• Aucun résultat trouvé

A. Contexte de la réutilisation sans risques des eaux domestiques traitées

4. Réutilisation des eaux ménagères

Les eaux ménagères issues de l'assainissement individuel sont moins polluées que les eaux usées, elles constituent une ressource plus facile à réutiliser. Il n'y a actuellement aucun frein à réutiliser ces eaux ménagères traitées. Plusieurs pays européens (Allemagne et Suède notamment) pratiques la séparation à la source des eaux (vannes et ménagères) dans l’objectif de valorisation (Toilettes Du Monde, Benjamin Berne, 2008) et (Toilettes Du Monde, Benjamin Berne, 2009).

Dans le cadre des principales recommandations de l’OMS, il convient de considérer une approche combinée de réduction des risques comprenant la phase de traitement mais aussi et surtout des bons comportements.

Selon l’OMS, l’utilisation d’eaux ménagères traitées en agriculture et en aquaculture comporte moins de risques sanitaires que l’utilisation des eaux usées ou de matières fécales traitées. Les risques pour la santé qui peuvent subsister sont généralement liés à une contamination fécale croisée ou à la présence de composés organiques (facilement dégradables), qui favorisent le développement des indicateurs fécaux (en créant des conditions propices à leur développement). Le dosage de ces

52

indicateurs (ceux choisis dans le cadre de l’étude à savoir Entérocoques et E. coli) peut donc parfois donner des résultats faux positifs (OMS, 2012).

Pour rappel, le suivi in situ de l’étude s’est limité à l’irrigation souterraine d’arbres, arbustes ou fruitiers.

b. Résultats de l’étude

Les résultats obtenus en sortie de traitement lors de la présente étude sont répertoriés dans le Tableau 21 suivant. Entre parenthèses, sont présentes les valeurs minimum et maximum. En comparant ces résultats auTableau 19, il s’avère que les concentrations en MES pour les filtres et les tranchées plantées sont inférieures à l'arrêté du 2 août 2010, soit 15mg/L. De même, pour la DCO, les valeurs obtenues en sortie de traitement, sont pour les filtres plantés, inférieures à la valeur de cet arrêté, soit 60 mg/L. Pour les tranchées plantées, la valeur moyenne en DCO est légèrement supérieure à 60 mg/L mais 10 valeurs avoisinent les 60 mg/L règlementaires (Figure 14).

MES (mg/L) DCO (mg/L) Escherichia coli (log d’abattement) Entérocoques (log d’abattement) Filtre plantée 4 (2 – 12) 47 (10 – 97) 1,5 (0,6 – 3,8) 2 (1 – 3,3) Tranchée plantée 10 (7 – 12) 67 (30 -160) 1,6 (0,1 – 2,6) 2,3 (1,1 – 3,5) Pédoépuration - - 1,6 (0,6 – 2,1) 1,4 (0,6 – 2,3)

Tableau 21: Synthèse des résultats obtenus après assainissement lors de cette étude

Pour les paramètres physico-chimiques, les résultats de l’étude sont en dessous des valeurs seuils pour une eau présentée de qualité A (voir Tableau 19).

Pour les trois filières, l’abattement moyen en Escherichia coli est d’environ 1,5 log. À titre de comparaison, l’abattement par une fosse septique pour E. coli est d’un maximum de 1 log. Les abattements en entérocoques varient de 1,4 à 2,3 log. Ces valeurs d’abattement sont dans les moyennes hautes de la littérature (Ottosson, 2003) qui stipule 1 log pour les dispositifs de traitement des eaux ménagères. Les résultats de l’étude sont disparates notamment au regard des facteurs de dilution, en particulier pour la pédoépuration. Il convient ici de souligner que pour la pédoépuration l’effluent est directement infiltré après traitement et que la valorisation se fait par irrigation souterraine en prenant garde à la problématique du colmatage. Et que ces résultats pour la pédoépuration sont obtenus avec une utilisation de 30% du massif filtrant.

La Figure 27 présente un exemple de différentes configurations (A à H) associées à différentes stratégies d’abattement d’agents pathogènes. Ainsi le traitement permet d’abattre de 0,5 à 6,5 log les agents pathogènes.

53

Figure 27 : Préconisation sanitaires OMS sur la valorisation des eaux usées, excrétas et eaux ménagères n°1

En croisant la Figure 27 à la Figure 28, il convient de souligner que les possibilités de valorisation des eaux ménagères sont multiples et doivent permettre de combiner le traitement de l’effluent avec des bons comportements reposant sur le bon sens.

54

Figure 28 : Préconisation sanitaires OMS sur la valorisation des eaux usées, excrétas et eaux ménagères n°2

Ainsi, en associant l’efficacité des traitements qui a été mesuré sur les 3 filières de l’étude aux bonnes pratiques mentionnées au paragraphe précédent, la valorisation des eaux ménagères est possible. De plus, l'irrigation souterraine développé par le système de pédoépuration directement et sans stockage des eaux ménagères traitées pour l'irrigation d'arbres à l'échelle familiale, que ce soit des arbres fruitiers ou non, n'entraine pas de contact avec l'homme ou avec les produits issus des arbres. L’étude se place dans un contexte contraignant avec la majorité des prélèvements réalisés en hiver en période sèche et avec des eaux ménagères fortement concentrées (les volumes d’EM produits sur les sites suivis sont bien inférieurs aux moyennes de la littérature).

c. Conclusion

Les Nations Unies estiment qu'une bonne gestion de l'eau nécessite 4 phases essentielles et que ces dernières ont des avantages importants d'un point de vue économiques, sociétaux et environnementaux :

 la réduction de la pollution à la source

 l'élimination des contaminants des flux d'eaux usées  la réutilisation des eaux usées traitées

55  la récupération des sous-produits utiles

Dans ce contexte et avec des eaux ménagères peu chargées il convient d'ouvrir les possibilités de valorisation prévue après traitement par infiltration ou irrigation souterraine. L'irrigation souterraine des eaux ménagères traitées est possible pour tous types de végétaux. Il est possible de réaliser un rejet de surface pour valorisation par création d'une mare ou zone humide d'intérêt paysager.

Pour ce faire, il convient de respecter quelques précautions : - réduction de la pollution en amont.

- disposer d’un dispositif de traitement respectant les prescriptions techniques. - éviter tous contacts avec les eaux ménagères brutes.

- éviter le contact direct des produits de consommation et des eaux ménagères traitées.

B. Proposition de révision de la rédaction des articles 3, 17 et Annexe