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5. CONCLUSION

5.1. Résultats

Au départ, nous n’avions que peu d’information sur le rôle des infirmières scolaires et encore moins sur leur méthode de travail auprès des jeunes. Nous pensions que le fait que les adolescents pris en charge soient mineurs entraînait des difficultés en termes de confidentialité vis-à-vis des parents.

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Nous avons été surprises de constater que le secret professionnel peut être partagé auprès de collègues mais également avec la famille dans certains cas, généralement lorsqu’il y a danger pour le jeune ou pour autrui.

Cet aspect de confidentialité est un point prépondérant dans notre travail, en effet, grâce aux interviews que nous avons menées mais également aux séminaires auxquels nous avons participé, nous avons pu voir la pertinence du secret professionnel dans le dépistage des consommations abusives chez les adolescents. Dans la théorie comme dans la pratique ce sujet est longuement abordé et nous avons pu constater que bien que l’adolescent soit mineur il reste l’acteur principal de sa prise en soin. En effet, le soignant le responsabilise dans cette démarche de dépistage et nous avons pu observer que cette méthode non seulement éthiquement correcte était d’une utilité incontestable dans les entretiens.

La complexité du développement de l’adolescent est un aspect primordial pour la prise en soin de celui-ci, il est donc utile à connaître pour notre futur en tant que soignantes. De plus, avoir des notions de base à propos de cette tranche d’âge (12-15 ans) et les grandes étapes qu’elle regroupe a facilité notre analyse des consommations abusives auprès de cette population. Ce sont surtout les articles qui nous en ont informés mais nous avons eu la chance d’avoir un cours en santé mentale et un complément pratique grâce à un module enseigné cette année.

Aussi fragile que cette période de transition soit chez les adolescents, bien que nous nous en doutions, nos recherches nous ont aussi permis de souligner d’autres facteurs entrant en compte dans ces consommations. Nous imaginions la notion de co-occurrence, elle a été confirmée et a pu être approfondie par les ouvrages théoriques, les interviews et la pratique. Nous savons désormais que la prise en soin d’un adolescent doit se faire de manière holistique et non uniquement focalisée sur le développement de l’adolescent. Cette restriction peut fausser le résultat du dépistage en favorisant une rupture de confiance par des réflexes correcteurs ou la négligence de l’interlocuteur.

Dans toute prise en soin et spécialement chez les adolescents, nous avons pu constater que l’autonomie est un point clé dans la prévention des consommations abusives de substances. Ils doivent être pris au sérieux au même titre que des adultes, la création d’un partenariat et d’un lien de confiance étant les éléments majeurs du dépistage et de la prévention.

Les adolescents ne doivent pas être corrigés mais soutenus dans une démarche de changement de leur comportement. Il est important de faire la dissociation entre ces deux termes et cela nous avons pu l’apprécier à travers notre apprentissage dans l’élaboration de notre travail.

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Cela rejoint une autre de nos questions en lien avec l’utilisation d’outils d’évaluation : Pour ces situations de consommations excessives, quels sont-ils ? La théorie et la pratique se sont entendues sur plusieurs points. Premièrement, bien qu’il existe des échelles d’évaluation, elles ne sont que très peu utilisées sur le terrain et les avis sur leur usage sont divisés. Deuxièmement, relativement à l’utilisation de l’entretien motivationnel ,exploré en cours, qui a été une grande découverte pour nous dans le dépistage des comportements à risque en général. En effet, cet outil reprend tous les éléments que nous avons pu aborder dans notre travail – à savoir le développement de l’adolescent, la notion de confidentialité, le rôle et la prise en charge infirmière – et contient en lui-même tous les types de prévention (primaire, secondaire et tertiaire). Nous avons eu la chance de l’étudier et de l’utiliser lors de séminaires. Lors des entretiens, les infirmières ne l’ont pas cité spécifiquement mais nous avons pu identifier des étapes de l’entretien motivationnel, comme la pose du cadre de confidentialité, l’établissement du lien de confiance et le partenariat avec l’élève, dans cinq des huit entretiens menés.

Enfin, nous avons pu souligner que la prévention auprès des adolescents se définit sous deux aspects bien différenciés qui sont : la prévention individuelle et collective. D’après nos recherches et les articles que nous avons lus, nous avons pu remarquer que la prévention individuelle à travers les entretiens était prépondérante dans les écrits. En pratique, l’accent est surtout mis sur la prévention collective auprès des élèves du C.O par une équipe pluridisciplinaire. Cette comparaison est intéressante pour notre travail car les infirmières des cycles que nous avons interviewées ont peu parlé des entretiens individuels réalisés avec les jeunes. Elles notent que la prévention collective n’est pas suffisante et qu’un rappel de ces notions en individuel est nécessaire.

Les infirmières scolaires reçoivent les élèves généralement envoyés par un tiers pour diverses raisons telles que l’absentéisme scolaire ou les douleurs somatiques. Ensuite, elles s’entretiennent avec eux en individuel pour connaître le fond du problème en établissant un lien de confiance. Puis selon la complexité de la situation qu’elles évaluent en fonction de leur expérience, elle réfère l’adolescent à un autre professionnel plus qualifié ou dans un service externe tout en continuant de garder un œil sur le suivi de l’élève. Elles peuvent également demander du soutien au médecin ou à un collègue du C.O tels que les psychologues ou conseillers sociaux avec qui elles travaillent. Nous savons donc maintenant que les infirmières scolaires ne travaillent jamais seules, elles peuvent recourir à une aide externe en cas de situation les dépassant.

Finalement, nous sommes ravies d’avoir pu effectuer ces recherches et surtout de produire une analyse de ces résultats. Nous avons été placées dans une position réflexive par rapport

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au rôle de l’infirmière scolaire, la prévention et le dépistage. Il s’agissait d’un milieu peu connu pour nous et le fait de pouvoir établir une comparaison et des similitudes entre la théorie et la pratique nous a permis de nous rendre compte de ce qui était réellement mis en œuvre par les infirmières sur le terrain.

C’est un sujet qui nous a énormément apporté puisque chacune d’entre nous souhaite travailler dans l’avenir auprès des adolescents ou dans la santé publique. Cela nous permet également de prendre conscience de notre propre positionnement en tant que futures infirmières et de celui de l’infirmière scolaire. Ce travail est un outil indispensable pour notre pratique future et permet d’avoir une vision globale d’un domaine qui nous était jusqu’il y a peu de temps méconnu. De plus, rares ont été pour nous les occasions de travailler avec des adolescents dans une perspective soignante et la rédaction de notre travail nous a aidé à nous intéresser davantage à cette prise en soin.