l’adresse de Dieu à l’ange saint Michel324 :

Michel ange, entend a moy : Je veuil par toy faire messaige, Pour subvenir au desarroy

7014 De France, le noble heritaige. […]

Tu luy diras que je luy mande Qu’en elle sera ma vertu Et que par ellë on entende

7030 L’orgueil des François abatu ; […]

Premierement tu luy diras Que par elle vueil qu’i soit fait Et de par moy luy commanderas 7034 Qu’i soit acomply et parfait.

[…]

De par moy elle acomplira 7046 Et en parviendra a ces fins ;

Que de ce ne se doubte point : Ma vertu sera avec elle,

Pour acomplir de point en point 7050 Par icelle jeune pucelle.

Le premier aspect de la mission divine que nous pouvons remarquer dans ce passage est l’expression d’une volonté divine, par exemple avec l’usage du verbe « veuil » (v. 7012). En

outre l’autorité de Dieu est reflétée par l’emploi d’une première personne du singulier qui donne des instructions à son messager dans l’expression « entend à moy / Je veuil par toy » (v. 7011-7012). De même, le Mystère d’Orléans qualifie la mission de Jeanne d’Arc comme le fruit de l’autorité divine avec la répétition d’un verbe de volonté, « veuil », qui est employé à cinq reprises : « veuil entendre à votre requeste » (v. 6996), « Et veuil que on les admonneste » (v. 7001), « Je veuil par toy faire messaige » (v. 7012) et « Que par elle vueil qu’i soit fait » (v. 7036). La réalisation de cette volonté de Dieu concernant l’envoi de Jeanne d’Arc au secours de la France passe par l’intermédiaire de l’archange saint Michel. Ce dernier va dès lors remplir auprès de la Pucelle le même rôle que l’ange Gabriel auprès des élus de Dieu, à savoir le messager comme le souligne l’expression « faire messaige » (v. 7012). En effet, l’envoi d’un archange comme messager auprès d’un prophète est un élément topique de l’Ancien Testament, comme le prouvent les livres prophétiques traitant d’Isaïe, de Jérémie ou d’Ezéchiel. Par ailleurs, le rôle messager de l’archange est bien précisé comme intermédiaire entre Dieu et la personne que l’autorité divine a élue, à travers la construction syntaxique du premier vers de l’extrait : les verbes « diras » et « mande » (v. 7015) font partie du même champ lexical. Ils miment ainsi la transmission future du message de Dieu à l’ange, puis de l’ange à la Pucelle avec la répétition du pronom personnel indirect « luy » (v. 7015, 7031 et 7033).

Par l’intermédiaire saint Michel avec la révélation de la mission divine à la douce jeune femme, le personnage de Dieu va faire de Jeanne d’Arc sa messagère privilégiée auprès du futur roi Charles VII et du peuple français, avec un transfert d’autorité et de pouvoir par la parole de Dieu et la puissance du verbe divin. Ainsi, de la même manière qu’un prophète est habité par la parole divine, Jeanne d’Arc est investie par la « vertu » de Dieu (v. 7028) qui lui insuffle une force de nature céleste. Elle devient alors un agent de Dieu, comme le placement en milieu de vers de l’expression « par ellë » (v. 7029) le souligne. La mission divine et la relation étroite entre Dieu et sa messagère Jeanne d’Arc restent très présentes dans ce passage, avec les antépositions des groupes « par elle » (v. 7032) et « de par moy » (v. 7035) qui mettent en place un parallélisme entre la Pucelle et l’autorité divine, symbolique d’un transfert d’autorité. Cela montre l’importance que le texte accorde à cette relation étroite entre Dieu et son héraut. Une autre antéposition du groupe « De par moy », suivie des verbes

175 « elle acomplira » et « en parviendra » (v. 7045-7046) affirme l’assurance de la concrétisation de la mission divine par la Pucelle, au point de lui donner une couleur prophétique. La certitude de l’accomplissement de la campagne menée par la messagère armée de la volonté divine est dénotée par l’emploi du temps futur, qui induit une ferme conviction quant à la concrétisation des faits annoncés par Dieu. En outre, l’aspect certain de cette réussite de la mission transparaît aussi avec l’effet de redondance amené par la reprise de la formule « qu’i soit », associée aux adjectifs verbaux « fait » et « acomply », qui est renforcé par le terme de « parfait » (v. 7032-7034). Du reste, le rythme cadencé de la phrase semble affirmer l’aspect certain de la réalisation des exploits annoncés par Dieu, ce que le jeu sonore entre l’expression « de point en point » qui rime avec le terme de « point » deux vers plus haut tend à renforcer.

D’autre part, Christine de Pizan dans le Ditié de Jehanne d’Arc mentionne également la mission confiée à Jeanne d’Arc comme divine, et prête ainsi à la Pucelle un rôle d’intermédiaire qui est conduit par la volonté de Dieu. Cette idée est introduite dès la première mention explicite de la Pucelle d’Orléans par la poétesse aux strophes XXI et XXII325 :

XXI Et toy, Pucelle beneurée,

Y dois-tu estre obliée, Puis que Dieu t’a tant honnorée

Que as la corde desliée. 164 Qui tenoit la France estroit liée ?

XXII Tu, Jehanne, de bonne heure née,

Benoist cil qui te créa ! Pucelle de Dieu ordonnée

En qui le Saint Esperit réa 172 Sa grant grace, en qui ot a

Toute largesse de hault don, N’onc requeste ne te véa.

Qui te rendra assez gardon ? 176

L’évocation de la mission divine est présente dans ce passage avec le thème omniprésent de l’expression de la reconnaissance envers Dieu de la poétesse face à l’espoir que la Pucelle soit la libératrice de la France envoyée par l’autorité divine326. Jeanne d’Arc est par ailleurs

présentée en tant qu’élue de Dieu et prophétesse, qui est bénie et investie du Saint Esprit (« Benoist cil qui te créa ! / Pucelle de Dieu ordonnée / En qui le Saint Esprit réa / Sa Grant France »). Le lien avec Dieu, qui affirme la nature divine de la mission de la Pucelle, est également affirmé par les expressions « Puis que Dieu t’as tant honnorée » (v. 162) et « Pucelle de Dieu ordonnée » (v. 163), qui insistent aussi sur le lien de cause à effet entre l’intervention divine et les exploits extraordinaires de Jeanne d’Arc327. Par ailleurs, la

poétesse considère véritablement la jeune femme de Domrémy comme l’agent qui sauvera le royaume, comme elle l’évoque avec l’image de la personne active qui rompt le nœud qui étouffait la France entre les v. 164 et 165 (« Que as la corde desliée / qui tenoit la France liée ? »). L’élection divine du personnage de Jeanne d’Arc est par ailleurs mise en valeur par l’expression « de bonne heure née » (v. 169) qui fait référence à la détermination, sous la plume d’Armagnacs, de son jour de naissance à l’Épiphanie328.

Par la suite, les strophes XXIX et XXX329 vont l’événement du conseil de Poitiers,

où des théologiens et spécialistes du camp armagnac l’ont observée et interrogée afin de savoir si elle était vraiment une prophétesse. Christine de Pizan va ainsi évoquer les conclusions positives de ce conseil afin d’affirmer Jeanne d’Arc comme élue de Dieu :

326 Deborah Fraioli, « The Literary Image of Joan of Arc : Prior Influences », art. cit., p. 826. 327 Id.

328 Colette Beaune, Jeanne d’Arc, op. cit., p. 32.

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XXIX Par miracle fut envoiée

Et divine amonition, De l’ange de Dieu convoiée

Au roy, pour sa provision. 228 Son fait n’est pas illusion

Car bien a esté esprouvée Par conseil (en conclusion,

A l’effect la chose est prouvée). 232

Les quatre premiers vers de la strophe soulignent l’aspect divin de la mission confiée à Jeanne d’Arc en employant des expressions tels que « Par miracle fut envoiée » (v. 226) et « divine amonition » (v. 225). Saint Michel n’est pas évoqué de manière explicite par son nom, toutefois il est souligné par l’épithète « l’ange de Dieu » (v. 227) qui se réfère au motif de l’envoi de l’archange comme messager de Dieu auprès de la Pucelle. En outre, la rime et la proximité lexicale des verbes « fut envoiée » et « convoiée » mettent l’accent sur le rôle de messagère et d’intermédiaire de la volonté divine qu’endosse la jeune femme de Domrémy au cours de la campagne. En effet, elle devient alors le maillon intermédiaire qui fait le lien entre Dieu - par les conseils de l’archange saint Michel qui le représente - et le futur roi Charles VII. Christine de Pizan insiste sur la véracité des revendications de Jeanne d’Arc à travers la rime centrale très significative entre « provision » et « illusion ». Les trois derniers vers de la strophe apportent comme argument le conseil de Poitiers mentionné précédemment et nommé ici seulement « conseil » (v. 231). Son verdict favorable à Jeanne est ici représenté par le jeu de rime doublé de proximité phonétique entre « esté esprouvée » (v. 230) et « est prouvée » (v. 232).

XXX Et bien esté examinée

A, ains que l’on l’ait voulu croire, Devant clers et sages menée

Pour ensercher se chose voire 236 Disoit, ainçois qu’il fust notoire

Que Dieu l’eust vers le roy tramise. Mais on a trouvé en histoire

Qu’à ce faire elle estoit commise ; 240

La strophe suivante développe l’argument de la poétesse en faveur de la nature divine de la mission de Jeanne d’Arc non pas grâce à l’argument de la révélation de saint Michel à la Pucelle mais en se fondant sur les résultats historiques du Conseil de Poitiers. Elle insiste tout d’abord sur l’idée que la jeune femme a été minutieusement mise à l’épreuve en reprenant l’idée du dernier vers de la strophe XXIV au vers 233, par la proximité thématique et par une rime identique entre les termes « esté esprouvée » et « esté examinée ». Par la suite, Christine de Pizan mentionne la fonction des individus qui ont examinés Jeanne d’Arc lors de ce conseil, à savoir des « clercs et sages ». L’accent est mis sur la construction de figures d’autorité, des personnes expertes dans les questions de théologie qui puissent garantir la véracité du rôle d’intermédiaire avec Dieu occupé par la Pucelle. En outre, les quatrième et cinquième vers de la strophe affirment plus encore le consensus sur le fait que Jeanne d’Arc soit une élue de Dieu, avec la rime entre les termes « voire » et « notoire ». Le doute ne semble ainsi pas être laissé concernant la nature divine de la mission de la Pucelle.

Jeanne d’Arc est ainsi un personnage composite qui emprunte à plusieurs images- types liées à la tradition chrétienne, qui est invoquée par les Armagnacs pour légitimer ses revendications. Jeune bergère élue et sortie de son état pour accomplir la mission divine qui lui a été confiée, elle devient une intermédiaire privilégiée de Dieu dont la virginité et la pureté sont louées par les Armagnacs. Son charisme, la piété du peuple français et ses premières victoires en 1429 la dotent d’une aura mystique autour de laquelle se tissent les récits de miracles qui témoignent de la protection divine qui lui a été à plusieurs reprises accordée. Plusieurs auteurs armagnacs modifient ainsi son image afin de pouvoir affermir

179 plus encore sa réputation, si bien que de la protection du roi et de la France elle est rapprochée de la lignée des prophètes. Les œuvres littéraires du camp armagnac lui prêtent même des attributs dignes d’une élue de Dieu : l’Épée de Fierbois et l’Étendard aux fleurs de lys. Jeanne d’Arc est par la suite associée à une tradition de textes prophétiques, adaptés par le patriotisme français naissant, afin de pouvoir être identifiée comme la libératrice élue de Dieu qui viendrait sauver le royaume de France et rendre la couronne au dauphin, le futur Charles VII. La Pucelle est façonnée dès lors en véritable parangon de la figure héroïque mystique, tout en demeurant un personnage complexe et controversé sous l’éclairage de la spiritualité de son temps.

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Conclusion

Dès l’apogée de sa carrière militaire entre 1429 et 1431, soit depuis la levée du siège d’Orléans qui l’élève au rang d’héroïne et les premières défaites anglaises jusqu’à sa capture et sa mort sur le bûcher, Jeanne d’Arc a été représentée sous différents visages qui varient selon les opinions politiques et littéraires des auteurs. Dans un contexte de tensions politiques entre Armagnacs, Bourguignons et Anglais le personnage de la Pucelle oscille entre les deux pôles que sont le blâme et l’éloge, qui influencent drastiquement la représentation fictive de la Pucelle. Les réflexions religieuses, politiques, morales et sociales qui entourent le personnage composent un entrelacement d’interrogations dans lequel se retrouve prise l’image littéraire de Jeanne d’Arc, entre l’accusation satirique des femmes avec le motif de la femme maléfique par essence, et inversement la défense des femmes avec l’ajout de Jeanne d’Arc aux exemples prestigieux des grandes figures historiques et littéraires. Les partisans de Charles VII, afin de défendre la réputation de la jeune femme, se sont appuyés de modèles topiques existants dans lesquels ils ont intégré les exploits et la personne de Jeanne d’Arc. Les Armagnacs tendent ainsi à la présenter comme une vierge guerrière aux prouesses effectuées par l’autorité divine et comme une sage mystique dans la tradition chrétienne. A

contrario, les Anglais et les Bourguignons dressent une image d’orgueilleuse pécheresse,

assoiffée de conquête, qui outrepasse les conventions sociales et pratique l’art de la sorcellerie. Ces mécanismes topiques et les stratégies textuelles qui y sont liées modifient le portrait de la personne historique de la Pucelle jusqu’à façonner un personnage-type aux influences composites, qui est par la suite élevé au rang de légende puis de mythe.

Jeanne d’Arc peut donc être caractérisée de « créature de son temps », comme l’affirme Deborah Fraioli : elle est aussi bien Pucelle, dont l’image a été valorisée, que femme-forte, femme mystique ou femme d’exception. Par son accession post mortem au titre honorifique de Dixième Preuse, Jeanne d’Arc se retrouve ainsi considérée par nombre de ses contemporains comme une figure féminine exceptionnelle de l’histoire du royaume de France, image qui, grâce au procès de réhabilitation, perdure au cours des siècles qui suivent jusqu’à nos jours.

Cette évolution suivant le procès d’accusation puis de réhabilitation se produit de manière progressive sur près de cinq cent ans de l’histoire française, comme le décrit Georges Goyau330. La ville d’Orléans en particulier fut, après le procès de réhabilitation de 1455-

1456, celle qui donna le premier souffle vers la reconnaissance de Jeanne d’Arc. Ses habitants en effets considéraient celle-ci comme un véritable miracle de Dieu, et lui ont rendu plusieurs hommages religieux par le biais de liturgies, cantiques, monuments et de drames tels que le

Mystère du siège d’Orléans331, rédigé à plusieurs mains entre 1435 et 1456 jusqu’à sa version

finale fixée par Jacques Millet. La pièce représentait en effet la Pucelle au sommet de sa gloire d’envoyée de Dieu, de manière à entretenir son souvenir dans les mémoires des Orléanais lors des fêtes célébrées en son honneur entre le 7 et le 9 Mai, ces célébrations perdurant encore de nos jours.

Si la figure de Jeanne d’Arc fut moquée au XVIIIe siècle par des philosophes, en

raison de la dévotion populaire envers la Pucelle et le scepticisme des penseurs sur la religion332, le XIXe siècle vint resserrer plus encore le lien entre la jeune femme et le

nationalisme français. Ainsi Bonaparte déclara en 1802, alors qu’il acceptait de participer au financement d’un monument pour la Pucelle à Orléans, que « l’illustre Jeanne d’Arc […] a prouvé qu’il n’est pas de miracle que le génie français ne puisse pas produire, dans les circonstances où l’indépendance nationale est menacée333 ». Il a ainsi prêté un caractère

national à Jeanne d’Arc, bien que ce choix soit tout autant lié à des préoccupations politiques alors que Bonaparte comptait rompre la paix d’Amiens comme le rappelle Georges Goyau. Le XIXe siècle fut aussi le moment où la littérature eut un regain d’intérêt pour le personnage

de Jeanne d’Arc, et le genre émergeant des « complaintes populaires » entre 1803 et 1817 vint répondre aux railleries des philosophes du siècle précédent, tout comme des auteurs romantiques tels que Quicherat et Michelet honorèrent dans leurs écrits la Pucelle334.

Jeanne d’Arc bénéficia dans les siècles qui suivirent son procès d’accusation puis de réhabilitation également d’une reconnaissance très progressive par plusieurs membres de

330 Georges Goyau, Les Étapes d’une gloire religieuse : sainte Jeanne d’Arc, op. cit., p. 72-151. 331 Ibid., p. 74-76.

332 Ibid., p. 108-111. 333 Ibid., p. 110. 334 Ibid., p. 115-116

183 l’Église, en particulier du XIXe siècle jusqu’à son accession au rang de sainte au XXe siècle.